Énigmes à Paris Rive Gauche

© Guilhem Vellut

Entre passé et présent

La partie du 13ᵉ arrondissement que vous observez devant vous a évoluée selon une toute nouvelle façon de construire la ville. On peut y croiser des constructions de hauteurs et d’époques très différentes. Ce quartier impressionnant cache bien son passé industriel. Vous en retrouverez des traces grâce à la conservation de quelques bâtiments.

© Martin Argyroglo

Vous vous retrouvez sur la place suspendue au-dessus de la Seine imaginée par l’architecte Dietmar Feichtinger. La passerelle se compose de deux circulations qui se croisent, créant au centre une sorte de lentille, comme un œil qui surveille le fleuve ou bien le dessin d'un poisson.

© CAUE de Paris

Préfabriquée en Alsace en 2005 puis montée à Paris en en 2006, elle a permis d’ouvrir le quartier en reliant le 12ᵉ et le 13ᵉ arrondissement séparés par la Seine. C’est la 4ᵉ passerelle de Paris qui permet seulement la traversée des mobilités douces.

© Martin Argyroglo

© Martin Argyroglo

La Bibliothèque François-Mitterrand est l’endroit où a été posé la première pierre du quartier. À l’origine de ce projet, un concours avec plus de 250 propositions ! L’architecte Dominique Perrault le remporte avec son projet sur quatre niveaux :

Plan schématique de la bibliothèque François Mitterrand © CAUE de Paris

• les quatre tours, nommées Tour des nombres, Tour des lois, Tour des temps et Tour des lettres ;

• l'esplanade où il est possible de circuler librement et qui est devenue un lieu de rassemblement ;

• le sous-sol, un espace dédié aux salles de lecture, de conférences et d’expositions qui profitent de l’ombre des feuillages de l’îlot végétal ;

• le jardin forêtsur un hectare. Le jardin est pensé comme un cloître ou un jardin japonais dont on peut faire le tour sans en perturber la tranquillité car l'accès est strictement interdit !

© Martin Argyroglo

© CAUE de Paris - J-B Vicquelin

Et si tous les immeubles que vous apercevez le long de cette grande avenue tenaient sur une dalle de béton au-dessus d’un réseau de chemins de fer ?

C’est le cas ! Ces grands immeubles ne sont que la partie immergée de l’iceberg puisque sous vos pieds, se trouvent de nombreux chemins de fer qui mènent à la Gare d’Austerlitz. Mais ne vous inquiétez pas, cette dalle a été fabriquée de façon à supporter tout ce quartier et protéger le trafic qui est en-dessous.

Vue panoramique prise depuis le Pont de Tolbiac, Lansiaux, 1916 © Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Au bout de cette avenue vous apercevez déjà les plus grandes tours de ce quartier dont on parlera dans une prochaine étape.

© Martin Argyroglo

Ce bâtiment fait partie des rares qui ont été conservés dans ce quartier. On l’appelle Les Frigos parce qu’à son origine les trains venaient jusqu’ici y décharger leur marchandise et les conserver dans des entrepôts frigorifiques.

© François Morard

Après 15 ans d'abandon, des peintres, des musiciens, des sculpteurs, des architectes et des décorateurs l’ont réinvesti et aménagé en un lieu culturel constitué d'environ 90 ateliers. Le bâtiment a la particularité d'être très bien isolé thermiquement et phoniquement, ce qui en fait un lieu de prédilection pour les artistes. Que ce soit des odeurs de plâtre, de peinture ou bien des mélodies inventées, rien ne sortira de ce frigo !

© Martin Argyroglo

Ce bout de ville était un quartier où l’aménagement favorisait les activités industrielles. Aujourd’hui on retrouve ici de nombreux jardins et espaces publics aux usages multiples.

© Guilhem Vellut

L'ensemble des jardins des Grands Moulins se compose de trois espaces :

• le jardin central composé de prairies fleuries naturelles, d’un parvis et d’une terrasse.

• le jardin de l'Avenue-de-France équipé d'espaces de jeux collectifs.

• le jardin des Écoles, avec des espaces de jeux destinés au jeune public .

Photo de la passerelle de nuit

Comme des oiseaux de nuit, il est possible de survoler le parc central en dehors des heures d’ouverture grâce à une passerelle aérienne et lumineuse. Vous passerez alors de bâtiments anciens au nouveau quartier sur dalle.

© Martin Argyroglo

Les Grands Moulins, un autre bâtiment conservé de l'époque industrielle de ce quartier, est une ancienne meunerie. Évidemment, on n'y retrouve plus un grain de farine ni de céréale aujourd’hui ! À la place, un bâtiment accueille la bibliothèque et le service administratif de l’université Diderot située à côté.

S’il n’a pas beaucoup changé c’est parce que l’architecte Rudy Ricciotti, en charge des rénovations, a surtout redessiné l'intérieur afin de l'ouvrir et de créer de plus grands espaces. De l’extérieur, les façades aveugles sont désormais percées, les volumes et ornementations gardées pour conserver le style néoclassique du bâtiment. Des résilles en béton habillent aujourd'hui les fenêtres.

© CAUE de Paris - J-B Vicquelin

Vous vous trouvez dans un des sous-quartiers du projet Paris Rive Gauche élaboré par l'architecte et urbaniste Christian de Portzamparc. Autour de vous, observez les îlots : les bâtiments ne sont pas répliqués à l'identiques. Séparés les uns des autres, les immeubles profitent de la lumière et de vues depuis toutes leurs façades. Les concepteurs ont pu laisser libre cours à leur créativité, en imaginant des bâtiments aux façades de couleurs et rythmes différents. C'est ce que l'on appelle un îlot ouvert.

En vous baladant dans ce quartier la diversité des rythmes, des formes, des couleurs et des styles vous feront lever la tête. N'oubliez pas de regarder aussi à votre niveau, vous risqueriez de rater les grandes percées visuelles qui traversent les rez-de-chaussée des îlots souvent sur pilotis.

© Martin Argyroglo

En vous éloignant de l'avenue de France, vous allez apercevoir les différences de niveaux du quartier. Regardez juste en bas de la rambarde à gauche du bâtiment, vous pouvez voir la ligne du sol initial. Le bâtiment INALCO BULAC connecte les différents niveaux, c'est à la fois une université de langue et une bibliothèque.

© Guilhem Vellut

Depuis le trottoir d'en face, ce bâtiment ressemble à un assemblage de briques, c'est d'ailleurs le matériau utilisé pour recouvrir la plupart de ses façades. Quelle coïncidence !

© Martin Argyroglo

Le bâtiment a été construit en 1933. À cette époque, la France traverse une grosse crise économique et beaucoup cherchent à se loger désespérément. Le Corbusier, un architecte français très connu, imagine ce bâtiment avec d’importants espaces communs comme des crèches, des lieux de restauration ou bien de loisirs. Il accueille les personnes les plus démunies depuis plus de 80 ans !

© Fred Romero

Comme tous les anciens bâtiments de ce quartier, il a été rénové. Au départ il était possible de loger plus de 500 personnes, depuis les chambres ont été agrandies et sont moins nombreuses.

© Martin Argyroglo

Construite en 1863, la gare Masséna est une ancienne station de la petite ceinture, puis du RER C. Elle est à cheval entre les voies de la petite ceinture, la dalle accueillant le quartier Paris Rive Gauche et l’ancien niveau des rues du quartier.

Vous l'aurez deviné, cette ancienne gare ne va pas rester inchangée. En 2016, suite à l'appel à projet pour "réinventer Paris", une équipe fait mouche en proposant d'y regrouper dans un lieu central tous les aspects de l’alimentation. On pourra y explorer au quotidien un cycle complet : production, transformation, commercialisation. Tout cela regroupé dans une "micro-ville" verticale, sous la forme d’une tour, collée à la gare qui sera réhabilitée.

© Martin Argyroglo

Depuis la fin de leur construction en 2021, on aperçoit ces tours qui indiquent de loin la séparation entre Paris et Ivry-sur-Seine. Ce projet imaginé par l’atelier Jean Nouvel nous donne l’impression que ces tours dansent ensemble. À leurs pieds, le trafic du périphérique se reflète dans les vitres inclinées et renforce l’impression de mouvement.

© CAUE de Paris - J-B Vicquelin

Au programme, de nouveaux immeubles devraient continuer d’apparaître et de remplir cette solide dalle. Rendez-vous en 2030 pour voir la fin de ce grand projet !