Architectures manifestes
16ᵉ arrondissement
Plongez-vous au début du XXᵉ siècle et découvrez comment les architectes de l’époque s’appuient sur l’utilisation de nouveaux matériaux et techniques constructives pour être en rupture avec les immeubles classiquoes haussmanniens. Le paysage urbain du quartier d’Auteuil est toujours aujourd’hui ponctué d’édifices remarquables, des œuvres totales représentatives des mouvements Art nouveau, Art décoratif puis Moderne.
Aperçu du parcours
Castel Béranger d'Hector Guimard
Élévation, album Le Castel Béranger : œuvre de Hector Guimard © ETH-Bibliothek Zürich
Vous voici devant le Castel Béranger dessiné par Hector Guimard et construit entre 1895 et 1898. Cet édifice présentant une grande diversité de matériaux, a été récompensé par le prix de la plus belle façade de Paris en 1898. Cette distinction a grandement participé à la notoriété de l’architecte qui dessinera plus tard les pavillons du métropolitain (entrée du métro) et de nombreux immeubles dans ce quartier.
Sous l'influence de Victor Horta, célèbre architecte Belge représentant du style Art nouveau, Hector Guimard signe ici son premier immeuble collectif dit « de rapport » dans ce style.
Le style Art nouveau
Le style Art nouveau s’exprime dans les références au végétal et au règne animal. On peut, par exemple, citer ici : l’ancre de chaînage figurant un hippocampe, les prises d’air en forme de crabes, le dauphin dans le portail ou encore les motifs décoratifs des garde-corps des balcons.
Approchez-vous de sa porte en fer forgé et panneaux de cuivre, et jetez un coup d'œil à l'entrée principale pour découvrir un monde à part : du sol au plafond !
© CAUE de Paris
Par ce hall principal, Hector Guimard plonge les habitants et les visiteurs dans une œuvre imaginaire originale et colorée. Il propose un plafond de cuivre, un revêtement des murs en grès cérame, un dessin au sol en mosaïque et des panneaux de vitrail pour les portes et impostes.
Hector Guimard va largement tirer profit de son originalité architecturale, notamment en terme de communication.
Cabinet de travail de H. Guimard © Smithsonian Institution/Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum
En plus d’installer son agence à cette adresse, l’architecte va publier un livre regroupant les plans et dessins d’architecture et de décoration de l’immeuble.
Castel Béranger d'Hector Guimard
Élévation, album Le Castel Béranger : œuvre de Hector Guimard © ETH-Bibliothek Zürich
Vous voici devant le Castel Béranger dessiné par Hector Guimard et construit entre 1895 et 1898. Cet édifice présentant une grande diversité de matériaux, a été récompensé par le prix de la plus belle façade de Paris en 1898. Cette distinction a grandement participé à la notoriété de l’architecte qui dessinera plus tard les pavillons du métropolitain (entrée du métro) et de nombreux immeubles dans ce quartier.
Sous l'influence de Victor Horta, célèbre architecte Belge représentant du style Art nouveau, Hector Guimard signe ici son premier immeuble collectif dit « de rapport » dans ce style.
Le style Art nouveau
Le style Art nouveau s’exprime dans les références au végétal et au règne animal. On peut, par exemple, citer ici : l’ancre de chaînage figurant un hippocampe, les prises d’air en forme de crabes, le dauphin dans le portail ou encore les motifs décoratifs des garde-corps des balcons.
Approchez-vous de sa porte en fer forgé et panneaux de cuivre, et jetez un coup d'œil à l'entrée principale pour découvrir un monde à part : du sol au plafond !
© CAUE de Paris
Par ce hall principal, Hector Guimard plonge les habitants et les visiteurs dans une œuvre imaginaire originale et colorée. Il propose un plafond de cuivre, un revêtement des murs en grès cérame, un dessin au sol en mosaïque et des panneaux de vitrail pour les portes et impostes.
Hector Guimard va largement tirer profit de son originalité architecturale, notamment en terme de communication.
Cabinet de travail de H. Guimard © Smithsonian Institution/Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum
En plus d’installer son agence à cette adresse, l’architecte va publier un livre regroupant les plans et dessins d’architecture et de décoration de l’immeuble.
Hameau Béranger
Composition pittoresque des façades © CAUE de Paris
C’est à l’angle de l’immeuble que l’on apprécie le mieux sa volumétrie générale : sa profondeur le long du Hameau Béranger, sa forme en U autour d’une cour intérieure, et sa hauteur dont la souche de la cheminée marque un signal dans la rue. De ce point de vue, s’exprime la richesse de la façade tant par ses matériaux que par son relief.
Briques ocres ou rouges, fontes, pierres meulières, briques vernissées vert d’eau, grès emmaillés d’Alexandre Bigot, pierres de soubassement… Prenez le temps d’apprécier la polychromie des matériaux mis en œuvre.
Nuancier de polychromie des matériaux © CAUE de Paris
La façade témoigne également d’une grande liberté : dissymétrie de son dessin, multiplicité des volumes (échauguette d’angle, bow-windows, redents, balcons, corniches, lucarnes…), variété des fenêtres…
Hector Guimard signe ici un édifice dont l’esthétique illustre les savoir-faire des artisans et artisans d’art. Cet immeuble est une œuvre totale dont les décors intérieurs sont encore plus riches qu'à l'extérieur. L'architecte ne laisse rien au hasard et impose son style, dessinant dans le moindre détail : papiers peints, poignées de porte ou de radiateurs, vitraux, mosaïques du sol... Il laisse derrière lui une profusion de dessins (nombre d'entre eux sont aujourd'hui dans les collections du Musée d'Orsay).
Dessin d'Art décoratif pour l'atelier d'Hector Guimard © Hervé Lewandowski, RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)
« Les plans, dessins d’architecture et de décoration (sculptures, ferronnerie, mosaïques, vitraux, cheminées, papiers peints, tentures, revêtements, grés, faïences, ameublements d’intérieurs, bronzes, etc.) qui forment l’ensemble du « Castel Béranger » ont été composés par Hector Guimard et sont sa propriété. » Extrait de la page de garde de l'album Le Castel Béranger : œuvre de Hector Guimard.
Îlot d'immeubles d'Hector Guimard
© Smithsonian Institution/Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum
À 150 m à peine du Castel Béranger, vous découvrirez un îlot presque entièrement loti par Hector Guimard vers 1910-1914. Ce qui frappe en premier, c'est l'homogénéité de la couleur et du matériau des façades. En rupture avec l'originalité du Castel Béranger, Hector Guimard inscrit cet ensemble immobilier - plus tardif - dans la continuité des façades parisiennes en pierre blonde.
Sur les 11 immeubles prévus initialement rue Agar, rue Jean-de-la-Fontaine et rue Gros, six sont construits et forment le plus vaste ensemble promotionnel de la carrière d'Hector Guimard, permis par le foncier détenu par son ami Léon Nozal.
Prenez le temps de faire le tour du pâté de maisons afin d'apprécier l'ornementation plus discrète des édifices :
- au n°17 de la rue Jean-de-la-Fontaine : l'entrée, à bords arrondis, se pare de fines sculptures telles des plis, tiges, feuillages ou plantes grimpantes qui montent entre les fenêtres du premier étage. Dès sa livraison, Hector Guimard met en œuvre des gardes corps différents aux fenêtres, créant ainsi, un véritable catalogue grandeur nature de modèles qu'il a dessiné.
- au n°43 de la rue Gros : une colonne de bow-windows chapeautée d'une fenêtre en lucarne marque l'angle avec la rue Agar.
- aux n°10 et n°8 de la rue Agar : les encadrements de portes et fenêtres en pierre s'inspirent d'un décor médiéval avec des arrondis, des obliques, des nervures, des plis... Remarquez le bas de la descente des gouttières en fer, orné de motifs d'inspiration florale.
© CAUE de Paris
Sur la rue Agar, en cœur d'îlot, les immeubles n°10 et n°8 mêlent - pour des raisons économiques - la pierre à la brique. Une rationalité constructive qui n'empêche pas la réalisation de colonnes de bow-windows.
© Smithsonian Institution/Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum
Avant de revenir sur la rue Jean-de-la-Fontaine, jetez un coup d'œil à la plaque de rue en relief, qui témoigne du travail typographique Art nouveau de l'architecte : comme il signe ses bâtiments, il réalise ici la plaque de rue et la numérotation des immeubles.
© CAUE de Paris
Pour finir et s'amuser un peu, voyez-vous le visage formé dans le pli de la façade ?
Hôtel particulier Mezzara d'Hector Guimard
© CAUE de Paris
L’Hôtel particulier Mezzara est édifié suite à une commande de Paul Mezzara, industriel du textile, créateur de dentelles et également peintre, à son ami Hector Guimard. Cet immeuble a été construit en 1911, il présente une façade dissymétrique. À sa gauche une petite tourelle à pans coupés raccroche le bâtiment, en retrait de l'immeuble voisin, à l'alignement de la rue. La simplicité de la matérialité de l'édifice, en briques et en pierres meulières, est équilibrée par le dessin élégant des encadrements de porte et fenêtres.
Cet hôtel particulier, inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1994, se distingue par une conservation des éléments d'origine, extérieurs comme intérieurs.
© CAUE de Paris
La grille de clôture telle une ronce d'une grande finesse, semble nous transporter dans un conte merveilleux. Cet effet est renforcé aujourd'hui par les herbes folles qui s'immiscent entre les pavés, donnant une esthétique féérique à ce lieu. Au premier étage, les garde-corps en fonte sont d'inspiration végétale mais leur dessin est épuré en une simple ligne courbe.
Cette ornementation Art nouveau se retrouve à l'intérieur, dès le hall d'entrée et d'exposition, qui conserve encore un vitrail majestueux au centre d'un plafond plissé, une rampe d'escalier en fer forgé et des éléments décoratifs tels que les lustres.
© CAUE de Paris
La salle à manger est un cas unique en France de conservation dans son emplacement d'origine, d'un ensemble décoratif et mobilier d'Hector Guimard. Table, chaises et buffets sont en poirier.
© CAUE de Paris
Cette pièce est ornée d'une toile marouflée Le Goûter peinte par Charlotte Chauchet-Guilleré, membre actif de la Société des artistes décorateurs (la SAD).
Studio Building d'Henri Sauvage
© CAUE de Paris
Naissance du style Art décoratif
L'appellation Art décoratif est issue du nom de l'École des Arts décoratifs créée dès 1877, ou encore de l'Union centrale des arts décoratifs fondée en 1882, avec pour but : "d'entretenir la culture des arts pour la réalisation du beau dans l'utile". Après la Première Guerre Mondiale, cette appellation se transforme en Art décoratif moderne. L'objectif des Arts décoratifs modernes était de concilier les arts appliqués avec l'industrie.
Le style Art décoratif naît en réaction à l'Art nouveau. Dans l'histoire des styles, l'Art nouveau qualifié d'exubérant, se démode très vite. Au nom de l'hygiène, de l'économie et de la modernité, les immeubles s'épurent et ont une vocation plus sociale.
Le Studio Building
© CAUE de Paris
Henri Sauvage conçoit et édifie cet immeuble pour Jean Hallade, entre 1926 et 1928. D'une grande modernité esthétique et volumétrique, il est encore aujourd'hui "indatable". L'utilisation de nouveaux matériaux industrialisés (céramique, structure en béton armé...) et d'éléments pré-assemblés en usine en font une œuvre emblématique de l'architecture du XXᵉ siècle.
Le bâtiment s'apprécie à différentes distances :
- de loin, on comprend sa grandeur : un grand monolithe brun, blanc et gris dans le paysage urbain parisien,
- de près, on peut lire le détail de son graphisme : un carrelage polychrome qui joue avec la logique des percements et des éléments en saillie de la façade.
Cet immeuble de rapport, réuni cinquante appartements pour une clientèle bourgeoise, et propose une nouvelle typologie de logements : les ateliers d'artistes en duplex. Ces duplex sont lisibles depuis la rue, notamment par les bow-windows aux angles du bâtiment.
Prenez le temps d'observer les détails décoratifs et les camaïeux de brun et gris des carreaux émaillés de Gentil & Bourdet.
© CAUE de Paris
- soubassement brun séparé de l'étage, par un bandeau anthracite et une fine ligne blanche,
- corps de bâtiment gris ponctué de carreaux dorés,
- liseré blanc qui cadre les fenêtres, profondeur du mur couverte de brun,
- bandes verticales blanches, brunes et grises sur les pans coupés et bow-windows...
Une expression Art déco dont la polychromie tranche avec les façades de la cour intérieure, carrelées de blanc (modèle Graiblanc, utilisé ensuite pour revêtir l'immeuble-piscine de la rue des Amiraux).
Henri Sauvage
Cet architecte a fait évoluer son travail au fil de sa carrière, débutant dans un style Art nouveau (avec, par exemple, la conception de la villa Majorelle de Nancy), il s'oriente ensuite vers un vocabulaire architectural moderne, clairement visible avec cet édifice. Ami d'Hector Guimard, il participe à ses côtés à la fondation en 1923, du Groupe des Architectes Modernes. Tous deux sont des concepteurs qui mettent à l'honneur les artisans dans le dessin de leurs édifices.
Henri Sauvage est connu pour ses immeubles-îlots intégralement carrelés : à la fois pour le côté hygiénique de ce matériau et aussi pour son rôle de protection de la structure en béton armé.
Hôtel Guimard, par et pour lui-même
© CAUE de Paris
Dix ans après la réalisation du Castel Béranger, Hector Guimard construit au 122 de l'avenue Mozart, un hôtel particulier pour son épouse - la peintre Adeline Oppenheim - et lui-même.
L'hôtel Guimard (1909-1912) combine atelier d'architecture au rez-de-chaussée, lieu de vie et de réception du couple, et atelier de peinture pour Adeline Oppenheim. Affirmant une nouvelle esthétique architecturale assagie, cet édifice devient l'emblème de sa maturité professionnelle.
La masse de l'édifice prend des allures de sculpture :
- dissymétrie des façades,
- découpe des fenêtres de toit,
- variété des baies,
- balcon, loggia, bow-windows : la relation entre l'intérieur et l'extérieur est plus affirmée.
Élévation côté villa Flore © Smithsonian Institution/Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum
Décors et mobiliers
Deux ans ont été nécessaires à l'aménagement intérieur et l'ameublement de cet édifice situé sur une parcelle de forme triangulaire. Pour sa propre résidence, l'architecte a réalisé une œuvre totale d'une grande cohérence.
Salle à manger © CC0 Paris Musées/Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Central téléphonique de Paul Guadet
Bureau téléphonique d'Auteuil © Orange, patrimoine historique
Paul Guadet, architecte du ministère des Postes, Télégraphe et Téléphone (PTT), réalise cet édifice en 1913, en exprimant son mode constructif. Le béton armé rythme la façade et ses percements, et exprime distinctement les éléments porteurs soulignés de pastilles émaillées et colorées, des éléments de remplissage en brique claire.
Cet édifice imposant s'inscrit à l'alignement de la rue et dans la composition tripartite du paysage urbain parisien : traitement d'un soubassement, du corps de bâtiment et du couronnement. Néanmoins, le béton permet de très grandes hauteurs sous plafonds et de hautes baies, utiles à la fonction de ce central. L'angle est mis en valeur par un porte-à-faux arrondi.
N'hésitez pas à vous approcher de la porte d'entrée au n°21 de la rue Jasmin pour découvrir son encadrement coloré, en plaquettes de grès.
Immeuble Guimard
Vue de l'immeuble Guimard en premier plan et du central de Guadet à l'arrière © CAUE de Paris
Dans le contexte d'entre-deux guerres, les préoccupations d'Hector Guimard évoluent. Cet immeuble tardif de sa production (1926-1928) marque un tournant dans son travail :
- évolution stylistique vers une esthétique géométrique,
- plus grande sobriété et économie des matériaux mis en œuvre,
- éléments de décor plus discrets.
Néanmoins, l'architecte signe ici une esthétique forte, avec un dessin de façade qui amplifie sa verticalité. Hector Guimard place la colonne de bow-windows au centre, celle-ci est rythmée par les meneaux en pierre beige qui dessinent quatre grandes verticales. L'impression de hauteur est renforcée par l'articulation entre la pierre du soubassement et la brique du corps de bâtiment qui dessine une graduation pyramidale. Notez également le décor réalisé avec les briques : bandes verticales en creux et relief, ou encore les ornements pendants. Enfin, les étages en attique et la toiture se découpent de manière graduée sur le ciel.
© Collection photographique des Archives de Paris
C'est dans cet immeuble qu'il résidera avec sa femme de 1930 à 1938, avant de quitter la France pour les Etats-Unis (où il décède en 1942 à New York).
Maison La Roche de Le Corbusier et Pierre Jeanneret
Vue des maisons La Roche et Jeanneret © CAUE de Paris
Les maisons La Roche et Jeanneret, construites en 1924-1925 par Le Corbusier et Pierre Jeanneret (son frère) sont, dès leur inauguration, un manifeste d'architecture moderne. Indissociables dans leur volumétrie, elles sont pensées comme un ensemble mêlant à la fois peinture, sculpture et architecture.
Raoul La Roche, collectionneur de peintures puristes et cubistes, et ami de Le Corbusier, lui commande une villa en lui laissant carte blanche. L'intention de l'architecte est de réaliser un écrin digne de ses collections.
Manifeste d'architecture moderne
Le Corbusier met en application pour la Villa La Roche, ce qu'il théorisera ensuite comme les cinq points de l'architecture moderne :
- la maison sur pilotis : libérant ainsi l'espace au sol,
- la façade libre : l'ossature en béton armé permet de composer librement la façade qui n'est plus porteuse,
- la fenêtre en bande : permise par la façade libre, cette longue baie mise au nu extérieur de la façade, défit à l'époque les lois de la gravité,
- le plan libre : de la même manière que pour la façade, la structure poteaux-poutres permet à l'architecte de composer et d'articuler librement les espaces,
- la toiture terrasse : véritable solarium, au contact du ciel parisien, cet espace révolutionne le rapport traditionnel entre maison et jardin.
Sous-face de la galerie © CAUE de Paris
Il est recommandé de visiter la Villa La Roche afin d'apprécier pleinement les proportions des volumes intérieurs et leur colorimétrie, et d'expérimenter ce que Le Corbusier a nommé la promenade architecturale.
Intérieur de la maison La Roche © CAUE de Paris
La maison Jeanneret n'est pas ouverte à la visite, elle abrite aujourd'hui la Fondation Le Corbusier : bureaux, bibliothèque et archives.
Rue Mallet-Stevens
Façade sur rue © Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP
Nous arrivons ici à la dernière étape de notre parcours. Robert Mallet-Stevens est l'architecte qui a conçu, dans cette impasse, un ensemble cohérent d'hôtels particuliers entre 1926 et 1934. Comble de la reconnaissance, il est l'un des rares architectes a avoir loti presque entièrement une rue, et qui plus est, une rue à son nom ! Pourtant l'architecture que nous avons sous les yeux aujourd'hui a fortement été transformée voire défigurée.
Robert Mallet-Stevens
Robert Mallet-Stevens est un architecte et décorateur, membre fondateur de l'Union des artistes modernes. Il débute sa carrière comme décorateur, pour le cinéma en particulier. Il conçoit notamment les décors du film L'Inhumaine de Marcel l'Herbier en 1924 et crée alors un cadre architectural résolument moderne et surréaliste.
Ses réalisations sont liées à l'esthétique du mouvement De Stijl. En 1923, une exposition de ce mouvement, présentée à la galerie de l'effort moderne, va fortement influencer Robert Mallet-Stevens.
L'exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 va le mettre à l'honneur. Il y présente alors plusieurs constructions dont certaines, comme un jardin avec des arbres cubistes en béton (dessinés avec les frères Martel), font polémiques. L'exposition est un succès, elle participe à la diffusion du béton armé. Comme Le Corbusier, il opte pour ce nouveau procédé constructif qui lui permet de réaliser des fenêtres en longueur ou en angle, des toitures terrasses et des volumes géométriques lisses.
Il met en avant ses collaborateurs : sculpteurs, maîtres verriers, ensembliers, décorateurs... Cette exposition va lui apporter une notoriété et une clientèle aisée.
La rue Mallet-Stevens
Le long de cette impasse s'implantent cinq hôtels particuliers et une maison de gardien. Quoique différents dans leurs programmes, ils sont conçus dans un même esprit afin de créer une unité. L'intention de l'architecte est d'articuler les volumes de l'architecture (gradins, terrasses, belvédère...) avec la largeur de la rue, afin d'apporter de l'air, de la lumière et de la végétation. Malgré la densification de cette impasse et les modifications apportées aux édifices initiaux, il est possible de déceler leur présence grâce au bandeau rayé de béton qui marque leur soubassement.
Signature de Robert Mallet-Stevens sur les édifices © CAUE de Paris
En rentrant dans l'impasse, vous irez sur les traces de :
- l'hôtel particulier et agence Mallet-Stevens au n°12,
- l'hôtel-atelier des frères Martel au n°10,
- l'hôtel particulier de la pianiste Mme Reifenberg au n°4-6,
- l'hôtel particulier de Daniel Dreyfus, commanditaire du lotissement, au n°7,
- l'hôtel particulier de M. Allatini, cinéaste, et sa femme, au n°3-5
- la maison du gardien au n°1.
Détails à observer © CAUE de Paris
Cette rue a servi de décor au film La Sirène des Tropiques (1927) de Mario Nalpas et Henri Etievant, avec Joséphine Baker.
Rue Mallet-Stevens © CAUE de Paris
Hôtel-atelier des frères Martel par Robert Mallet-Stevens
Vue extérieure avec Joël Martel © Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP
L'hôtel particulier des frères Joël et Jan Martel, sculpteurs, est le seul qui ait conservé son aspect initial.
Trois éléments remarquables sont à découvrir plus en détail :
- la porte grille d'entrée, faite de bandes pliées de métal laqué argent, de Jean Prouvé,
- la tour cylindrique de l'escalier principal dont la verticalité est accentuée par un vitrail de Louis Barillet, chapeautée d'un disque recouvert de pâtes de verre rouge,
- la grande porte coulissante noire de l'atelier et sa plaque en verre dépoli, indiquant « Joël et Jan Martel sculpteurs ».
Cet hôtel particulier est aujourd'hui une galerie d'art et de design, la Galerie 54, qui ouvre ses portes en été, afin de présenter au public l'atelier des frères Martel.
© CAUE de Paris
Le calepinage et la colorimétrie du carrelage au sol, définis par les frères Martel, délimitent des espaces dans cet atelier. Les garde-corps en tubes métalliques gris, de type paquebot, accompagnent toujours la descente de l'escalier. Enfin, les radiateurs sont accrochés au mur, tel des tableaux du confort moderne.
Hôtel particulier par Robert Mallet-Stevens
Hôtel particulier © CAUE de Paris
L'hôtel particulier pour la pianiste Mme Reifenberg est le premier construit dans la rue. Devant cet édifice imposant, il est possible de ressentir l'influence de l'expérience de Robert Mallet-Stevens dans le décor de cinéma.
L'entrée est marquée par une "boîte de verre" à l'angle de l'édifice, dont la présence est renforcée par un auvent de même matérialité. Derrière celle-ci se trouve une grille d'entrée réalisée par Jean Prouvé.
Robert Mallet-Stevens œuvre en faveur d'une architecture moderne : volumes cubiques enduits, toitures terrasses, pas de corniche en façade, fenêtres coulissantes avec stores...
L'hôtel particulier se déploie de part et d'autre de sa tour d'escalier, éclairée par un long vitrail de Louis Barillet et Le Chevallier.
Il est intéressant de constater que presque 100 ans après, ce lotissement est toujours d'une très grande modernité architecturale. Si Le Corbusier avait loti - comme il l'avait souhaité - le square du Docteur-Blanche, la proximité de ces deux lotissements aurait été intéressante à observer. En dépit de son intérêt, le travail de Robert Mallet-Stevens est tombé peu à peu dans l'oubli après sa disparition en 1945 pour être récemment redécouvert. L'ensemble des édifices de cette rue est aujourd'hui partiellement inscrit en tant que monument historique.
Activités annexes
Accéder au au parcours
Bus
Ranelagh (ligne 70)
Métro
Ranelagh (ligne 9)
Vélib'
Jean de la Fontaine - Boulainvilliers (station n°16025)