Autour de l'île Louviers

Vue aérienne du bassin de l’Arsenal, Roger Henrard, 1948 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Les îlots situés entre les actuels boulevard Henri IV, boulevard Morland et le quai Henri IV, constituent l’ancienne île Louviers.

Plan détaillé de l’île Saint-Louis et de l’île Louviers, XVIIIᵉ siècle © Gallica BNF

Représentée sur des cartes dès le XVᵉ siècle, elle tient son nom de son propriétaire de l’époque, Nicolas de Louviers, prévôt des marchands de Paris. L’île était alors composée de champs, qui devenaient le lieu d’impressionnants spectacles tels que des combats navals ou feux d’artifices, donnés en l’honneur du roi.

L’île Louviers et le pointe de l’île Saint-Louis, vues du port Saint-Paul. Attribué à Pierre-Antoine Demachy, vers 1780 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Au XVIIIᵉ siècle, l’île acquiert une visée plus fonctionnelle. Elle devient un espace de stockage du bois pour les marchands. C’est l’un deux qui fera construire la halle accueillant l’actuel Pavillon de l’Arsenal sur l’île. Deux ponts sont également construits à la même époque pour faciliter la desserte.

Chantier de bois à brûler sur l’île Louviers, estampe datant de 1837 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Cette île fut rattachée aux berges en 1843, préfigurant les grands travaux de modernisation de Paris du Baron Haussmann. C’est la création du boulevard Morland qui entérine la disparition de l’île, en comblant le bras de la Seine.

Un pont de l’île Louviers, XIXᵉ siècle, Charles Ransonnette © Gallica BNF

Vue depuis le boulevard Morland du jardin conçu par Michel Desvigne © CAUE de Paris

D’une cité administrative à un micro quartier innovant, ce bâtiment raconte l’histoire d’une longue transformation architecturale. Dès 1957, les travaux de démolition du site sont engagés afin de mettre en chantier la construction de la cité administrative de la préfecture de la Seine.

Les démolitions en 1957 © DHAAP

Édifié en 1966, le bâtiment d’Albert Laprade est une architecture de béton, épurée, à l’image des principes modernes alors répandus.

La préfecture en 1970 © Gösta Wilander, Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

En 2014, le site fait l’objet de l’appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris ». Le projet est confié à David Chipperfield qui en assure la maîtrise d’œuvre, et Emerige pour la maîtrise d’ouvrage. Il est inauguré en 2022 sous le nom de « la Félicité ».

Les arcades adossées au bâtiment existant © CAUE de Paris

En plus de la réhabilitation du bâtiment historique, des constructions nouvelles y sont également adossées, pour accueillir un programme mixte aux multiples usages. Conçu sur le modèle d’un micro-quartier, le projet abrite aussi bien des bureaux que des commerces, espaces de loisirs, logements, hébergements hôteliers…

Les berges de Seine constituent une importante opération d’aménagement qui s’inscrit sur une longue temporalité. Elles furent le support de différentes politiques urbaines depuis plus de soixante ans.

Les berges de nos jours © CAUE de Paris

1960, l’automobile : un impératif moderne

Avec la présidence de Georges Pompidou, naît le projet de voie express Pompidou, inaugurée en 1963. Il s’agit alors de faire des voies sur berges une véritable autoroute urbaine afin de faciliter le trafic.

Voie express Pompidou en 1968, Gösta Wilander © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

▶️ Découvrez les témoignages de parisiens sur la construction de cette voie sur berges en 1964, archive INA.

1990, les prémisses d’une piétonisation

Ce n’est que trente ans plus tard que des premières mesures de piétonisation sont mises en œuvre. Les années 1990 voient émerger les premières journées sans voiture sur les quais parisiens. Dès 1995, l’ensemble des voies sur berges reste fermé aux voitures chaque dimanche. À partir de 2001, les piétons bénéficient des quais de Seine également lors de jours fériés. Cette mise en valeur converge avec le classement des rives de Seine au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1991.

Quai des Célestins © CAUE de Paris

2000, un espace de loisir

Le mandat de Bertrand Delanoë accélère le processus de piétonisation. En 2002, le projet « Paris Plages » prend place sur la rive droite des berges de Seine. Il s’agit d’offrir un espace de fraîcheur et de loisir entre juillet et août, notamment pour les habitants ne quittant pas Paris en période estivale. En 2010, une partie des quais de la rive gauche est également rendue piétonne.

Paris Plages © Dominique Rué pour l’Observatoire des paysages de Paris

2018, les berges rendues aux piétons

Il faudra attendre 2018, et l’élection de Anne Hidalgo à la mairie de Paris, pour que les quais de Seine soient entièrement piétonnisés. Annoncé comme l’un des objectifs phares de sa politique urbaine, il est l’aboutissement d’une ambition de plusieurs décennies.

Dessins et mobiliers urbains installés sur les quais © CAUE de Paris

🎧 Écoutez la parole des passants et flâneurs interrogés sur les quais de Seine, un podcast de Julien Cernobori. Une production Binge audio pour la Ville de Paris.

Les vestiges du bastion des fortifications de Charles V © CAUE de Paris

Sur l'actuel jardin du Père Teilhard de Chardin se trouvent les vestiges du mur de fortification de l'enceinte de Charles V, construite au XIVᵉ siècle. Les traces d'un ancien bastion sont rendues accessibles par des gradins grâce à l'aménagement paysager réalisé en 2019.

Le site au XVIIIᵉ siècle, représentant le bastion et le pont enjambant le fossé Saint-Antoine, attribué à Pierre-Antoine Mongin © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Le Pavillon de l’Arsenal © 11h45

La halle du Pavillon de l’Arsenal est construite en 1879, par l’architecte Clément. Installée sur l’île Louviers, avant qu’elle ne soit rattachée aux berges, elle est construite à l’initiative d’un marchand de bois parisien, Laurent-Louis Borniche.

Du musée à l'entrepôt

L’objectif pour Laurent-Louis Borniche est de faire de cette halle un véritable musée populaire pour donner à voir au plus grand nombre sa collection de peintures. À la mort de Borniche en 1884, le bâtiment devient un espace de stockage pour diverses structures pendant plus d’un siècle.

Un centre d'architecture et d'urbanisme pour Paris

Racheté par la Ville de Paris, le Pavillon de l’Arsenal est finalement réhabilité afin d’en faire le centre d’architecture et d’urbanisme de Paris dans les années 1980. Le projet est confié à l’agence d’architecture Reichen et Robert. Il est inauguré en 1988 et accueille depuis les évènements et expositions présentant les projets d’aménagement urbain de la Ville de Paris.

Intérieur du Pavillon de l'Arsenal © 11h45