DétourLes CAUE  d'Île-de-France
Détour
Distance : 
6,5km
Temps : 
2h30

Clichy, du périphérique à la Seine

Hauts-de-Seine

Architecture
Boulevard périphérique. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.
Architecture
Boulevard périphérique. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Ville limitrophe de Paris, délimitée par la Seine au nord, le boulevard périphérique au sud et les voies de chemin de fer à l’ouest, Clichy s’étend sur un territoire de 3 km². Elle est, à plusieurs titres, témoin des relations historiques Paris-banlieue qui, à partir du XIXᵉ siècle, voient à la fois la capitale créer des enclaves dans les communes voisines pour s’équiper et s’industrialiser, et les communes voisines s’affirmer en tant que municipalités, et se structurer en tant que villes. À Clichy, l’usine d’assainissement du SIAAP, l’hôpital Beaujon, les anciens gazomètres sont les témoins emblématiques de la première proposition, la maison du peuple ou les allées Gambetta, sont remarquables de la seconde.

Du périphérique à la Seine, ce voyage invite à explorer l’épaisseur de la frontière Paris-banlieue et ses pièces urbaines majeures.

Crédits

Conception itinéraire : Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Hauts-de-Seine (CAUE92) Rédaction : Jaouida Zehou, architecte Relectures et révisions : Laure Waast et Yasmine Tandjaoui, architectes - CAUE92 Recherches, documentation et iconographie : Jaouida Zehou, architecte Photographies: Martin Argyroglo

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Mode de mobilité
À vélo
À pied
Type de parcours
Promenade

Aperçu du parcours

Étape 1

Tribunal de Paris

mediaTribunal de Paris. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Après 200 ans d’activités au centre de Paris, sur l’île de la Cité, le nouveau tribunal de Paris s’établit en 2018 à la porte de Clichy. Culminant à 160 m, sa tour est la deuxième plus haute tour à Paris derrière la tour Montparnasse qui culmine à 210 m. Ce monument, commandé par le ministère de la Justice, regroupe sur ses 110 000 m² les services du tribunal de grande instance de Paris et la fusion des 20 tribunaux d’instance d’arrondissement. Son implantation au cœur de la ZAC Clichy-Batignolles incarne la volonté d’abolir la frontière entre la capitale et sa banlieue et de construire un Grand Paris.  Récompensé par le prix de l’Équerre d’argent en 2017, le bâtiment, conçu par l’agence Renzo Piano Building Workshop, s’inscrit dans une écriture bioclimatique. Sa volumétrie compacte articule 4 volumes superposés, séparés par des jardins suspendus, chacun abritant les fonctions d’audience, d’instruction, de siège et de présidence. La réalisation est certifiée HQE (Haute Qualité Environnementale) et labellisée BBC (Bâtiment Basse Consommation).

media Coupe transversale de la tour © Renzo Piano Building Workshop.

Renzo Piano

mediaPortrait de Renzo Piano © Stefan Goldberg.

Né en 1937 à Gênes, Renzo Piano est issu d’une famille d’entrepreneurs (bâtisseurs). L’architecte italien obtient son diplôme en 1964 à l’école polytechnique de Milan avant de travailler pour l’architecte moderniste Louis Kahn à Philadelphie puis pour l’ingénieur polonais Zygmunt Stanislaw Makowski. En 1971, il fonde avec Richard Rogers le studio Piano & Rogers à Londres, avec lequel il remporte à 33 ans le concours pour la réalisation du Centre Pompidou à Paris. De 1977 à 1981, Piano collabore avec l’ingénieur Peter Rice au sein de l’atelier Piano & Rice. Puis il crée en 1981, Renzo Piano Building Workshop avec des antennes à Paris, Gênes et New York. L’agence réalise de nombreux bâtiments avec un rayonnement international dont les plus connus sont le centre culturel Tjibaou à Nouméa, la tour The Shard à Londres et l’aéroport de Kansai à Osaka. Son architecture s’inscrit à ses débuts dans le courant high-tech, valorisant l’expression de la dimension technique et privilégiant les matériaux modernes tels que l’acier, l’aluminium et le verre. Elle se caractérise aussi par la légèreté et la poésie de ses formes. Au fil du temps, elle évolue vers une architecture dite « bioclimatique » qui intègre notamment la ventilation naturelle, la production énergétique et l’inertie des bâtiments. En 1998, la reconnaissance de l’œuvre de Renzo Piano s’est traduite par l’attribution du prix Pritzker.

Autre architecture remarquable

Ensemble de logements de la rue Rebière

Rue Pierre Rebière, Paris 17ᵉ

Cachée entre le boulevard Bessières et le périphérique, la construction de 180 logements rue Pierre Rebière est une passionnante transformation du territoire. Depuis la construction du lycée Honoré de Balzac, ce terrain de 620 m de long sur 25 m est une large rue plantée, considérée comme un délaissé urbain. Il fait partie de la zone urbaine sensible de la Porte Pouchet. Dans le cadre du Grand Projet de Renouvellement Urbain (GPRU), mené par la Ville de Paris et le bailleur social OPAC (devenu Paris-Habitat) en 2003, le groupement d’urbanistes MG-AU (Michel Guthmann Architecture & Urbanisme) et TVK (Trévelo & Viger-Kohler) propose la démolition de la tour Borel, jugée trop proche du périphérique, et le déclassement de la rue Rebière pour y permettre le relogement des habitants. La rue passe de 25 m à 12 m de large, créant une bande de terrain constructible qui devient le site d’expérimentation de 9 agences de jeunes architectes (Hondelatte et Laporte, Atelier Bow-Wow, La Fantastic Agence, Atelier Provisoire, Petitdidier Prioux, Rouselle & Lainé architectes, Bourbouze & Grandorge, EM2N), chacune retenue pour la conception de 20 logements. Elles travaillent ensemble à la réalisation de 17 immeubles originaux, abritant au total 140 logements sociaux et 40 logements privés livrés en 2013. La réhabilitation réussie de la Tour Bois-Le-Prêtre par les architectes Druot et Lacaton & Vassal s’inscrit dans le même projet urbain.

Étape 1

Tribunal de Paris

mediaTribunal de Paris. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Après 200 ans d’activités au centre de Paris, sur l’île de la Cité, le nouveau tribunal de Paris s’établit en 2018 à la porte de Clichy. Culminant à 160 m, sa tour est la deuxième plus haute tour à Paris derrière la tour Montparnasse qui culmine à 210 m. Ce monument, commandé par le ministère de la Justice, regroupe sur ses 110 000 m² les services du tribunal de grande instance de Paris et la fusion des 20 tribunaux d’instance d’arrondissement. Son implantation au cœur de la ZAC Clichy-Batignolles incarne la volonté d’abolir la frontière entre la capitale et sa banlieue et de construire un Grand Paris.  Récompensé par le prix de l’Équerre d’argent en 2017, le bâtiment, conçu par l’agence Renzo Piano Building Workshop, s’inscrit dans une écriture bioclimatique. Sa volumétrie compacte articule 4 volumes superposés, séparés par des jardins suspendus, chacun abritant les fonctions d’audience, d’instruction, de siège et de présidence. La réalisation est certifiée HQE (Haute Qualité Environnementale) et labellisée BBC (Bâtiment Basse Consommation).

media Coupe transversale de la tour © Renzo Piano Building Workshop.

Renzo Piano

mediaPortrait de Renzo Piano © Stefan Goldberg.

Né en 1937 à Gênes, Renzo Piano est issu d’une famille d’entrepreneurs (bâtisseurs). L’architecte italien obtient son diplôme en 1964 à l’école polytechnique de Milan avant de travailler pour l’architecte moderniste Louis Kahn à Philadelphie puis pour l’ingénieur polonais Zygmunt Stanislaw Makowski. En 1971, il fonde avec Richard Rogers le studio Piano & Rogers à Londres, avec lequel il remporte à 33 ans le concours pour la réalisation du Centre Pompidou à Paris. De 1977 à 1981, Piano collabore avec l’ingénieur Peter Rice au sein de l’atelier Piano & Rice. Puis il crée en 1981, Renzo Piano Building Workshop avec des antennes à Paris, Gênes et New York. L’agence réalise de nombreux bâtiments avec un rayonnement international dont les plus connus sont le centre culturel Tjibaou à Nouméa, la tour The Shard à Londres et l’aéroport de Kansai à Osaka. Son architecture s’inscrit à ses débuts dans le courant high-tech, valorisant l’expression de la dimension technique et privilégiant les matériaux modernes tels que l’acier, l’aluminium et le verre. Elle se caractérise aussi par la légèreté et la poésie de ses formes. Au fil du temps, elle évolue vers une architecture dite « bioclimatique » qui intègre notamment la ventilation naturelle, la production énergétique et l’inertie des bâtiments. En 1998, la reconnaissance de l’œuvre de Renzo Piano s’est traduite par l’attribution du prix Pritzker.

Autre architecture remarquable

Ensemble de logements de la rue Rebière

Rue Pierre Rebière, Paris 17ᵉ

Cachée entre le boulevard Bessières et le périphérique, la construction de 180 logements rue Pierre Rebière est une passionnante transformation du territoire. Depuis la construction du lycée Honoré de Balzac, ce terrain de 620 m de long sur 25 m est une large rue plantée, considérée comme un délaissé urbain. Il fait partie de la zone urbaine sensible de la Porte Pouchet. Dans le cadre du Grand Projet de Renouvellement Urbain (GPRU), mené par la Ville de Paris et le bailleur social OPAC (devenu Paris-Habitat) en 2003, le groupement d’urbanistes MG-AU (Michel Guthmann Architecture & Urbanisme) et TVK (Trévelo & Viger-Kohler) propose la démolition de la tour Borel, jugée trop proche du périphérique, et le déclassement de la rue Rebière pour y permettre le relogement des habitants. La rue passe de 25 m à 12 m de large, créant une bande de terrain constructible qui devient le site d’expérimentation de 9 agences de jeunes architectes (Hondelatte et Laporte, Atelier Bow-Wow, La Fantastic Agence, Atelier Provisoire, Petitdidier Prioux, Rouselle & Lainé architectes, Bourbouze & Grandorge, EM2N), chacune retenue pour la conception de 20 logements. Elles travaillent ensemble à la réalisation de 17 immeubles originaux, abritant au total 140 logements sociaux et 40 logements privés livrés en 2013. La réhabilitation réussie de la Tour Bois-Le-Prêtre par les architectes Druot et Lacaton & Vassal s’inscrit dans le même projet urbain.

Étape 2

Boulevard périphérique

mediaLe périphérique. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Imaginé dès 1930 pour alléger la circulation routière sur les boulevards des Maréchaux, le boulevard périphérique de Paris est inauguré le 25 avril 1973. C’est aujourd’hui la route la plus fréquentée d’Europe avec en moyenne 1,1 million de déplacements par jour.  À l’emplacement de la zone non aedificandi des fortifications, érigées au milieu du 19ᵉ siècle par Louis-Philippe, l’édification de cette imposante infrastructure en béton de 35 km de long sur 40 m de large a duré 17 ans et coûté deux milliards de francs (1973). En remblais, en viaduc ou en tranchées, le périphérique matérialise la frontière physique entre Paris et sa banlieue, figurant la dernière enceinte de Paris.  À l’endroit de la porte de Clichy et de la porte Pouchet, les dessous de la mégastructure abritent les espaces techniques de la propreté de Paris, le centre social et culturel Pouchet et un skatepark. Leur récente restructuration participe de la volonté d’opérer une couture urbaine.

mediaZone non aedificandi avant la construction du boulevard périphérique © Archives départementales des Hauts-de-Seine, Fonds Henrard, 20Fi/CLI_n°0011_01.

mediaLe périphérique à son inauguration, 1973 © Archives ville de Paris, H. Baranger & Cie.

Centre culturel et social Pouchet

mediaSous le périphérique, le centre culturel et social Pouchet. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Au printemps 2024, le centre culturel et social Pouchet a quitté la yourte dans laquelle il avait pris ses quartiers face à la tour Bois-le-Prêtre pour s’installer sous son nouveau toit. Dessiné par les architectes Colomer et Dumont (agence MCBAD), le bâtiment se glisse en partie sous le tablier du boulevard périphérique. Enveloppé de métal réfléchissant, il est composé de 3 « longues maisons » avec une toiture à double pente, reliées les unes aux autres. Grace à leurs pignons vitrés, l’activité à l’intérieur du bâtiment est révélée et la frontière entre intérieur et extérieur s’estompe. Le programme se prolonge dans les aménagements extérieurs et concourt à l’animation du quartier. Par sa programmation, sa forme domestique et son implantation, le centre culturel et social renouvelle la lecture de ce territoire, jusqu’ici dominé par l’infrastructure. Il participe à la porosité et à la fluidification du franchissement de la frontière entre Paris et Clichy.

Étape 3

Maison du peuple

mediaLa Maison du peuple. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

En 1935, le maire de Clichy, Charles Auffray, lance un concours pour la couverture du marché en plein air. L’équipe lauréate, constituée des architectes Eugène Beaudoin et Marcel Lods, avec les ingénieurs Jean Prouvé et Vladimir Bodiansky, propose un projet novateur et avant-gardiste. Pour optimiser l’espace, ils proposent un bâtiment flexible et mettent en œuvre les innovations liées au Mouvement moderne telles que la préfabrication et l’industrialisation. Au rez-de-chaussée, les murs-rideaux, non porteurs, sont suspendus à la structure et offrent la possibilité de grandes ouvertures sur la rue. À l’étage, les espaces de bureaux et la salle polyvalente sont modulables en salle de cinéma, grâce à des cloisons et un plancher mobiles. Un toit escamotable permet d’éclairer zénithalement la double hauteur centrale.  Classé au titre de Monument historique en 1984, le bâtiment est restauré en 1993 par Hervé Baptiste, architecte en chef des Monuments historiques.

Une équipe de bâtisseurs visionnaires

L’équipe de conception de la Maison du peuple est composée de 4 bâtisseurs visionnaires et reconnus. Côté architectes, Eugène Beaudoin (1898-1983) étudie aux Beaux-Arts de Paris, au sein de l’atelier Pontremoli, où il rencontre Marcel Lods (1891-1978). Après avoir travaillé ensemble pour l’oncle de Beaudoin, le duo s’associe de 1930 à 1940 et œuvre à la production de logements collectifs de l’entre-deux-guerres. Ils sont épaulés, côté ingénieurs, par Vladimir Bodiansky (1894-1966) et Jean Prouvé (1901-1984). Bodiansky, ingénieur d’origine russe, apporte son expertise technique dans les structures et les systèmes de construction. Jean Prouvé, quant à lui, est un pionnier de la préfabrication et de la production industrielle en architecture. Précurseurs de l’architecture moderne, Beaudoin et Lods développent de nouvelles méthodes constructives et recourent à la préfabrication. Les collaborations avec les deux ingénieurs sont régulières. Avec Bodiansky, ils construisent la cité de la Muette à Drancy et avec Jean Prouvé l’école de plein air de Suresnes et l’aéroclub de Buc.

media  Coupe transversale © Fonds Lods. Académie d'architecture/Cité de l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture contemporaine.

Les innovations techniques de la Maison du peuple

Remarquable édifice public en construction métallique légère, la Maison du peuple rassemble plusieurs innovations techniques lui offrant une grande flexibilité de modulation et d’usage.  En façade, les murs-rideaux, parois suspendues à la structure qui n’ont pas de fonction porteuse, coulissaient les jours de marché, effaçant la frontière avec la rue. Composés d’une partie pleine en tôle d’acier laminée et d’une large partie vitrée, les panneaux sont maintenus par des raidisseurs verticaux, fabriqués par la société Schwartz-Haumont. À l’intérieur, la double hauteur pouvait être refermée grâce à un plancher amovible constitués de modules, libérant « l’armoire à plancher » dans laquelle ils étaient stockés. L’alcôve servait alors de scène de spectacles ou de salle des fêtes. Ce plancher fut cimenté en position fermé dans les années 1970. À l’étage, soixante panneaux coulissants de 7 mètres de haut et de composition similaire aux murs-rideaux pouvaient enclore la trémie centrale et créer des espaces plus confinés pour des séances de cinéma ou des conférences. En toiture, les trois chais vitrés mobiles glissaient le long de rail pour réaliser des évènements en plein air. Cette ouverture assurait aussi la ventilation les jours de marché.

media Vue intérieure © Fonds Lods. Académie d'architecture/Cité de l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture contemporaine.

media Vue intérieure © Fonds Lods. Académie d'architecture/Cité de l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture contemporaine.

Étape 4

L'Oréal (siège social)

mediaL'Oréal. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

À l’angle de la rue Martre et de la rue Henri Barbusse, une savonnerie est implantée au 19ᵉ siècle. Reprise par la société des Savons français, le premier produit « Monsavon » y est fabriqué en 1920. L’usine et la marque sont acquises en 1928 par le chimiste Eugène Schueller (1881-1957). Fondateur de la société française de teintures inoffensives pour les cheveux, il y installe sa production de cosmétiques qui deviendra L’Oréal. En 1978, l’usine est démolie, faisant place au siège de l’entreprise, réalisé par l’architecte Alain Bailly. Les bâtiments, aux lignes de Style international, se caractérisent par l’habillage métallique violet des façades tramées avec une dominante horizontale et des éléments ponctuels en revêtement de briques. Une extension est réalisée par l’agence Wilmotte en 2014. En 2024, la marque L’Oréal est implantée sur 6 sites clichois consolidant le lien entre la ville et l’industrie.

mediaIndustries manufacturières à Clichy, vues aériennes entre 1945 et 1975, Roger Henrard © Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion Grand Palais Rmn Photo.

Autre architecture remarquable

Conservatoire municipal Léo Delibes (2009)

59 rue Martre, Clichy

mediaConservatoire municipal Léo Delibes © Michel Denancé.

Depuis 2009, le nouveau conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique Léo Delibes accueille 1300 élèves dans un bâtiment conçu par l’architecte Bernard Desmoulin. Tenant son nom du célèbre compositeur qui vécut à Clichy à partir de 1870, l’équipement est composé de 34 salles, comprenant un auditorium, des studios de répétition ainsi que des salles de danse et de pratique instrumentale. Son concept architectural repose sur le principe de la double enveloppe en lien avec son implantation la route départementale (rue Martre). À l’extérieur, la façade déploie une trame régulière de poteaux en acier et de grands vitrages entrecoupés horizontalement par les nez de dalles. Cette peau laisse entrer la lumière dans la coursive qui longe la rue sur 80 m et crée un jeu de co-visibilité entre le dedans et le dehors. Elle est parfois interrompue par de grands rectangles de tôles pleines en inox poli, miroir dans laquelle la ville se reflète. À l’intérieur, un grand volume en béton brut, posé sur des appuis résilients, permet de répondre à des contraintes acoustiques fortes liées aux besoins des musiciens et de composer avec la proximité de la ligne de métro 13. Ponctuellement habillé de feuilles d’or, ce béton banché revêt une certaine préciosité. L’architecte et la Ville de Clichy à l’origine de l’œuvre reçoivent à l’automne 2009 le prix de l’Équerre d’argent.

mediaConservatoire municipal Léo Delibes © Michel Denancé.

L'Équerre d’argent

Cette récompense, créée en 1960 par la revue l’Architecture française et reprise par le groupe de presse Le Moniteur, gratifie chaque année l’équipe de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre d’une architecture réalisée en France. Elle est remise par le ministre de la Culture et attribuée par un jury d’architectes, de critiques d’architecture et de promoteurs. Au cours de ce parcours, plusieurs réalisations ont été récompensées par l’équerre d’argent, respectivement : le tribunal de Paris de Renzo Piano Building Workshop (2017), la réhabilitation de la Tour Bois-le-Prêtre rue Rebière de l’agence Lacaton Vassal et Frédéric Druot (2011), le conservatoire Léo Delibes de l’architecte Bernard Desmoulin (2009).

Étape 5

Allées Gambetta

mediaAllées Gambetta. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Large de 40 m et longue de 410 m, la promenade linéaire des allées Gambetta, pensée par l’architecte voyer Bertrand Sincholles est inaugurée en 1908. Elle constitue un axe paysager structurant de la commune, qui relie, sous le couvert de quatre rangées d’arbres, le parc Roger-Salengro à la place François Mitterrand, renforçant son état de jardin urbain. Son ordonnancement, marqué par l’esthétique de l’époque, digne évocateur des squares haussmanniens, influence encore aujourd’hui le sentiment de se trouver face à l’un de ces jardins de proximité dispersés à dessein dans Paris au cours du 19e siècle. Sur la partie ouest, le square, mi-place publique mi-jardin municipal, doit son état hybride à l’évolution de ses attributions. Il a été décidé par décret communal en juillet 1883 comme place publique. L’installation du kiosque alors prévu ne sera effective qu’en 1896, et la place est plantée à cette occasion. Un alignement de marronniers axe la composition de l’ensemble sur le kiosque. Deux larges parterres latéraux renforcent cette ligne tandis qu’un mail périphérique accompagne chaussées et fronts bâtis adjacents.

Autre architecture remarquable

Entrepôts du Printemps

69 boulevard du Général Leclerc, Clichy

media Atelier du Printemps © Archives départementales des Hauts-de-Seine - cote FRAD092_9FI_CLI_0165.

Construit autour de 1908, le bâtiment principal des entrepôts des magasins du Printemps est conçu par les architectes René Simonet et Ernest Papinot, et les ateliers d’ossatures métalliques Moissant et Savey. Pensé pour être modulable, il accueille des espaces de stockage, des ateliers de confection et des bureaux. Sa façade se distingue par le fronton en forme d’arcade plein cintre, portant la mention « Grands magasins du Printemps » sur un décor en céramique et grès flammé d’inspiration Art Nouveau créé par Alexandre Bigot. En 1923, une extension est réalisée par les architectes Georges Wybo et Demoisson et l’entreprise pionnière du béton armé Hennebique. Situé à gauche du bâtiment métallique, l’édifice à angle droit, en béton et remplissage de briques, s’inscrit dans l’écriture fonctionnaliste de l’époque. Enfin, en 1993, les architectes Reichen et Robert réalisent une nouvelle extension pour accueillir le siège social de la FNAC (jusqu’en 2008). Elle prend place aux limites de la parcelle, de part et d’autre des réalisations antérieures, et ménage des retraits pour mettre en valeur les façades du bâtiment initial, inscrit aux Monuments historiques en 1991.

Étape 6

Hôpital Beaujon

mediaL'hôpital Beaujon. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

L’hôpital Beaujon a été commandité par l’Assistance Publique en remplacement de l’hôpital éponyme, vétuste et exigu, implanté rue du Faubourg-St-Honoré à Paris depuis 1784. Un concours est lancé pour sa reconstruction sur un terrain de 12 ha à Clichy. Ce choix de site, à la fois accessible par deux grands axes et proche de la Seine, amorce la politique à venir de décongestion hospitalière au profit de la banlieue. La proposition de Jean Walter, en collaboration avec Urbain Cassan et Louis Plousey, portant sur un modèle « monobloc » d’inspiration américaine, est lauréate. Cette typologie en hauteur présente l’avantage d’être économique et fonctionnelle. Le complexe, construit entre 1932 et 1935, accueille 1000 lits répartis sur 12 étages. Sa composition symétrique, orientée nord-sud, déploie plusieurs bâtiments dont le principal, réservé aux hospitalisations, dessert 4 ailes (R+12) terminées par des escaliers de secours. Ces espaces bénéficient de la lumière du Sud et participent au confort des patients.  En 2004, l’hôpital a été labellisé Patrimoine du XXᵉ siècle par le ministère de la Culture et de la Communication.

media Hôpital Beaujon dans son environnement d'époque, vues aériennes entre 1945 et 1975, Roger Henrard© Archives départementales des Hauts-de-Seine, Fonds Henrard, 20Fi/CLI_n°0021_01.

mediaHôpital Beaujon, vues aériennes entre 1945 et 1975, Roger Henrard © Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion Grand Palais Rmn Photo.

Étape 7

SIAAP

media Le SIAAP. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

L’usine élévatoire des eaux d’égout de la Ville de Paris, plus communément appelée SIAAP, en référence au Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne qui la gère, est un site de traitement des eaux usées en lien direct avec la Seine voisine. Construite une première fois en 1890, dans la continuité des travaux haussmanniens du Second Empire, une nouvelle usine est rebâtie en 1936 par les Établissements Ed. Zublin et Cie, l’architecte Gaston Lefol et l’ingénieur Pierre Koch. Ce bâtiment technique, en béton et en remplissage de briques, témoigne de l’interaction entre Paris et sa banlieue, par l’installation d’infrastructures dépassant les besoins des communes qui les accueillent. La façade principale donnant sur la Seine, dessinée dans un style Art déco, présente plusieurs éléments ornementaux remarquables, notamment le blason de la ville de Paris et la grille en fer forgé. Les petits carreaux blancs et la bichromie avec le bleu clair proviennent de modifications datant de 1983 et 1996.

media L'activité industrielle et la proximité avec la Seine © Archives départementales des Hauts-de-Seine, Fonds Henrard, 20Fi/CLI_n°0020_01.

Étape 8

La Seine

mediaLa Seine. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Frontière géographique de la ville, la Seine est indissociable du développement industriel et de la structure urbaine de Clichy. L’aménagement actuel des berges reflète les différentes dynamiques en jeu pour la commune. La centrale à béton, le SIAAP et le passage des péniches transportant sables, ciments et graviers témoignent de l’usage industriel, productif et technique de cette infrastructure liquide. La présence d’arbres d’alignement, l’aménagement des quais pour les piétons et les joggeurs, l’installation prévue d’un centre d’activités culturel et sportif dans la péniche « Touta », préfigurent un usage d’agrément et de plaisance. Le point de vue dégagé vers le quartier d’affaires de La Défense, ajoute un intérêt supplémentaire à ce paysage valant patrimoine géographique.

La péniche Touta

mediaPéniche du Touring Club de France au port des Invalides © André Zucca/NA/Roger-Viollet.

Transférée au port de Clichy depuis 2006, la péniche « Touta » a vécu plusieurs vies et s’apprête à une nouvelle transformation. Construite en ciment armé en 1919, elle est acquise par le Touring club de France en 1934 et amarrée au port des Champs-Élysées. En 1937, elle devient la propriété du commissariat général norvégien qui l’aménage pour l’Exposition universelle. Espace associatif pendant la guerre, elle est rachetée par le Touring en 1951. Sa reconversion en boite de nuit pour le Palace est étudiée en 1982 par l’architecte Patrick Berger, mais le projet tombe à l’eau. L’équipe de l’émission Thalassa, à la recherche de locaux, s’installent sur la péniche désormais arrimée dans le 15<sup>ème</sup> arrondissement de Paris à proximité du siège de France Télévisions. Elle sert de lieu de tournage des émissions entre 1986 et 1998, avant la construction de la péniche propre de l’émission. Arrivée à Clichy, elle est surélevée par l’installation de structures légères sur le ponton, lui permettant d’accueillir des espaces de réceptions et prend le nom de Touta. En 2021, la péniche est rachetée par le département des Hauts-de-Seine et la Ville de Clichy, pour y installer un centre d’activités culturel et sportif.

Les îles disparues de la Seine

mediaIles disparues, vues aériennes entre 1945 et 1975, Roger Henrard © Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion Grand Palais Rmn Photo.

La Seine, telle qu’on la perçoit aujourd’hui, est le résultat de nombreuses interventions humaines, allant de la construction des quais à l’approfondissement de son lit. La fluidification de la circulation fluviale ou la lutte contre les crues ont en outre mené à des transformations surprenantes. La disparition des deux îles alluvionnaires situées entre Clichy et Asnières-sur-Seine en témoigne. Jusqu’en 1970, le pont de Clichy enjambait en effet deux îles : au nord, l’île des Ravageurs et au sud, l’île Robinson. La première tenait son nom de l’activité des « ravageurs » (chiffonniers) qui récupéraient les matériaux tombés dans le fleuve pour les revendre. Elle accueille dès 1899 le cimetière des chiens, désormais à quai. La seconde était exploitée par l’un des industriels locaux pour y stocker son charbon. En 1970, l’île des Ravageurs est rattachée à Asnières par comblement du bras situé rive droite. En 1976, l’île Robinson est détruite, ses terres serviront de remblais au nouveau pont de Clichy. La toponymie garde la trace de ces deux îles. Le parc créé à Asnières sur les terres de l’île Robinson en pris le nom avant d’être raccourci à « parc Robinson », le quai qui le borde celui « quai de l’île aux ravageurs ». La route départementale, qui constituait l’ancienne limite avec la Seine, nommée quai du Dr Dervaux et quai Aulagnier témoigne également de cette transformation du paysage.

Étape 9

Parc des Impressionnistes

mediaParc des Impressionnistes. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Situé dans le quartier du Bac d’Asnières, au croisement de la Seine et des voies de chemin de fer, le parc des Impressionnistes est érigé sur les traces de l’intense activité industrielle du secteur. À 6 m au-dessus de la ville, sa topographie découle d’importants remblais, issus du chantier de la construction de la tour Eiffel, réalisés pour ajuster le niveau du sol à celui de la plateforme ferroviaire. En effet, le terrain, occupé jusqu’en 1964 par sept gazomètres érigés par Gustave Eiffel, est divisé en deux. La partie est, propriété de la Ville de Paris, était, jusqu’il y a peu, utilisée par Gaz de France. La partie ouest est transformée en grand parc urbain de 5,2 ha dessiné par les paysagistes de l’agence HYL entre 2006 et 2009. Leur démarche propose de « réinterpréter les éléments simples et traditionnels de l’Art des Jardins : le bosquet, la clairière, le parcours et la promenade, la vue sur le ciel ».

mediaGazomètres, vues aériennes entre 1945 et 1975, Roger Henrard © Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion Grand Palais Rmn Photo.

mediaPont d'Asnières et usine à gaz © Archives départementales des Hauts-de-Seine - cote FRAD092_9FI_CLI_0154.

Étape 10

Cité des cheminots

mediaCité des cheminots. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

À proximité de la gare Clichy-Levallois, l’ensemble de logements destinés aux employés des chemins de fer est composé d’un groupement de maisons en série mitoyennes et de maisons jumelées dites Villa Émile (1887) ainsi que de 5 immeubles à cour commune du 38 rue de Neuilly (1920). Ces derniers, imaginés dans les années 1920 par l’architecte Urbain Cassan, sont constitués de 4 bâtiments mitoyens côté est et un bâtiment unique côté ouest en entrée de parcelle. Cette composition offre une façade sur rue symétrique et une cour intérieure d’agrément plantée. Chaque bâtiment s’élève sur 6 niveaux dont un sous-sol et s’organise selon un plan en étoile. Les cages d’escalier centrales distribuent 3 appartements par niveau, 2 trois-pièces et 1 deux-pièces. Grâce à la disposition en étoile, chaque appartement bénéficie de 3 orientations, d’un ensoleillement et d’une ventilation naturelle. Ces logements collectifs s’inscrivent ainsi dans l’architecture hygiéniste de l’époque.

media Les faisceaux ferroviaires à Clichy © Archives départementales des Hauts-de-Seine, Fonds Henrard, 20Fi/CLI_n°0014_01

Autre architecture remarquable

Piscine municipale Gérard Durant

34 rue Valiton, Clichy

mediaPiscine municipale Gérard Durant. CAUE-IDF, Archipel francilien, 2024 © Martin Argyroglo.

Construite en 1968 par l’architecte Jean-Claude Dondel (1904-1989), la piscine Gérard Durant est un bâtiment d’inspiration moderniste. Elle se distingue par sa volumétrie simple composée d’une grande halle, réservée aux bassins, surmontée d’une toiture monopente ainsi que d’un volume parallélépipède sur deux niveaux accueillant la séquence d’entrée (en léger retrait), les vestiaires et les espaces techniques. Les façades sont un assemblage élégant de parties pleines en briques rouge bordeaux et de différentes ouvertures. Au nord et à l’est, elles sont percées de longs bandeaux de baies filantes, motif caractéristique du Mouvement moderne. Au sud, un large mur-rideau vitré éclaire les bassins et prolonge l’espace vers le solarium et les terrains de sports voisins. Enfin à l’ouest, à proximité de l’entrée et de son auvent en béton légèrement saillant, des claustras en briques préservent visuellement les baigneur·e·s depuis la rue, tout en laissant pénétrer une lumière douce en fin de journée. En 2007, l’agence Enia architectes réhabilite le bâtiment et réalise une résille en Béton Fibré Ultra Hautes Performances pour améliorer les performances thermiques de la façade sud.

media Piscine municipale Gérard Durant © Fonds Dondel. SIAF/Cité de l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture contemporaine.

Activités annexes

Nous vous proposons de découvrir des lieux d'intérêt situés à proximité de votre itinéraire. Vous pourrez les retrouver sur la carte du parcours qui vous guidera.

Accéder au au parcours

Tramway


Départ : Tribunal de Paris, à 4 mn à pied de la station Porte de Clichy, tram ligne T3b

Métro


Départ : Tribunal de Paris, à 2 mn à pied de la station Porte de Clichy, métro lignes 13 et 14, sortie parvis du Tribunal de Paris


Arrivée : Cité des cheminots, à 7 mn à pied de la station Mairie de Clichy, métro ligne 13 et de la Gare Clichy-Levallois, transilien ligne L

RER


Départ : Tribunal de Paris, à 4 mn à pied de la station Porte de Clichy, RER C

Train


Arrivée : Cité des cheminots, à 7 mn à pied de la Gare Clichy-Levallois, transilien ligne L