Des arts décoratifs à l'œuvre totale
6ᵉ et 14ᵉ arrondissements
Dans la première moitié du XXᵉ siècle, la frontière entre arts mineurs et arts majeurs s’estompe. Les créateurs français associent leurs talents pour produire des œuvres totales, mêlant architecture, design, arts graphiques et artisanat, au service d’un nouvel art de vivre, résolument moderne. Avec cette visite, nous partirons du 6ᵉ au 14ᵉ arrondissements, à la découverte des lignes et motifs de l’architecture de style Art nouveau et de leurs évolutions vers l’Art décoratif moderne.
Aperçu du parcours
Immeuble à gradins d'Henri Sauvage
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Moins de 15 ans après avoir réalisé la villa de l’ébéniste Louis Majorelle à Nancy, véritable manifeste de l’Art nouveau, Henri Sauvage s'associe ici avec Charles Sarazin pour réaliser cette célèbre maison à gradins, inaugurée en 1912.
L'immeuble à gradins
La particularité de cet immeuble est sa façade sur rue, dont les niveaux sont en retrait les uns des autres. Ce principe en gradins n'est appliqué par les architectes qu'à partir du deuxième étage, afin de respecter l'alignement sur rue. Ce système de construction novateur est breveté par Sauvage et Sarazin dès 1912-1913, c'est donc ici sa première application. La structure constructive s'inscrit dans une logique hygiéniste, grâce aux retraits en cascade, chaque étage bénéficie d'un meilleur ensoleillement, d'une aération naturelle et d'une terrasse.
Immeuble en 1917 © Charles Lansiaux / DHAAP
Architecture intégralement carrelée
Ces carreaux blancs biseautés ne vous rappellent rien ? Ce sont ceux d'Hippolyte Boulenger, qui détient à l'époque une partie du marché de ceux qui couvrent les murs des métros parisiens. Ponctué de points et tirets en carreaux bleus, ce revêtement intégral de céramique est complétement novateur, c'est une première en façade sur rue à Paris. En plus d'être un marqueur esthétique (à l'influence de l'architecte viennois Otto Wagner), ces carreaux sont un atout pour la pérennité et l'entretien de l'édifice.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
De la maison à gradins sportive à l'immeuble à gradins
À l’origine, l'intention des architectes était de réaliser un immeuble proposant de nombreux espaces communs : des salles de jeux et de sport, une serre... Le permis de construire de la maison à gradins sportive fut refusé. Sauvage et Sarazin durent concevoir un second, puis un troisième projet d'immeuble afin de respecter les règles d'urbanisme en vigueur. Ces évolutions de conception ont annulé l'affectation sportive de l'édifice. Henri Sauvage aura l'occasion rue des Amiraux (Paris 18ᵉ) de poursuivre cette réflexion de mixité programmatique, avec son immeuble-piscine.
En 1919, Henri Sauvage installe son atelier d'architecture dans le vide central du volume de la rue Vavin, faisant ainsi de cet immeuble un véritable démonstrateur de son travail.
Immeuble à gradins d'Henri Sauvage
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Moins de 15 ans après avoir réalisé la villa de l’ébéniste Louis Majorelle à Nancy, véritable manifeste de l’Art nouveau, Henri Sauvage s'associe ici avec Charles Sarazin pour réaliser cette célèbre maison à gradins, inaugurée en 1912.
L'immeuble à gradins
La particularité de cet immeuble est sa façade sur rue, dont les niveaux sont en retrait les uns des autres. Ce principe en gradins n'est appliqué par les architectes qu'à partir du deuxième étage, afin de respecter l'alignement sur rue. Ce système de construction novateur est breveté par Sauvage et Sarazin dès 1912-1913, c'est donc ici sa première application. La structure constructive s'inscrit dans une logique hygiéniste, grâce aux retraits en cascade, chaque étage bénéficie d'un meilleur ensoleillement, d'une aération naturelle et d'une terrasse.
Immeuble en 1917 © Charles Lansiaux / DHAAP
Architecture intégralement carrelée
Ces carreaux blancs biseautés ne vous rappellent rien ? Ce sont ceux d'Hippolyte Boulenger, qui détient à l'époque une partie du marché de ceux qui couvrent les murs des métros parisiens. Ponctué de points et tirets en carreaux bleus, ce revêtement intégral de céramique est complétement novateur, c'est une première en façade sur rue à Paris. En plus d'être un marqueur esthétique (à l'influence de l'architecte viennois Otto Wagner), ces carreaux sont un atout pour la pérennité et l'entretien de l'édifice.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
De la maison à gradins sportive à l'immeuble à gradins
À l’origine, l'intention des architectes était de réaliser un immeuble proposant de nombreux espaces communs : des salles de jeux et de sport, une serre... Le permis de construire de la maison à gradins sportive fut refusé. Sauvage et Sarazin durent concevoir un second, puis un troisième projet d'immeuble afin de respecter les règles d'urbanisme en vigueur. Ces évolutions de conception ont annulé l'affectation sportive de l'édifice. Henri Sauvage aura l'occasion rue des Amiraux (Paris 18ᵉ) de poursuivre cette réflexion de mixité programmatique, avec son immeuble-piscine.
En 1919, Henri Sauvage installe son atelier d'architecture dans le vide central du volume de la rue Vavin, faisant ainsi de cet immeuble un véritable démonstrateur de son travail.
Studio-Apartments Hotel d'Henry Astruc
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Studio-Apartments Hotel
Cet immeuble est construit en 1926 par l'architecte Henry Astruc, pour un investisseur américain souhaitant loger une riche clientèle américaine d'artistes dans le quartier de Montparnasse. Il témoigne d'un programme atypique pour l'époque qui souhaite combiner pour ses usagers : le confort hôtelier et l'intimité domestique. Cet hôtel regroupe donc, sur sa parcelle étroite et en profondeur, une vingtaine d'appartements-ateliers proposant une pièce principale en double hauteur avec mezzanine. L'immeuble se développe dans la longueur de la parcelle avec une aile de bâtiment en trois dents de scie.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Le style Art décoratif
La façade sur rue est constituée d'une ossature en deux travées. D'apparence assez sobre, il faut prendre le temps d'en observer les détails :
- l'encadrement qui souligne et met en relief le corps de bâtiment (du premier au troisième étage),
- les larges pans de verre dépoli et gravé à motifs de voilage art déco,
- le balcon en saillie du couronnement avec ses pavés de verre,
- les garde-corps et la porte en fer forgé.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
La volumétrie d'ensemble et l'écriture architecturale témoignent des débuts de l'architecture moderne à Paris. La façade, la toiture et les vitraux ont été dessinés par Francis Jourdain, peintre et designer, pionnier du mouvement moderne et fondateur des arts décoratifs modernes.
À l'intérieur, les studios étaient meublés et décorés de luminaires de Francis Jourdain.
Immeuble Studio Raspail de Bruno Elkouken
© CAUE de Paris
Cet immeuble, à la fois immeuble d'ateliers d'artistes et salle de spectacle, a été construit en 1932 par Bruno Elkouken, architecte d’origine polonaise. La salle de théâtre cinéma « Raspail 216 », au cœur de la parcelle en longueur, est inaugurée en septembre 1934. Le cinéma nommé ensuite « Studio Raspail » a accueilli le public jusqu’en 1982.
Le mouvement moderne
L'écriture architecturale de cet immeuble est pleinement dans le mouvement moderne. La façade sur boulevard, en dalle de pierre de Bourgogne, est rythmée par deux travées de bow-windows rectangulaires qui signalent la présence des ateliers d'artistes en duplex. Les grandes verrières se caractérisent par le graphisme géométrique de leurs menuiseries métalliques.
Le rez-de-chaussée en 1933 © Source gallica.bnf.fr / BnF
La composition symétrique de la façade place au centre le auvent marquant l'élégante entrée du cinéma.
Ateliers d’artistes d’André Arfvidson
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Loger les artistes
En 1911, André-Louis Arfvidson construit un immeuble entre la rue Campagne-Première et le passage d'Enfer pour Charles-Henry Bréal. Celui-ci regroupe sur quatre niveaux des ateliers d'artistes, au cœur de Montparnasse. Cet exemple, primé au concours des façades de la ville de Paris la même année, va devenir un modèle de ce genre de programme :
- larges et hautes verrières orientées au nord, permettant d'éclairer de manière constante les ateliers,
- espaces intérieurs en double hauteur pour les ateliers,
- atelier associé à un appartement, ici en duplex.
Dans cet édifice, les sculpteurs œuvraient au rez-de-chaussée et les peintres dans les étages.
Une façade au décor foisonnant
Indispensable pour la mise en œuvre des grandes baies, des bow-windows aux extrémités et des doubles hauteurs, la structure en béton armé est entièrement recouverte de céramiques de grès flammés d'Alexandre Bigot.
Détail de la céramique architecturale © CAUE de Paris
D'une esthétique en transition, entre l'Art nouveau floral et l'Art décoratif plus géométrique, la profusion d'ornements présente un "bâtiment signature" spectaculaire pour l'architecte comme pour le céramiste. Aujourd'hui encore, les grès flammés dans un camaïeu d'ocre et de brun, offrent une grande vivacité de couleurs.
Le calepinage (dessin de mise en œuvre) des céramiques met en valeur la composition symétrique de la façade. Les éléments de grès sont tour à tour plat, biseauté, mouluré, en pastille, en pyramide ou encore en relief sculpté. Prenez le temps d'observer la profusion des éléments modulaires simples et des motifs sculptés (visages, fleurs, ou frises), notamment les encadrements des portes.
Façade sur le passage d'Enfer © CAUE de Paris
En revenant sur le boulevard, jetez un coup d'œil au passage d'Enfer, à gauche juste après le n°245. Avec un peu de chance, la grille sera ouverte et vous pourrez apprécier la façade arrière de l'immeuble.
Ateliers d’artistes de Charles Abella
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Architecture moderne
Cet immeuble qui regroupe appartements et ateliers d'artistes, est construit en 1930 par Charles Abella. Son écriture architecturale reflète une grande modernité à la fois dans ses volumes et dans la sobriété de son revêtement. Celui-ci en gravillons lavés blond sable est une alternative pour l'époque, entre la pierre parisienne des néo-classiques et la radicalité du béton brut.
Journal La Construction Moderne, 1931 © gallica.bnf.fr / BnF
Depuis la rue, on peut distinguer nettement les volumes :
- un bow-window en porte à faux à l'angle témoigne par ses grandes ouvertures de la présence d'ateliers,
- les loggias visibles sur la rue mettent en retrait les chambres des logements,
- une colonne arrondie dont les éléments verticaux vitrés et les moulures obliques marque la présence d'une cage d'escalier.
Plan, Journal La Construction Moderne, 1931 © gallica.bnf.fr / BnF
Dans la profondeur de la parcelle, on aperçoit depuis le portail un grand bow-window à trois pans vitrés en double hauteur.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Au rez-de-chaussée, la frise en bas-relief a été réalisée par Xavier Haas, peintre et graveur, qui avait son atelier dans cet immeuble. Elle représente les arts :
- depuis la rue sont visibles la sculpture, la peinture et l'écriture,
- à l'intérieur de l'îlot sont représentés la musique et l'harmonie.
Trois maisons-ateliers de Louis Süe
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Les n°3bis, 5 et 7 de la rue sont les premières œuvres de Paul Huillard et de Louis Süe, figure importante de l'art déco en France . Elles sont réalisées entre 1903 et 1906. À partir d'un modèle identique de distribution, ces"maisons-ateliers" mitoyennes déclinent des matériaux et des styles variés, témoins d'un goût au début du siècle pour l'éclectisme et le décor, à un moment charnière entre le classicisme et le rationalisme. Les trois maisons ont la même répartition des espaces intérieurs, avec un atelier d'artiste à l'emplacement le plus lumineux au dernier étage.
© CAUE de Paris
La première maison-atelier construite au n°7 de la rue Cassini est réalisée pour le peintre Pol de Czernichowshi. Pastiche du style Louis XV, elle est en pierre de taille surmontée d'un grand fronton classique. Sa façade présente une certaine liberté dans les décors sculptés fleuris et surtout, l'asymétrie de ses fenêtres.
© CAUE de Paris
Au n°5, la seconde est destinée au peintre officiel d’histoire Jean-Paul Laurens. Sa structure en béton armé est recouverte de briques. Leur couleur rouge foncé donne à la maison un air de demeure du XVᵉ siècle, sortie d’un guide florentin ou flamand. On peut observer une expérimentation dans le rythme des ouvertures et une variété de leur échelle correspondant à leur usage : salon en rez-de-chaussée, chambre et salle-de-bain à l'étage, puis grande baie de l'atelier en saillie de l'édifice.
© CAUE de Paris
La dernière, au n°3bis, est construite pour le peintre Lucien Simon. Le remplissage en brique oblique est très singulier et les fenêtres en grandes croisées verticales rythment la façade. Cette fois, la structure en béton armé permet un rapport dominant du vitrage de cette façade et la réalisation d'un bow-window pour la chambre de l'étage.
Immeuble d’habitation de François Saulnier
© CAUE de Paris - T. Ménivard
L'architecte François Saulnier, associé au sculpteur André Vermave réalisent cet immeuble d'habitation en 1903. Il est constitué de deux travées dont une en bow-window courbé et surplombé par un atelier d'artiste qu'on reconnait grâce aux baies vitrées. La façade en pierre de taille est ornée de sculptures en bas relief. Elles représentent une femme tenant une gerbe de fleurs, une joueuse de luth et un nid d’oiseau dans un angle à gauche.
Immeuble de Rapport de Robert Mallet-Stevens
© L'architecte 1930
Immeuble collectif Art déco
Au fond du jardin de cet immeuble se cache l'unique immeuble collectif réalisé par l'architecte Robert Mallet-Stevens. Construit entre 1928 et 1929, cet édifice offre une très belle illustration de l'architecture Art déco des années 30, alliant modernité et tradition, technicité constructive et savoir-faire artisanal.
Pour sa réalisation, l'architecte s'est entouré des compétences d'illustres créateurs : le maître verrier Louis Barillet, l'architecte et designer Jean Prouvé, l'éclairagiste André Salomon... L'immeuble sur rue et l'immeuble sur jardin sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1984 et l'immeuble sur jardin est classé au titre des monuments historiques depuis 2021.
© CAUE de Paris
Une découverte mise en scène
Depuis la rue Méchain, des indices signalent la présence de la construction moderne dissimulée en fond de parcelle. Avec deux oculus accueillant des vitraux de Louis Barillet, l'auvent de béton et la lourde porte de Jean Prouvé, l’architecte met en scène sa découverte, lui offrant une véritable façade sur rue.
En pénétrant dans le hall, on découvre les parties communes aux murs habillés d'acajou, la loge qui poursuit l’arrondi du mur, la cage d'escalier éclairée par trois bandeaux de vitraux de Barillet et la rampe métallique aux lignes épurées.
© CAUE de Paris
C’est en franchissant la seconde porte de Jean Prouvé que l'on découvre, depuis le jardin, l'immeuble édifié par Robert Mallet-Stevens. Il se compose de douze appartements et de deux ateliers en duplex dont l'un a été occupé par l’artiste peintre Tamara de Lempicka. De taille et de hauteurs inégales, les deux ailes sont articulées autour d’une « tour » centrale, qui accueille l’entrée et la cage d’escalier et dont la verticalité est accentuée par un spectaculaire vitrail toujours de Louis Barillet.
© David Merry
Formalisme et détails
Le dessin des façades et les volumétries du bâtiment reprennent avec finesse et précision le vocabulaire architectural traditionnel de l’architecte : fenêtres d’angle, grandes baies horizontales, jeu des volumes, rapport des pleins et des vides, toitures terrasses… La rigueur de ce formalisme est combattue par les détails : rambardes métalliques des balcons et terrasses, bacs à fleurs pris dans la maçonnerie qui viennent accentuer le jeu des lignes horizontales, vitrail de l’escalier, grandes verrières sur deux niveaux, perron et auvent arrondi au-dessus de l’entrée.
© David Merry
L'immeuble constitue une commande inédite. Il ne s’agit plus de concevoir un hôtel particulier ou une villa, mais un immeuble de logements collectifs. L'architecte accorde ainsi une attention toute particulière à ces caractéristiques constructives modernes et au haut niveau de prestation offert aux futurs occupants : chauffage central, alimentation en eau chaude, deux ascenseurs, salles de bains pourvues de baignoires encastrables, murs garnis de faïences pour les pièces d’eau, vidage des ordures par incinération, fenêtres à coulisses, terrasses aménagées en jardins.
L’escalier hélicoïdal s’élance jusqu’au huitième étage. La main courante en émaux de Briare noirs souligne le serpentin créé par la rampe. Le tapis de laine, dessiné par Mallet-Stevens, reprend les motifs géométriques du vitrail dans l’esprit du mouvement De Stijl. Des portes en acajou desservent les appartements et l’ascenseur.
© CAUE de Paris
L’immeuble, destiné à une population bourgeoise, témoigne par son organisation spatiale d’une vision très traditionnelle de la répartition des classes sociales. Un escalier de service situé en partie arrière du bâtiment dessert la porte de service de chaque appartement. Situées sur la terrasse du huitième étage, les chambres de service ne sont accessibles que depuis cet escalier. L’architecte est même allé jusqu’à concevoir un tunnel qui relie l’immeuble sur rue à la cage d’escalier de service, afin que les domestiques n’empruntent pas les allées du jardin.
La maison Alden Brooks de Paul Nelson
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Cette étape propose un petit détour dans le 13e arrondissement pour découvrir la maison Alden Brooks.
Celle-ci est contemporaine de l'immeuble de Robert Mallet-Stevens puisqu'elle a été réalisée en 1928, par l'architecte Paul Nelson. Cet architecte d'origine américaine s’est formé dans les ateliers d'Auguste Perret et en sort diplômé en 1927. Cette maison, qui reprend les principes du maître, est donc la première œuvre réalisée par l'architecte et commandée par l'un de ses compatriotes, l'écrivain Alden Brooks.
Expression moderne de la façade
Paul Nelson conçoit une maison qui exprime "la vérité" des matériaux et de la structure. Le squelette apparent est en béton bouchardé et le remplissage en briques. Le caractère non porteur de ce remplissage est d'autant plus affirmé qu'il s’affranchit de toute symétrie dans l’emplacement des fenêtres. Ces baies ne sont d’ailleurs pas exclusivement verticales, mais parfois horizontales ou carrées, préfigurant certaines constructions des années 50.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Au premier abord, cette façade peut paraitre dépouillée d'ornement, mais lorsqu'on s'approche, le calepinage en damier des briques apparait. Il présente un dessin composé de groupes de quatre fines briques appareillées dans la longueur. Les joints creux et épais donnent du relief à ce mur.
Le couronnement de cette maison est marqué par les bandeaux de béton formant l'allège des balcons filants.
Maison particulière de Paul Follot
Paysage urbain en 1918 © Charles Lansiaux / DHAAP
L'ébéniste et décorateur français Paul Follot a construit en 1911 cet hôtel particulier pour lui-même. L'édifice, témoin de cette époque de transition de l’Art Nouveau vers les Arts Décoratifs, regroupe à la fois ses appartements, un atelier d'artiste et une galerie d'art.
Il est important de prendre du recul pour en apprécier la curiosité formelle. Son toit bombé à croupe hémicirculaire et ses baies ovales s'inspirent de l'architecture du nord.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Le rez-de-chaussée est finement décoré d'une mosaïque géométrique, dorée, noire et blanche, dont l'esthétique rappelle les tableaux de Gustav Klimt. Cette marqueterie s'inscrit dans la façade en béton apparent, griffé en damier ou lisse et courbé en soubassement. Ce décor élégant est complété par des éléments de ferronnerie signé par Edgar Brandt (ferronnier notamment des portes du Palais de la Porte Dorée).
Aujourd'hui, le rez-de-chaussée est occupé par l'Institut Giacometti qui a entrepris, en 2018, la restauration en conservation de l'hôtel particulier avec l'architecte Pierre-Antoine Gatier. L’ensemble du décor originel de Paul Follot a été restauré (vestibule d’entrée, salon et salle à manger) ou préservé. Il est possible d'en faire une visite commentée historique et architecturale par l'Institut.
Immeuble de rapport de Léon Boucher
Angle de la rue en 1918 © Charles Lansiaux / DHAAP
Construit en 1911 par Léon Boucher, cet immeuble occupe une position privilégiée à l'angle de la rue Boulard et de la rue Froidevaux, face au cimetière Montparnasse.
Ce curieux immeuble oscille entre l'Art nouveau et l'Art déco. Il est d'un intérêt particulier puisqu'il illustre bien la période de transition entre les deux styles. Il présente des balcons arrondis, des doubles fenêtres symétriques et des guirlandes de fleurs en céramique le long de la façade. N’ayant pas signé, les ornementistes resteront anonymes.
Porte d'entrée incrustée de mosaïques © CAUE de Paris
Habitations et ateliers d’artistes de Georges Grimberg
Façade fleurie © CAUE de Paris - T. Ménivard
Cet immeuble a été construit selon les plans de l'architecte Georges Grimberg en 1929.
Dans les années 20, les architectes refusent les façades en pierre de taille, trop classiques et couteuses, et l'apparence du béton encore trop avant-gardiste. Ils trouvent dans le carrelage des qualités hygiéniques et d’ornementation. L'immeuble est recouvert de petits éléments de céramique multicolores dessinant une délicate marqueterie géométrique et florale. Ces détails contrastent avec les proportions monumentales de l’immeuble.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Sans même entrer dans l'immeuble, la mixité des occupations intérieures se devine. La lisibilité de la travée du milieu se fait grâce aux grandes baies vitrées destinées aux artistes et les deux parties latérales plus classiques pour les logements. Cette composition de façade permet à l'immeuble de marquer le pli de la rue et de s'insérer dans son paysage avec un rythme plus conventionnel proche des mitoyens.
Immeuble d’habitation et ateliers d’artistes d'Émile Molinié
© CAUE de Paris
L’immeuble a été construit en 1913 par l'architecte Emile Molinié et sera primé, la même année, au concours des façades de la ville de Paris.
La façade se caractérise par ses deux bow-windows et ses grandes baies vitrées éclairant les ateliers. Au quatrième niveau, une frise de feuilles de lierre jaune sur fond brun est réalisée par Eugène Ledoux, selon le procédé de décoration murale dit sgraffito. Plusieurs couches d’enduit sont superposées et avant qu’elles ne sèchent, des ornements et sculptures sont grattés. Cette technique étant économique à l’époque n’a pas résisté à la pluie et a pali sur la façade qui n’est pas abritée par une corniche.
Détail de la frise de feuillage jaune sur fond brun © CAUE de Paris
Remarquez au rez-de-chaussée la porte d'entrée en fer forgé et le bandeau, coloré et géométrique, qui marque le soubassement.
© CAUE de Paris
Annexe de la mairie de Georges Sébille
© CAUE de Paris - T. Ménivard
La dernière étape de ce parcours vous propose de découvrir une architecture plus monumentale.
Construite par Georges Sébille et inaugurée en 1936, l'annexe de la mairie du 14ᵉ est un exemple du style Art décoratif moderne. Cet édifice contraste, encore aujourd'hui, avec les immeubles post-haussmanniens environnants par son gabarit, ses matériaux et son écriture architecturale.
Par son volume massif, sa composition très symétrique et son grand balcon sur le square Ferdinand-Brunot, le bâtiment exprime pleinement la puissance publique. L'annexe de la mairie accueillait initialement un programme ambitieux : salles de réunion ou de fêtes, bibliothèque, dispensaire, tribunal d'arrondissement...
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Comme souvent dans l’architecture de l’entre-deux guerre, le second-œuvre constitue le seul décor extérieur dont les formes sont inspirées du répertoire géométrique d’époque. L'annexe offre sur les deux rues des portails monumentaux en ferronnerie d’art, forgés par Raymond Subes pour la porte principale et Gilbert Poillerat pour celle de côté. La sobriété de la façade met en valeur les bas-reliefs à l’antique exécutés de part et d’autre du corps central par le sculpteur Raymond Delamarre. Par ailleurs, une grande composition vitrée de Louis Barillet surplombe la baie qui mène au grand balcon.
© CAUE de Paris - T. Ménivard
Elle est bâtie sur une ossature de béton armé revêtu de briques rouges, dont l’emploi à cette époque tend à se généraliser pour les constructions publiques.
Activités annexes
Accéder au au parcours
Bus
Notre-Dame-des-Champs (lignes 68, 82 ou 58)
Vavin (ligne 68)
Métro
Notre-Dame-des-Champs (ligne 12)
Vavin (ligne 4)
Vélib'
Bréa - Raspail (station n°6007)