Les paysages de Saint-Quentin-en-Yvelines
Saint-Quentin-en-Yvelines
Cet itinéraire qui emprunte une partie du “Grand-Chemin”, propose une découverte de la grande diversité paysagère et patrimoniale de Saint-Quentin-en-Yvelines. Son objectif est de proposer une offre touristique sur le territoire tout en invitant le grand public à redécouvrir les paysages qu’il côtoie au quotidien. Mené en concertation avec l’agglomération, les élus et les services des communes concernées, il s'appuie sur le travail de l’Atelier Foïs, agence de paysage. À pied ou à vélo, laissez-vous guider dans ces paysages !
Partenaires Ce travail a été réalisé en 2024 par le CAUE 78 en collaboration avec le Musée de la Ville et l'Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Bibliographie
- Saint-Quentin-en-yvelines, histoire d’une ville nouvelle; SABRIÉ Marie-Lise; 1993
- André Wogenscky, Marta Pan - L’oeuvre croisé; BARRÉ François; 2007
- L’art dans les villes nouvelles - De l’expérimentation à la patrimonialisation; Sous la direction de GUIYOT-CORTEVILLE Julie, PERLÈS Valérie et VADELORGE Loïc; 2010
- Guyancourt l’aventure urbaine; Musée de la Ville, Municipalité de Guyancourt; 2008
- Montigny-le-Bretonneux - Naissance d’une ville; CHAUVIN Monique; 2006
- Saint-Quentin-en-Yvelines - le centre-ville 1973-2003 - Une épopée urbaine; DRAUSSIN Yves; 2013
- Miroir, revue annuelle de l'Ecomusée de Saint-Quentin-en-Yvelines
- Atlas des pays et paysages des Yvelines; CAUE 78; 1992
Sites
Sources iconographiques
- Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
- Martin Argyroglo
- CAUE 78
- Yves Draussin
- Agence d’ICI LA
- Atlas des paysages des Yvelines
Écriture : CAUE 78 (Hugo Decoux, Lisa Leconte, Cécile Varoquier), avec la participation d'Emma Biou et Némo Delabre, stagiaires.
Relecture : Musée de la ville (Isabelle Gourmelin, Lucie Sauvageot), Agglomération de SQY (Cécile Azambre, Isabelle Pierson).
Aperçu du parcours
Le grand paysage, socle de l’agglomération
Vue en direction de Paris depuis la tour de Maurepas, 2024 ©Martin Argyroglo
Découvrir le "Grand-Chemin
Cet itinéraire qui emprunte une partie du “Grand-Chemin”, propose une découverte de la grande diversité paysagère et patrimoniale de Saint-Quentin-en-Yvelines. Son objectif est de proposer une offre touristique sur le territoire tout en invitant le grand public à redécouvrir les paysages qu’il côtoie au quotidien. Créé en concertation avec l’agglomération, les élus et les services des communes concernées, il s'appuie sur le travail de L’atelier Foïs, agence de paysage.
Itinéraire du parcours au sein du paysage ©CAUE 78 - Atlas des paysages des Yvelines
Les dynamiques à l’œuvre
Le grand paysage est ici structuré par deux dynamiques géologiques et humaines. L’une naturelle appelée “dynamique armoricaine”, est liée au retrait de l’océan du Bassin Parisien, et matérialisée par les différents reliefs des Yvelines orientés nord-ouest / sud-est. L’autre, anthropique, est induite par l’axe de la N10 souligné de son cortège urbain, et s’oriente à l’inverse nord-est / sud-ouest.
Croisement des dynamiques armoricaine (relief) et anthropique (urbanisation) ©CAUE 78
C’est à la croisée de ces deux grandes dynamiques, sur le plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines modelé au fil du temps et particulièrement lors de l’installation du pouvoir royal à Versailles au XVIIe siècle, que l’agglomération a pris place.
Tirer partie de la géographie
Le domaine de Versailles s'est parfaitement inscrit dans la géographie naturelle, avec la perspective principale du Château qui reprend la “dynamique armoricaine”. En revanche, les divers aménagements hydrauliques des jardins de Versailles se sont appuyés sur l’autre dynamique, en longeant l’axe historique Paris-Chartres (N10). Mais cette localisation des infrastructures n’est pas anodine. Elles ont été implantées sur un plateau qui départage les différents bassins versants, c’est ce qu’on appelle un interfluve.
La Rigole royale et la RN10 s’inscrivent dans l’interfluve qui sépare les bassins versants suivants : Bièvre, Yvette, Orge, Eure et Mauldre ©CAUE 78
La ressource en eau était ainsi récoltée, guidée et conservée dans des réservoirs sans basculer vers les rivières alentour.
Au seuil de la capitale
Saint-Quentin-en-Yvelines se situe à mi-chemin entre deux mondes, elle est un espace de transition entre les paysages urbains et ruraux. En effet, l’agglomération marque la fin du continuum urbain formé le long de la N10 et de la voie ferrée en provenance de Paris.
Une progression de l'urbain vers le rural, 2024 ©Martin Argyroglo
À cet endroit, les villes côtoient les différents plateaux et vallées investis de petits bourgs, d’espaces forestiers et de plaines cultivées. Ce paysage particulier oriente notre regard sur la concentration urbaine, nous laissant ainsi constater que nous sommes aux portes de la capitale.
Contenus additionels
Le grand paysage, socle de l’agglomération
Vue en direction de Paris depuis la tour de Maurepas, 2024 ©Martin Argyroglo
Découvrir le "Grand-Chemin
Cet itinéraire qui emprunte une partie du “Grand-Chemin”, propose une découverte de la grande diversité paysagère et patrimoniale de Saint-Quentin-en-Yvelines. Son objectif est de proposer une offre touristique sur le territoire tout en invitant le grand public à redécouvrir les paysages qu’il côtoie au quotidien. Créé en concertation avec l’agglomération, les élus et les services des communes concernées, il s'appuie sur le travail de L’atelier Foïs, agence de paysage.
Itinéraire du parcours au sein du paysage ©CAUE 78 - Atlas des paysages des Yvelines
Les dynamiques à l’œuvre
Le grand paysage est ici structuré par deux dynamiques géologiques et humaines. L’une naturelle appelée “dynamique armoricaine”, est liée au retrait de l’océan du Bassin Parisien, et matérialisée par les différents reliefs des Yvelines orientés nord-ouest / sud-est. L’autre, anthropique, est induite par l’axe de la N10 souligné de son cortège urbain, et s’oriente à l’inverse nord-est / sud-ouest.
Croisement des dynamiques armoricaine (relief) et anthropique (urbanisation) ©CAUE 78
C’est à la croisée de ces deux grandes dynamiques, sur le plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines modelé au fil du temps et particulièrement lors de l’installation du pouvoir royal à Versailles au XVIIe siècle, que l’agglomération a pris place.
Tirer partie de la géographie
Le domaine de Versailles s'est parfaitement inscrit dans la géographie naturelle, avec la perspective principale du Château qui reprend la “dynamique armoricaine”. En revanche, les divers aménagements hydrauliques des jardins de Versailles se sont appuyés sur l’autre dynamique, en longeant l’axe historique Paris-Chartres (N10). Mais cette localisation des infrastructures n’est pas anodine. Elles ont été implantées sur un plateau qui départage les différents bassins versants, c’est ce qu’on appelle un interfluve.
La Rigole royale et la RN10 s’inscrivent dans l’interfluve qui sépare les bassins versants suivants : Bièvre, Yvette, Orge, Eure et Mauldre ©CAUE 78
La ressource en eau était ainsi récoltée, guidée et conservée dans des réservoirs sans basculer vers les rivières alentour.
Au seuil de la capitale
Saint-Quentin-en-Yvelines se situe à mi-chemin entre deux mondes, elle est un espace de transition entre les paysages urbains et ruraux. En effet, l’agglomération marque la fin du continuum urbain formé le long de la N10 et de la voie ferrée en provenance de Paris.
Une progression de l'urbain vers le rural, 2024 ©Martin Argyroglo
À cet endroit, les villes côtoient les différents plateaux et vallées investis de petits bourgs, d’espaces forestiers et de plaines cultivées. Ce paysage particulier oriente notre regard sur la concentration urbaine, nous laissant ainsi constater que nous sommes aux portes de la capitale.
Contenus additionels
Le parc, interface entre ville et vallon
> Parc des Sources de la Bièvre
L'entrée du Parc des Sources de la Bièvre, le bassin et l'Université, 2024 ©Martin Argyroglo
Faire une ville “verte et bleue”
L’eau omniprésente sur le plateau, va servir de fil conducteur et sera mise en scène dans l’aménagement du centre et de son parc. Au milieu des champs, un vaste parc urbain est prévu dès l’origine de l’aménagement du cœur de ville avec une volonté de créer une “ville verte et bleue".
Etangs des Roussières, Guyancourt 2004 ©DR / Musée de la ville de SQY
En 1977, le paysagiste Paul Soun, l’architecte Bertrand Lemoine, l’urbaniste Yves Draussin et l’artiste Marta Pan travaillent de concert pour créer ce parc de 60 hectares. Dix ans plus tard, la perspective s’achève avec le carré urbain de l’artiste Dani Karavan. > En savoir plus avec une vidéo du Musée de la Ville sur la Perspective de Marta Pan
Invitation à la promenade
De la gare, du centre commercial, de l'université et de tous les quartiers habités qui le bordent, de nombreux axes convergent vers le Parc des sources de la Bièvre. Des sculptures marquent ses entrées et invitent les promeneurs à la découverte de la Bièvre.
Un parc à la convergence des axes urbains ©CAUE 78
Initialement, dans ce parc, chaque perspective offrait un tableau inspiré par l’eau. Hélas, une partie du canal, les créations de Marta Pan, de Paul Soun ou encore celles de Karavan, aujourd’hui sans eau, rendent difficile la lecture de l’intention d’origine.
Un parc empreint d’une écriture classique
Vue aérienne 2004 ©Stéphan Joubert et Laurent Delage - Balloide / Photothèque CASQY
La partie haute du parc, assez dégagée, offre un panorama où le front bâti fait face au front végétal. Sous certains aspects la conception réinterprète les codes classiques des jardins de Versailles. En progressant vers le vallon, la nature maîtrisée, à l’image du labyrinthe et des bassins géométriques, laisse place à une nature plus sauvage aux sentiers sinueux. En vitrine sur le parc, les réalisations architecturales, les Villas (Dominique Perrault), l’Université (Antoine Grumbach) ou encore la Maison de la communication (Massimiliano Fuksas), participent au tableau.
Patrimoine et évolution
L’ensemble monumental à sa création. Quartier du Parc, Guyancourt ©DR / ADY-Fonds EPASQY
Par souci de concilier les enjeux environnementaux et patrimoniaux, l’agglomération doit faire des choix. Ainsi, la fontaine monumentale de Paul Soun qui conduisait l’eau vers le labyrinthe a été réinterprétée en coulée verte.
Disparition de l'œuvre monumentale au profit de la renaturation ©CAUE 78
Elle a aujourd’hui disparu au profit d’une succession de noues végétales qui gèrent les eaux pluviales. Dans ce projet de renaturation, la perspective est certes toujours présente et l’ambiance agréable, mais cette transformation ne marque-t-elle pas une rupture avec la force de la composition d’origine ?
Contenus additionels
L’étang des Roussières, aux portes de la vallée de la Bièvre
L’étang des Roussières, 2024 ©Martin Argyroglo
Une géographie caractéristique du territoire
Depuis le parc des Sources, les visiteurs sont incités à cheminer jusqu’à l’étang des Roussières. Premier étang de la vallée de la Bièvre, celui-ci prend place dans la “direction armoricaine”, axe caractéristique du territoire des Yvelines. Le vallon présente deux coteaux différents, l’un raide et boisé, l’autre doux et ouvert, qui donnent l’opportunité de parcourir plusieurs ambiances. La continuité vers la vallée est contrariée par le talus qui longe l’Avenue des Garennes, il crée une coupure nette dans le paysage et arrête le regard.
Schéma d’organisation de la vallée de la Bièvre, 2014 ©Agence Folléa-Gautier (Atlas des paysages des Yvelines)
Un étang au service de la ville
La création de la ville nouvelle et l'imperméabilisation des sols rendent nécessaire l’aménagement de bassins de rétention d’eau. Ces nouveaux ouvrages viennent compléter le réseau hydraulique hérité des siècles précédents. L'étang des Roussières, prévu dès la conception de la ville nouvelle, s’intègre à cet ensemble d’infrastructures. Depuis sa mise en eau dans les années 80, il récolte les eaux pluviales des quartiers des Garennes et des Saules.
L’étang des Roussières en 1979 ©P Planque / Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
Victime de son usage
Objets de curiosité et pourtant nécessaires à l’amélioration de la qualité de l’eau, des éléments perturbent le caractère “naturel” du lieu.
Installations sur l’étang des Roussières (boudin et hydrolienne), 2024 ©Martin Argyroglo
En effet dans les années 90, la pollution urbaine et les rejets sauvages génèrent un phénomène d’eutrophisation. En 1997, plusieurs dispositifs sont installés pour contrer ce problème et dépolluer l’étang. Treize ans plus tard, deux hydroliennes sont installées pour redonner vie à l’écosystème. Aujourd’hui, l’étang des Roussières abrite plusieurs espèces de poissons faisant le bonheur des pêcheurs !
Contenus additionels
Le Versailles du peuple, quand le monumental fait centre
> La Sourderie
Le Viaduc et les Arcades du Lac de la Sourderie, 2024 ©Martin Argyroglo
Expérimenter des nouvelles formes urbaines
À la fin des années 1960, des lotissements épars et autonomes composent la ville nouvelle. En 1971, le nouveau directeur de l’EPA* SQY Serge Goldberg s’engage à répondre aux exigences du SDAU** en termes de mixité sociale et de continuité urbaine entre les quartiers. Après avoir visité le Barrio Gaudi réalisé par Ricardo Bofill au sud de Barcelone, il décide d’inviter l’architecte à projeter cet ensemble de logements sociaux entre Montigny et Voisins-le-Bretonneux.
*EPA : Établissement public d'aménagement **SDAU : Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme
Barrio Gaudí, Reus Tarragone, Espagne, 1968 ©Image Courtesy of Ricardo Bofill (ArchDaily : https://shorturl.at/qfY0o)
La Sourderie : ensemble structurant à l’échelle de la ville nouvelle
“Pour notre part, en visitant ce qui avait déjà été fait ailleurs, à commencer par Saint-Quentin-en-Yvelines, nous avons été surpris par l’isolement des opérations les unes par rapport aux autres. Nous avons donc essayé, cette fois, de leur imposer une harmonie, tout particulièrement en utilisant les espaces publics, non pas comme des bouche-trous mais comme comme des acteurs sur une scène, au même titre que les bâtiments.”
(Pancho Ayguavives, urbaniste du quartier de La Sourderie)
Vue aérienne du quartier ©Collection du Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
Rompre avec la vision moderne de la ville
Cet ensemble de logements (1972-1980) est un manifeste post-moderniste. La proximité avec le château de Versailles a poussé les architectes à oser la monumentalité et à puiser dans des éléments architecturaux et paysagers de la Renaissance et de l'Antiquité.
Dessin du projet du Viaduc ©Collection du Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
Ils renouent avec une vision classique et nostalgique de la ville et se placent en rupture avec les principes du mouvement moderne : mixité des usages à l’échelle d’un bâtiment, rue offerte aux piétons et usage de décors.
Une respiration dans la ville
Aujourd’hui encore, malgré la rigueur du plan et l’austérité qui peut se dégager des façades, la Sourderie est très appréciée et fréquentée par les habitants des quartiers alentour.
Au bord de la Sourderie. Arcades du Lac ©DR – Fonds EPASQY
Le plan d’eau a le double bénéfice d’être un lieu d’agrément et de récolter les eaux de pluie du quartier. Ce vaste espace public illustre la nécessité de ménager des respirations dans les aménagements. Face à la pression foncière, il est important de le préserver car il donne toute sa cohérence à l’ensemble du quartier. C’est d’ici que le feu d’artifice du 14 juillet est lancé !
Contenus additionels
Un plateau agricole enlacé par les affluents de l’Yvette
> Le plateau de Magny-les-Hameaux
Les alignements d'arbres de la route royale de Versailles sur le plateau de Magny-les-Hameaux, 2024 ©Martin Argyroglo
Le paysage des abords de la vallée de l’Yvette
Les trois plateaux des Essarts, du Mesnil et de Magny-les-Hameaux présentent une même configuration : de vastes étendues cultivées sont bordées par des ourlets boisés qui coiffent les pentes des vallons.
Les trois plateaux ©CAUE 78
Sur le plateau de Magny-les-Hameaux, entre les vallons du Rhodon et de la Mérantaise, l'horizon boisé permanent et la faible densité bâtie aux alentours donnent l’impression d’être dans une clairière. De là, la ville nouvelle est totalement invisible !
Une transition vers le monde rural
Les bois marquent une limite nette avec l’urbanisation, et passé le couvert végétal s’ouvre un monde agricole. Dans cette étendue, seule l’ancienne route royale de Versailles bordée par les alignements de peupliers, et rythmée par le flux soutenu des véhicules, évoque encore la proximité de la ville.
Les Granges de Port-Royal s’insèrent dans l’horizon boisé, 2024 ©CAUE 78
Ici les constructions demeurent très discrètes, avec quelques fermes et hameaux qui émergent ça et là. Quant au domaine de Port-Royal-des-Champs, il se donne à voir avec les bâtiments des Granges qui s’insèrent dans l’horizon boisé.
Un héritage historique
La ferme historique de Buloyer, 2024 ©CAUE 78
Le plateau de Magny-les-Hameaux est toujours dans le giron du Château de Versailles et des nombreux aménagements qui y sont liés. A cette époque, il était nécessaire d’avoir des espaces de cultures, et à ce dessein, d’assainir les plateaux alentour. Un vaste système de drainage avec des fossés a ainsi permis de cultiver et de rediriger les eaux vers le réseau du Château. Les vestiges de la rigole royale et les grandes fermes historiques du plateau, comme celle de Buloyer, témoignent des grandes transformations de cette époque.
Entre ville et campagne, un îlot de biodiversité
> L'étang des Noës
L'étang des Noës et le château d'eau de Maurepas, 2024 ©Martin Argyroglo
Un maillon du réseau des étangs supérieurs
Appelée étang du Mesnil puis étang des Noës, cette réserve d’eau de 25 hectares est aménagée sur l’interfluve du plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines. Cet étang créé en 1684 par Philippe de La Hire à l’initiative de Louis XIV, représente l’avant dernier maillon du réseau des étangs supérieurs qui alimentait le parc du château de Versailles. Ce réseau a modifié complètement le paysage de forêts humides et marécageuses. Grâce à lui, les terres sont devenues de riches plateaux agricoles.
Carte du réseau des étangs et rigoles ©SMAGER
Un collecteur historique
Ce bassin artificiel, aux proportions de lac, se distingue par une nette opposition entre les berges “naturelles” et la digue maçonnée qui surplombe la “Rigole du Lit de Rivière*”.
Étang des Noës, la digue, la maison forestière et les berges, 2024 ©CAUE 78
Côté est, au niveau de la maison du garde des rigoles, une vanne relie l’étang à la source de la rivière du Rhodon qui se jette elle-même dans l’Yvette. Il collecte également tout ou partie des eaux de ruissellement des communes de La Verrière, Coignières, Maurepas, Élancourt et du Mesnil-Saint-Denis.
Un espace de respiration
Au sortir du couvert boisé, cette retenue d’eau contraste avec la luminosité et l’ouverture qu’elle génère.
Barque sur l’étang des Noës, début XXe ©Collection privée Girardeau / Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
Cet espace confidentiel est bordé par la ville d’un côté, la forêt et les terres cultivées de l’autre. Le château d’eau, repère fort, émerge tel un phare dans le paysage. Ce havre naturel, dont le calme est un peu troublé par le bruit de la circulation proche, offre depuis sa création un lieu d'intimité aux riverains.
Un havre de biodiversité
Cygne sur l’étang des Noës, 2024 ©CAUE 78
Le rôle de collecteur de cet étang, à l’image de celui des Roussières (cf. point n°3), a posé des problèmes récurrents de pollution impactant également la rigole. À présent, cet espace constitue une halte importante et un habitat pour les oiseaux migrateurs et sédentaires. Nous pouvons admirer entre joncs et roseaux, des foulques, des cygnes et des hérons. L'étang est labellisé ZNIEFF* et classé zone Natura 2000. Riche en poissons, il attire oiseaux et pêcheurs !
*ZNIEFF : Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique
Contenus additionels
Vers la vallée de la Mauldre, un paysage pittoresque
> Bassin de la Courance
Le bassin de la Courance et le hameau "Les Petits Houx", 2024 ©Martin Argyroglo
Basculer de l’autre côté de l’interfluve
Les bassins versants de la Bièvre et de l’Yvette disparaissent, laissant place à celui de la Mauldre situé à l’ouest du plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines. La route s’incline petit à petit au fil de la traversée du hameau “Les Petits Houx”, offrant ainsi quelques points de vue sur les lointains agricoles de la plaine de Neauphle. On descend doucement jusqu’au ru de Maurepas qui traverse le bassin de la Courance lové dans un épais boisement. Ce vallon présente la même structure que les précédents, avec un relief contrasté, fort et boisé au nord, doux et ouvert au sud.
Du contexte urbain au pittoresque du vallon
Le trajet jusqu’aux abords du bassin de la Courance offre des changements d’échelles et de rythmes dans le paysage. En effet, les différents milieux se succèdent, de l’agitation vers la quiétude : le plateau urbain et les quartiers pavillonnaires, le hameau et l’ouverture sur la plaine, et enfin l’arrivée en fond de vallon. Ici le bourg “Les Petits-Houx” apparaît dans une ambiance bucolique et pittoresque, sur son léger promontoire, dans un paysage vallonné surplombé par le donjon en ruine.
La ruine du donjon de Maurepas domine le vallon ©Atlas des paysages des Yvelines
L’activité humaine sur la géographie naturelle
> Le vallon du ru d'Élancourt
Le vallon du ru d'Élancourt et la colline, 2024 ©Martin Argyroglo
Le vallon isolé du ru d’Élancourt
Le ru d’Élancourt est un affluent de la Mauldre dont la confluence se situe au niveau du château de Jouars-Pontchartrain. La forme affirmée du relief qui le borde reprend bien la “dynamique armoricaine” propre au département, avec ce grand coteau qui finit par s’estomper dans la plaine de Neauphle.
Bloc diagramme du vallon du ru d’Élancourt ©Atlas des paysages des Yvelines
Ces reliefs boisés surplombent un habitat plutôt timide, niché tantôt dans les pentes, tantôt en fond de vallon. Les boisements laissent place à quelques champs cultivés aux abords du hameau de Launay, ce qui lui confère un caractère isolé.
Une proximité avec l’agglomération peu évidente
Seules les lignes électriques qui se dirigent vers le haut du vallon viennent perturber ce petit bout de campagne, en striant le paysage avec leurs nombreux fils. Leurs tailles et leurs nombres paraissent disproportionnés par rapport à la densité des habitations. Depuis ce point de vue, un élément emblématique évoque la proximité de la ville nouvelle, c’est la colline d’Elancourt, issue des terres de remblais de l’agglomération. Cette proéminence perturbe le relief naturel et fausse notre perception en s’inscrivant à la naissance du vallon. Désormais enfrichée, elle se fond dans le paysage boisé.
Les lignes électriques traversent le vallon, 2024 ©CAUE 78
La colline d’Élancourt en héritage
> Colline d'Élancourt
La colline d’Élancourt vue depuis la tour de Maurepas, 2024 ©Martin Argyroglo
L’histoire d’une colline pas comme les autres
De 1881 à 1959, le site de la Revanche est exploité pour ses sols riches en pierre meulière. L’usage de cette dernière, concurrencé par celui du béton, induit une fermeture progressive de la carrière. Elle devient alors décharge d'ordures ménagères jusqu’à la construction de l'usine d'incinération de Thiverval-Grignon en 1974.
Colline de la revanche, Élancourt, années 90 ©DR / ADY. Fonds EPA SQY
À partir de 1981, l'aménagement de la ville nouvelle génère des tonnes de déblais de chantier qui sont déversés sur le site. La décharge est ensevelie et le site prend peu à peu du relief jusqu’à devenir en 1992 le point culminant d’Île-de-France (231m).
Un espace alliant loisirs et biodiversité
Depuis 1992, l’avenir de la colline est interrogé. Les propositions d’aménagements sont parfois extravagantes, en 2014 un projet de skidom a failli voir le jour. Très prisée par les promeneurs et les cyclistes, elle accueille les épreuves de VTT des JOP 2024 et sera aménagée en espace de loisirs sportifs pour le grand public.
Aménagement de la colline JOP 2024 par l’agence d’ICI LA ©Solideo
L'objectif est également d'aménager un espace sans nuire au développement de la biodiversité. En effet, bien que la colline soit à l’origine un site inhospitalier, elle abrite aujourd'hui de nombreuses espèces végétales dont certaines protégées.
Perspective du projet d'aménagement de la colline après les JOP ©D’ICI LA
Un belvédère sur le grand paysage
Colline de la revanche, Élancourt, 2004 ©DR / Photothèque CASQY
Du haut de la colline, nous appréhendons l’implantation de l’agglomération dans son territoire. Les différents paysages qui le composent et que nous avons traversés depuis le début de notre parcours y sont perceptibles. Nous découvrons un point de vue global sur l’organisation de la ville nouvelle, structurée par la trame verte et bleue intégrée dès l’origine du projet. Au-delà, le regard se laisse porter sur les horizons franciliens.
Contenus additionels
L’étang de Saint-Quentin, une halte bienvenue !
> Étang de Saint-Quentin
Groupe d'oies Bernaches du Canada, 2024 ©Martin Argyroglo
Un vestige important du réseau hydraulique royal
L’étang artificiel de Saint-Quentin, point de récolte lié à l’alimentation en eau du domaine de Versailles, est créé en 1677. Il est implanté en amont des réservoirs de Versailles sur les mares du plateau de Trappes et de Bois d'Arcy en barrant d’une digue ces marécages. Il constitue dès lors le plus grand réservoir d’eau du réseau hydraulique de Versailles. Au XVIIIème siècle il est rebaptisé étang de Saint-Quentin de par sa proximité avec une chapelle dédiée au saint du même nom.
Plan étangs et rigoles de Versailles, 1812 ©Archives départementales des Yvelines, service des eaux, extrait de "Les eaux de Versailles"
Un étang dans la ville ?
En 1965, il est décidé d’implanter la ville nouvelle sur ce plateau qui à cette époque est principalement couvert de champs. Le bourg et le bois de Trappes, quelques hameaux épars et l’étang de Saint-Quentin sont les rares éléments en présence sur ce vaste plateau. C’est ainsi que la ville nouvelle a tout naturellement pris à son tour le nom de Saint-Quentin.
Aujourd’hui, l’étang de Saint-Quentin est entouré d’un écrin de verdure et n’est pas facilement accessible. La voie ferrée, l’autoroute A12 et la nationale 10, sont autant de ruptures qui le déconnectent de la partie sud de la ville nouvelle. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas.
Concours d'idée de l'EPA (équipe Fernand Pouillon), 1980 ©DR Yves Draussin
Concours d'idée de l'EPA (équipe Gamma Architecture), 1980 ©DR Yves Draussin
Voyez ces projets en réponse au concours lancé en 1980 pour le Cœur de ville. Certaines équipes (DLM, Cornet/Vernet, Nunez Yanowski, Fernand Pouillon et Gamma Architecture) avaient imaginé un tout autre visage pour cette ville du futur !
L’étang devient réserve naturelle
En 1973, parallèlement au développement de la ville nouvelle, l’étang est aménagé en base de loisirs et propose des activités nautiques et terrestres sur près de 600 ha.
La base de loisirs en 1980 ©Daniel Huchon / Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
Cette affectation permet de préserver le site, respiration nécessaire au cœur de l’urbain. Afin de sanctuariser cette zone humide riche en biodiversité, la partie ouest (87 ha) est protégée en 1986 par une réserve naturelle.
Lier activités de loisirs et préservation de la biodiversité
Reconnue comme un maillon dans un réseau d’étangs issus de l’héritage hydraulique de Versailles, la réserve naturelle de Saint-Quentin-en-Yvelines est entendue à l'ensemble du réseau des étangs et rigoles en 2021.
Lier activités humaines et préservation de la biodiversité, 2024 ©Martin Argyroglo
C’est une des rares réserves naturelles en milieu urbain qui mêle histoire et intérêt écologique majeur. C’est le SMAGER* qui a porté ce projet et qui en est devenu gestionnaire en novembre 2021. Désormais, les 310 ha qui la composent constituent des corridors écologiques majeurs sur le territoire.
*Syndicat mixte d’aménagement et de gestion des étangs et rigoles
Un foulque et deux cygnes sur l'étang de Saint-Quentin, 2024 ©CAUE 78
Escale stratégique à l’échelle nationale pour les oiseaux migrateurs, les gestionnaires de l’étang tentent de concilier les besoins des humains et des non-humains, tous deux en quête de quiétude !