Nogent-sur-Marne, le long du coteau
Nogent-sur-Marne
S’inscrivant dans une boucle de la Marne, Nogent-sur-Marne s’étage sur un coteau qui domine la rivière. En vous y baladant, découvrez un panorama mêlant patrimoine bâti et paysager.
Durant cette balade, vous croiserez également quelques exemples inspirants à l’aune des nouveaux enjeux de conservation-transformation du patrimoine.
Bibliographie :
Nogent et le Perreux, l’eldorado en bord de Marne, Inventaire général du patrimoine culturel, 2005, 144p.
Nogent-sur-Marne, cité modèle, Emmanuel Bellanger, Julia Moro, Éditions La Découverte, 2017, 223p.
« La bibliothèque Smith-Lesouëf à Nogent-sur-Marne, une fondation bien particulière », article publié dans la revue Livraisons d’Histoire de l’Architecture, n°11, 1er semestre 2006, Isabelle Duhau, 13p.
Techniques et Architecture, n°365, 1986, p. 67-68-68, “Cité d’artistes, Nogent-sur-Marne”, Arc Architecture, Jean-Claude Bernard architecte.
https://www.fondationdesartistes.fr/
Remerciements :
La Direction de la Culture de la Région Île-de-France
La ville de Nogent-sur-Marne
Le Pavillon Baltard
Le Musée intercommunal de Nogent-sur-Marne
JFS architectes
Dominique Tessier architecte
Jean-Claude Bernard architecte
La Cité de l’architecture et du patrimoine
La Fondation des Artistes
Aperçu du parcours
Le Pavillon Baltard
©Martin Argyroglo
Le pavillon Baltard est l’unique vestige des Halles de Paris. Il est classé Monument Historique en 1982.
Les Halles centrales ©Musée intercommunal de Nogent-sur-Marne
Initialement conçu par Victor Baltard sur ordre de Napoléon III, ce marché couvert comptait dix bâtiments reliés par des galeries. Construit entre 1850 et 1870, il devient l’emblème d’un nouveau type de construction fait de verre, de fer et de fonte (matériau habituellement masqué). L’usage du métal, outre ses performances techniques, contribue à l’expression de nouvelles formes architecturales plus légères et baignées de lumière.
Remontage du pavillon, années 1976 ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 1FI1231
Vers 1970, après le déménagement des Halles de Paris vers le marché international de Rungis, l’ensemble est néanmoins démoli pour permettre l'aménagement de la future gare RER et du Forum des Halles. Suite aux protestations, le président Pompidou accepte cependant de sauver un pavillon. La ville de Nogent-sur-Marne, convaincue qu’un tel bâtiment peut devenir une formidable salle de spectacle, se porte acquéreur.
Pose d’un pilier du pavillon Baltard, 1976. Michel Guy, secrétaire d’état à la Culture accompagne Roland Nungesser, député-maire de Nogent ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 2FI554
Le 13 août 1972, le premier ministre Jacques Chaban-Delmas notifie à Roland Nungesser, député-maire de Nogent l’obtention du pavillon « afin de sauvegarder un témoignage unique de la première architecture métallique ».
La structure est magnifiée par un décor d’arabesques, de volutes. ©Martin Argyroglo
Le pavillon est alors installé sur un site stratégique qui surplombe la vallée, à l’emplacement de l’ancien Château de Beauté-sur-Marne.
Le pavillon vu depuis Joinville-le-Pont dans les années 1980 ©Archives Départementales du Val-de-Marne, 2FI052-000641
Il subit quelques modifications :
Les façades à claire-voie, qui permettaient une bonne ventilation des halles, sont remplacées par des vitres fumées. Les murs en briques rouges sont remplacés par un décor de grès bleu. La structure est repeinte en bleu à l’extérieur et en vert à l’intérieur. Une mezzanine est ajoutée pour consolider le bâtiment.
©Martin Argyroglo
Le déplacement de ce pavillon constitue un bel exemple de conservation-reconversion d’un bâtiment patrimonial. Il est transformé en lieu culturel polyvalent et accueille actuellement de nombreux évènements.
Entrée de métro Guimard ©CAUE 94
Après l’installation du pavillon, la commune poursuit un projet de « conservatoire du patrimoine parisien » en achetant notamment un morceau d’escalier de la tour Eiffel, une vespasienne et l’entrée Guimard de la station de métro George V. Devant le pavillon, on trouve également une colonne Morris et une fontaine Wallace.
Le Pavillon Baltard
©Martin Argyroglo
Le pavillon Baltard est l’unique vestige des Halles de Paris. Il est classé Monument Historique en 1982.
Les Halles centrales ©Musée intercommunal de Nogent-sur-Marne
Initialement conçu par Victor Baltard sur ordre de Napoléon III, ce marché couvert comptait dix bâtiments reliés par des galeries. Construit entre 1850 et 1870, il devient l’emblème d’un nouveau type de construction fait de verre, de fer et de fonte (matériau habituellement masqué). L’usage du métal, outre ses performances techniques, contribue à l’expression de nouvelles formes architecturales plus légères et baignées de lumière.
Remontage du pavillon, années 1976 ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 1FI1231
Vers 1970, après le déménagement des Halles de Paris vers le marché international de Rungis, l’ensemble est néanmoins démoli pour permettre l'aménagement de la future gare RER et du Forum des Halles. Suite aux protestations, le président Pompidou accepte cependant de sauver un pavillon. La ville de Nogent-sur-Marne, convaincue qu’un tel bâtiment peut devenir une formidable salle de spectacle, se porte acquéreur.
Pose d’un pilier du pavillon Baltard, 1976. Michel Guy, secrétaire d’état à la Culture accompagne Roland Nungesser, député-maire de Nogent ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 2FI554
Le 13 août 1972, le premier ministre Jacques Chaban-Delmas notifie à Roland Nungesser, député-maire de Nogent l’obtention du pavillon « afin de sauvegarder un témoignage unique de la première architecture métallique ».
La structure est magnifiée par un décor d’arabesques, de volutes. ©Martin Argyroglo
Le pavillon est alors installé sur un site stratégique qui surplombe la vallée, à l’emplacement de l’ancien Château de Beauté-sur-Marne.
Le pavillon vu depuis Joinville-le-Pont dans les années 1980 ©Archives Départementales du Val-de-Marne, 2FI052-000641
Il subit quelques modifications :
Les façades à claire-voie, qui permettaient une bonne ventilation des halles, sont remplacées par des vitres fumées. Les murs en briques rouges sont remplacés par un décor de grès bleu. La structure est repeinte en bleu à l’extérieur et en vert à l’intérieur. Une mezzanine est ajoutée pour consolider le bâtiment.
©Martin Argyroglo
Le déplacement de ce pavillon constitue un bel exemple de conservation-reconversion d’un bâtiment patrimonial. Il est transformé en lieu culturel polyvalent et accueille actuellement de nombreux évènements.
Entrée de métro Guimard ©CAUE 94
Après l’installation du pavillon, la commune poursuit un projet de « conservatoire du patrimoine parisien » en achetant notamment un morceau d’escalier de la tour Eiffel, une vespasienne et l’entrée Guimard de la station de métro George V. Devant le pavillon, on trouve également une colonne Morris et une fontaine Wallace.
Vue sur les boucles de la Marne
©Martin Argyroglo
Les bords de Marne sont marqués par des coteaux très proches de l’eau, formant les fameuses boucles de la Marne.
À Nogent, le coteau atteint une hauteur de 28 mètres et descend en pente douce vers la rivière dans une ambiance paysagère remarquable.
Photo aérienne-années 1980 ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 4FI166
Dès la fin du 19ème siècle, avec le développement du chemin de fer, le territoire s’est rapidement transformé et les paysages ruraux et agricoles sont devenus une banlieue pavillonnaire.
©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 11Z9
Le parc interdépartemental du Tremblay
À Champigny-sur-Marne, visibles sur la rive d’en face, les 75 hectares du parc départemental du Tremblay forment une emprise paysagère exceptionnelle dans le Val-de-Marne.
Cet ancien domaine seigneurial, partiellement loti dans la 2ème moitié du 20ème siècle, est transformé en hippodrome en 1906.
Parc interdépartemental du Tremblay ©CAUE 94
En 1965, l’idée de créer un vaste centre sportif est retenue suite aux travaux d'aménagements prévus dans le cadre des jeux olympiques.
Il est aujourd’hui le plus vaste des six parcs interdépartementaux entourant la capitale et le premier parc français de détente et de loisirs où pratiquer différentes activités sportives (golf compact, bicross, tennis, beach-volley, football, …)
Les anciens réservoirs de Saint-Maur-des-Fossés
Les anciens réservoirs de Saint-Maur-des-Fossés ©CAUE 94
Au milieu de cette étendue verte trônent les anciens réservoirs de Saint-Maur-des-Fossés dessinés par l'architecte Serge Macel et édifiés en 1975 par la commune. Le projet fit polémique quant à sa situation en bordure de rivière.
En 2016, la municipalité vote la fin de la gestion municipale de l’eau. Les réservoirs, d’une capacité de 24 000 m3, qui permettent de stocker l’équivalent pour la ville de deux jours de consommation, sont actuellement conservés par le Sedif (syndicat des eaux d’Île-de-France).
Projet de transformation des anciens réservoirs de Saint-Maur-des-Fossés ©Morgane Cozic
En 2019, dans le cadre de son partenariat avec l’école d’architecture Paris-Val-de-Seine, le CAUE du Val-de-Marne a proposé aux étudiants du Master 2 « Transformations », de travailler sur les réservoirs pour leur Projet de fin d'études.
L'étudiante Morgane COZIC s'est emparée du sujet en imaginant différents usages possibles pour ces silos en béton désaffectés. Médiathèque, ludothèque, bureaux, murs d’escalade, centre d’art, peuvent être des futurs possibles pour éviter une démolition.
La Cité scolaire Edouard-Branly
©Martin Argyroglo
Porté par une politique scolaire volontariste prônant l’éducation, l’hygiène et la santé, la Cité scolaire, formée par le groupe scolaire Val-de-Beauté et le lycée Édouard Branly, est construite entre 1931 et 1933. Elle représente encore aujourd’hui une architecture de qualité, tant par son aspect extérieur que par l’aménagement de ses espaces intérieurs.
Lycée Édouard Branly à sa construction ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 1FI-2253
Présentée comme un modèle architectural et pédagogique, la Cité scolaire est conçue par Toussaint Hillion (architecte municipal) et Maurice Maurey (architecte de l'Office Public des HBM de la Seine) dans un style Art Déco.
Le lycée est dédié à l’apprentissage des métiers manuels du bois, du fer, de l’électricité et de la mécanique comme l’illustrent les décors sculptés par Maurice Saulo sur la façade représentant les différentes corporations du Commerce et de l’Industrie.
Entrée et jardin aménagé dans le « saut de loup » en contrebas de la rue Baüyn-de-Perreuse © Gaston Bergeret
Les architectes ont su tirer parti de la forte déclivité du terrain.
Le lycée est constitué d’un rez-de-chaussée bas semi-enterré ouvrant sur un jardin aménagé en contrebas de la rue. Le réfectoire vient s’y nicher à l’endroit où la pente le permet.
Le rez-de-chaussée haut s’ouvre, quant à lui, sur la cour de récréation à l’intérieur de la parcelle. Un préau de 800 m2 y est aménagé.
Façade sur cour de récréation et rampe donnant accès au réfectoire, La techniques des travaux n°7, Juillet 1933 © Archives Municipales de Nogent-sur-Marne
Au 1er étage, une série de 12 classes est implantée côté cour tandis qu’une large circulation faisant office de galerie d’exposition longe la façade sur rue.
Au 2ème étage se trouvent des salles de dessin et un amphithéâtre.
Enfin, les élèves pouvaient profiter d’une toiture-terrasse solarium dédiée aux exercices de culture physique en plein air avec vue sur les coteaux et les berges de la Marne.
© CAUE 94
De lourds travaux d’infrastructure furent nécessaires pour assécher les sols du coteau et mettre en œuvre des pieux de 12 mètres de profondeur. En effet le terrain argileux a nécessité un procédé constructif particulier : les poutres des planchers en béton armé ne sont fixés qu’à une extrémité de leur portée constituant ainsi une sorte d’articulation qui réagira conformément aux mouvements du terrain.
©Martin Argyroglo
Les bâtiments allient élégance et praticité. Différentes caractéristiques de l’architecture hygiéniste et moderne sont ici utilisées : grandes baies vitrées, toit-terrasse, grandes hauteurs sous plafond et formes géométriques.
Un effet monumental est recherché par des jeux de volumes et de modénatures d’entrée. Celui-ci est cependant atténué grâce à l’utilisation de briques de Bourgogne en parement et un appareillage soigné (création de motifs en surépaisseur, colonnes cannelées séparant les baies).
Vue aérienne - Mars 1999 DR
Après la construction d’une extension dans les années 1970, le lycée fait l’objet d’une restructuration en 2008 par l’agence JFS architectes.
Les architectes ont eu à cœur de préserver l’identité architecturale du site. À contrepied de la surélévation pressentie pour le projet, ils prennent le parti de travailler sur la profondeur. Par le creusement des cours intérieures, les espaces en pied de bâtiment ont pu retrouver un apport de lumière naturelle et ainsi accueillir les espaces nécessaires à l’extension de la cité scolaire.
Le lycée Edouard Branly après sa restructuration © Gaston Bergeret
L’agence JFS Architectes a également modifié l’extension réalisée dans les années 1970. La création d’un couronnement et d’une base ont permis de « rattacher » ce bâtiment massif et isolé au reste de la cité scolaire.
Le lycée Edouard Branly après sa restructuration © Gaston Bergeret
La sous-préfecture
©Martin Argyroglo
Nogent devient sous-préfecture en 1966, deux ans avant la création officielle du département du Val-de-Marne. C’est l’architecte en chef des Bâtiments civils et palais nationaux, Pierre Sirvin, associé à l’architecte municipal, Claude Guillemin qui conçoit cet imposant vaisseau de verre et de béton. Le bâtiment ouvre ses portes en 1979.
Perspective du projet © Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 757W163
Le bâtiment est construit à l’emplacement de l’ancienne propriété de Philippe Le Febvre, intendant du roi. Lors des bombardements de la guerre de 1870, la maison est très endommagée. En 1973, la propriété est acquise par le Département, les bâtiments sont alors démolis, toutefois, les matériaux sont réutilisés dans le réaménagement du futur parc Watteau.
Parc Watteau © CAUE 94
Afin de préserver la vue sur le parc depuis l’espace public, le bâtiment est surélevé sur d’imposants pilotis d’une hauteur de 5,20 mètres. De larges poteaux en béton armé brut de décoffrage et espacés de 10 mètres portent les planchers constitués de doubles dalles en béton. La structure du bâtiment est ainsi rendue visible et sublimée.
© CAUE 94
Ce procédé présente également un intérêt constructif et économique au vu de la nature du terrain argileux. Le nombre de fondations obligatoirement profondes (ici de 15 mètres) en est réduit. À l’étage, un porte-à-faux augmente l’effet monumental de l’ensemble et lui donne son caractère extraordinaire.
Façade sur le parc, escalier extérieur démonté et reconstruit pierre par pierre © Archives Municipales de Nogent-sur-Marne
Les services recevant du public sont aménagés en sous-sol donnant de plain-pied sur le parc. Une cour anglaise est aménagée pour les éclairer et un escalier existant, présentant un certain charme, est conservé et déplacé devant la façade arrière permettant de connecter les deux niveaux.
Au 1er étage se trouvent les services administratifs et la salle de réunion.
Le 2ème étage est, quant à lui, réservé au cabinet du sous-préfet, à son appartement et à une grande terrasse jardin.
Vue aérienne, sous-préfecture et parc Watteau, non daté © Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 4FI155
Le bâtiment est édifié au plus près de la nouvelle départementale créée en conservant, au maximum, le parc existant aménagé en terrasses sur la Marne, et ses nombreux arbres (tilleuls, marronniers, saules argentés, cèdres bleus, ...). L’implantation du bâtiment est étudiée pour se trouver dans l’axe de la composition du parc et les aménagements sont prévus en liaison avec celui-ci par le Service des Parcs et Jardins.
© CAUE 94
Cette réalisation résolument moderne, qu’on pourrait qualifier de brutaliste est pleinement représentative du travail de Pierre Sirvin. Ce mouvement architectural se développe entre les années 1950 et 1980, et met en œuvre des formes géométriques massives sans ornementations et le plus souvent en béton brut. Soucieux de « faire parler » le site et la matière, l’architecte s’évertue à concevoir des bâtiments rationnels, modernes et expressifs.
Légende : Les bureaux de la DRIEA à Créteil © CAUE 94
Il construit notamment les bureaux de la DRIEA à Créteil ainsi qu’une maison au Plessis-Robinson, chef d’œuvre salué à son époque « comme une création architecturale parmi les plus originales du 20ème siécle » 1 mais aujourd’hui démolie.
©Martin Argyroglo
Le bâtiment fait l'objet en 2005 d'une réhabilitation/extension menée par l'architecte Dominique Tessier. Le projet relie la rue au bâtiment initial en proposant un retour en L. Il se connecte également au sous-sol et s’ouvre sur une cour anglaise longeant le parc à l’est. Afin de dialoguer avec l’architecture d’origine, sans la copier, l’architecte met en œuvre un mur rideau métallique plus ou moins ouvert sur l’extérieur modulant l’effet esthétique souhaité.
©Comptoir des projets
1 Anne-Marie Romero, « Notre Patrimoine – Notre Paysage », in Le Figaro du 13 juillet 94.
La Cité Guy-Loë
©Martin Argyroglo
Niché sur les hauteurs du coteau de Nogent-sur-Marne, se trouve un ensemble de résidences et d’ateliers d’artistes conçu par l’architecte Jean-Claude Bernard dans les années 1980.
Perspective aérienne du projet © Fonds Bernard, Jean-Claude (1930-). SIAF/Cité de l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture contemporaine
Cette opération s’insère avec intelligence sur une petite parcelle rectangulaire située entre le parc de la Maison nationale des artistes et le parc Watteau.
Vue extérieure, cliché anonyme © Fonds Bernard, Jean-Claude (1930-). SIAF/Cité de l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture contemporaine
Construit en ossature bois, l’ensemble comprend 35 logements regroupés en unités de 2 ou 4 résidences, disposant chacune d’une entrée indépendante.
© CAUE 94
Recréant ainsi l’échelle et la volumétrie d’un tissu pavillonnaire résidentiel, tout en s’inscrivant dans les recherches formelles novatrices de la fin des années 1970, cette opération mérite le détour.
©Martin Argyroglo
Les bâtiments longent l’avenue Gugnon au nord et la rue Agnès Sorel à l’est. Les façades sont entrecoupées de deux interstices, l’un offrant une percée visuelle depuis l’ensemble 1920 situé en surplomb et l’autre donnant accès à un petit jardin aménagé à l’intérieur de la parcelle.
Le bois, outre son attrait esthétique et écologique, permet à la fois la mise en œuvre de fondations légères et le recours à une préfabrication maximum sur les sols argileux du coteau.
Coupe perspective donnant à voir l’organisation intérieure, Techniques et Architecture n°365 © Jean-Claude Bernard
Les ateliers sont disposés au nord pour bénéficier d’une lumière douce et constante. Les logements en duplex bénéficient, quant à eux, de la vue sur la vallée de la Marne et de loggias. L’ensemble est aménagé de manière à faire profiter les ateliers d’une double hauteur. Des modules différenciés, d’une plus grande hauteur sous plafond, sont dédiés aux ateliers de sculpture.
© CAUE 94
Cette résidence est rattachée à la Fondation des Artistes, créée par l’État et reconnue d’utilité publique en 1976. Elle accompagne les artistes plasticiens tout au long de leur activité professionnelle, depuis leur sortie d’école d’art jusqu'à leur retraite.
Madeleine Smith dans son jardin à Nogent-sur-Marne, 1927, Fondation des Artistes, inv. 204_©S.Pons
À l’origine de la Fondation des Artistes, on trouve deux actes de générosité : les legs par la baronne Adèle de Rothschild de son hôtel particulier du 11 rue Berryer à Paris et celui des sœurs Smith, Jeanne Smith et Madeleine Smith-Champion qui lèguent leur domaine de Nogent-sur-Marne. Toutes trois passionnées d’art, collectionneuses et artistes, elles offrent à l’État leurs biens pour soutenir les artistes.
Bernard Anthonioz, alors chef du service de la création artistique au Secrétariat d’État à la Culture, a l’idée de regrouper ces deux legs pour créer une fondation afin de les administrer conformément aux vœux des donatrices.
Le domaine de la Fondation des Artistes
©Martin Argyroglo
Situé dans un magnifique parc de dix hectares aménagé à flanc de coteau, le domaine de la Fondation des Artistes, composé d’édifices du 17ème et du 20ème siècle est un remarquable exemple de transformation et d’adaptation du patrimoine aux usages actuels.
Le site est labellisé « Patrimoine d’intérêt régional » en 2018 et son parc, classé Site pittoresque dés 1909.
Vue aérienne du domaine des sœurs Smith sur le coteau, non daté ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 1FI1377
Jeanne et Madeleine Smith, qui occupent les lieux à partir de 1860, marquent durablement l’histoire de cette propriété.
Dès le début du 20ème siècle, elles sauvent le domaine du démantèlement en proposant de léguer le site et leurs collections à l’État, ceci à la seule condition que le projet d’avenue traversant le parc soit abandonné.
Maison de Madeleine Smith transformée en hôpital auxiliaire pendant la 1ère guerre mondiale, 1914-1918 © Archives départementales du Val-de-Marne, 2FI052--000730
Avec Pierre Champion, jeune historien et futur maire de Nogent, que Madeleine épouse en 1907, les sœurs Smith, toutes deux artistes, offrent une nouvelle vie au domaine.
Un musée-bibliothèque est construit et leurs maisons transformées en hôpital pour accueillir les premiers blessés du front.
Maison de Madeleine Smith, non daté © Archives départementales du Val-de-Marne, 2FI052-000469
En 1940, Madeleine meurt et lègue sa maison (n°16) à l'État pour qu’elle soit transformée en musée. Quant à la maison qu’elle possède en indivision avec sa sœur (n°14), elle deviendra une maison de retraite pour artistes et écrivains.
La MABA
©Martin Argyroglo
La MABA (Maison d’Art Bernard Anthonioz) est créée en mars 2006 dans l’ancien château du 17ème maintes fois transformé. Les façades ayant perdu une grande partie de leurs modénatures d’origine participent à donner au lieu une ambiance romanesque et surannée. À l’intérieur, le vestibule caractéristique des demeures de l’Âge classique reste néanmoins assez préservé.
Sa transformation en lieu d’exposition est réalisée par les architectes Catherine Bizouard et François Pin dans une grande sobriété et fluidité.
La Maison nationale des artistes
© CAUE 94
Dès 1945, une maison de retraite dédiée aux artistes est installée au n°14.
De même facture que la maison du n°16, la demeure présente un bâti rectangulaire, posé en haut du coteau afin d’offrir une vue imprenable sur la Marne.
En 1994, un bâtiment moderne est annexé et une vaste véranda est construite en façade permettant d’aménager une large circulation donnant accès aux espaces collectifs. Toutes les pièces communes sont aménagées et décorées avec du mobilier et des œuvres provenant de la dotation Smith-Champion ou exécutées par des artistes ayant vécu dans la maison.
La bibliothèque Smith-Lesouëf
Façade rénovée de la Bibliothèque Smith-Lesouëf, Photo Vanessa Silvera © Fondation des Artistes
Cet édifice néo-classique est inauguré en 1919. Il est implanté le long de l’avenue entre les deux demeures des sœurs Smith, afin d’être directement accessible par le public.
Un « tempietto », littéralement petit temple, articule deux corps de bâtiment en “L” tandis que des colonnes toscanes ornent l’entrée dans un effet monumental.
Salle de lecture de la Bibliothèque Smith-Lesouëf, Photo Stéphane Pons © Fondation des Artistes
Conçu par les architectes Théodore Dauphin et Paul Marion, le bâtiment de 134m2 dispose d’une belle et grande salle publique en double-hauteur.
Inspirée des bibliothèques savantes, la salle de lecture est aménagée comme un volume aveugle dont les pourtours sont dédiés au rayonnage. Des pilastres ioniques rythment la composition des boiseries, et une verrière offre un éclairage naturel zénithal. Des éléments anciens récupérés (boiseries, balustrades), ont également été utilisés.
Le Parc
© CAUE 94
Le parc du domaine de la Fondation des Artistes constitue un patrimoine paysager unique dans le Val-de-Marne.
Organisé en terrasses successives descendant vers la Marne, le parc aménagé à l’anglaise est composé, entre autres, de prairies, d’un pigeonnier, d’un atelier de lithographie aménagé dans l’ancienne maisonnette des vachers, ainsi que de 450 pieds de vigne exploités par la Confrérie du Petit Vin Blanc de Nogent.
Afin de préserver la quiétude du parc et des résidents de la maison de retraite, le parc n’est ouvert qu’à de rares occasions (visites, évènements, etc.).
Ensemble remarquable rue Edmond Vitry
©Martin Argyroglo
Jusqu’au milieu du 19ème siècle, Nogent-sur-Marne est une ville essentiellement agricole.
Au 17ème, l’aristocratie, séduite par l’atmosphère champêtre des lieux, édifie nombre de demeures sur des sites remarquables surplombant la Marne.
Poussés par l’attrait des bords de Marne devenus accessibles en 1856 grâce au chemin de fer, nombre de parisiens s’empressent de se faire construire un pied-à-terre ou de vastes résidences principales à la campagne.
©Martin Argyroglo
La ville se couvre alors de nombreux lotissements à l’instar du reste de la banlieue parisienne.
Encore présent aujourd’hui, ce patrimoine domestique regorge de styles variés et confère à Nogent-sur-Marne son caractère particulier.
Rue Edmond Vitry au début du 20ème siècle © Archives départementales du Val-de-Marne, 2FI052--000677
La rue Edmond Vitry, ouverte à l’emplacement des terrasses de l’ancienne propriété La Faulotte, est une des premières à être lotie à Nogent. En 1906, Toussaint Hillion, futur architecte de la ville, y fait bâtir au n°20 sa résidence personnelle.
La construction du pavillon est confiée à Joseph Imbuti, un entrepreneur en maçonnerie originaire de Lombardie, qui collaborera à maintes reprises avec les Hillion à Nogent.
© CAUE 94
La diversité et la richesse des décors de façade sont caractéristiques du début du 20ème siècle, période durant laquelle de nouveaux matériaux apparaissent : briques moulées et vernissées, céramiques, grès, fer forgé, etc.
© CAUE 94
La ville voit apparaître une multitude de modèles architecturaux (villas de style baroque, régionaliste ou néo-Renaissance, immeubles et maisons de style Art nouveau ou Art déco) se déclinant selon les bourses et les goûts de leurs commanditaires mais surtout selon le talent de leurs architectes.
Il est à noter que, contrairement aux grandes demeures du 17ème ou 18ème, les maisons ne font désormais plus face au paysage, laissant de lointaines perspectives depuis la rue.
Cinéma le Royal Palace
©Martin Argyroglo
Le Royal Palace, dont la façade est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1990, est un édifice à l’intérêt patrimonial évident.
Son opulente façade ornée d’un fronton cintré décoré de motifs végétaux a été largement restaurée en 1995 en concertation avec les Architectes des Bâtiments de France.
© CAUE 94
Ouverte en 1929, cette salle de « spectacle cinématographique » est dessinée par l’architecte Louis Milon. Elle est aménagée comme un théâtre avec une scène de 26m2, une fosse d’orchestre de 13,5m2 , un parterre et une galerie pouvant accueillir 900 personnes.
Pendant l’entre-deux-guerres, l’établissement devient un lieu de divertissement populaire.
Il accueille soirées de gala, représentations théâtrales, opéras, spectacles musettes. On y verra même Fernandel en 1936.
Rue Edmond Vitry au début du 20ème siècle © Archives départementales du Val-de-Marne, 2FI052-000324
L’industrie du cinéma connaît cependant une période difficile au début des années 1980, liée au développement du marché de la vidéocassette et de l’ouverture de complexes cinématographiques en périphérie. Elle conduira, au fil de la décennie, à la fermeture de nombreuses salles de centre-ville, dites « de quartier ».
Le Royal Palace ferme ses portes le 30 juin 1989.
©Martin Argyroglo
Il est racheté par la ville en 1995 qui entreprend des travaux de modernisation, d'agrandissement et de rénovation qui lui permettent de retrouver son cachet.
En 1997, le cinéma ouvre à nouveau au public. Agrandi, il possède aujourd’hui six salles numériques.
© CAUE 94
À l'image du Royal Palace, enserré entre un immeuble de rapport fin 19ème et un nouveau bâtiment de logement, le centre-ville de Nogent est fait d’un assemblage de bâtis anciens et contemporains.
L’ancien centre-bourg a, en effet, été largement densifié dans les années 1970-1980.
Devenu totalement insalubre, une vaste opération de modernisation y est lancée par la ville. « Le vieux Nogent si pittoresque et attachant est progressivement et intelligemment mis en valeur et adapté à la vie moderne » affirme Jean Nester, ancien sous-préfet de Nogent-sur-Marne.
© CAUE 94
Conservant sa structure urbaine (rue et tracé des îlots), le centre-ville a néanmoins été modifié avec l’apparition de nouveaux ensembles de logements.
Parallèlement, de grands chantiers de rénovation/construction sont mis en œuvre à l’entrée de la ville avec l’arrivée du RER A et dans le quartier du port, avec la réalisation de grandes infrastructures autoroutières.
Maisons modernes rue Louis-Léon Lepoutre
©Martin Argyroglo
Rue Louis-Léon Lepoutre, tout commence au n°3, en 1930, lorsque l’architecte Gérard Tissoire y fait construire sa maison « sur un point culminant, dans un océan de verdure, exposé en plein Midi, mesurant 153 m², avec 7 m de façade ».
Maison de Gérard Tissoire dans les années 1930 ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, AR24061811000
Résolument moderne, la bâtisse enthousiaste ses futurs clients et voisins. Ainsi il construira quasiment toutes les maisons de la rue dans des styles pourtant très différents.
Chaque maison est l’occasion d’exprimer l’individualité et le goût de ses occupants. Des éléments de style régionaliste (colombages, toitures proéminentes, etc.) viennent ainsi enrichir l’écriture architecturale moderne initiale.
Aux lignes et volumes simples, viennent s’ajouter des décrochements, parements et décors de façade.
Plans de la maison de Gérard Tissoire ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 1O2100
Les plans, quant à eux, préfigurent le mode de vie moderne (salon et salle à manger communiquants, garage, grande ouverture vers l’extérieur, sanitaires à chaque étage).
Plans de la villa Loche ©Archives Municipales de Nogent-sur-Marne, 1O2100
La conception de ces maisons répond à des objectifs clairs : rationalité du plan et recherche d’économie sans négliger l’élégance des façades. Elles représentent aujourd’hui un patrimoine, certes modeste, mais représentatif d’une époque particulière marquant l’entrée du plus grand nombre dans le monde et l’architecture moderne.
©Martin Argyroglo
« J’ai été surtout frappé par la façon très heureuse dont cet architecte sait allier le Beau et le Pratique. D’une part, le plan d’ensemble, si habilement conçu, la distribution des pièces parfaitement comprise, et la lumière répartie avec intelligence. D’autre part, les façades présentent des lignes simples, mais élégantes, et il s’en dégage une puissante impression d’équilibre et d’harmonie. » Revue du vrai et du beau, 10 décembre 1925.
© CAUE 94
© CAUE 94
© CAUE 94
Gérard Tissoire est un architecte étonnant se présentant comme « maître d’œuvre, imagier et troubadour ». Il est fils, petit-fils et arrière-petit-fils de maîtres maçons girondins. Tout au long de sa carrière, il accumule médailles, prix et mentions.
© CAUE 94
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Avec George Nachbaur et fils et Toussaint Hillon, Gérard Tissoire fait partie de ces architectes, inventeurs et entrepreneurs qui stimulent l’activité de l’économie locale.
L’architecte a construit divers pavillons en Île-de-France mais sa production principale se concentre à Nogent.
Villa « La Détente »
©Martin Argyroglo
Au n°3 boulevard de la République se cache un vrai joyau de l’Art nouveau. La Villa « La Détente », construite en 1904, réussit la prouesse de montrer toute la richesse et la créativité du style Art nouveau dans une maison de taille modeste et sur une parcelle exigüe.
© L'architecture au 20ème siècle. Choix des meilleures constructions nouvelles, hôtels, maisons de rapport, villas, etc. / Paris : Motteroz Eggiman, Albert Morancé, [190?-1920].
Dessiné par Georges Nachbaur et fils, pour l’aîné des enfants, Albert Nachbaur (dit Max-Nar), ce projet leur permet de montrer à de futurs clients toute leur inventivité.
Le bâtiment est d’ailleurs publié à deux reprises, en 1905 dans l’Habitation pratique et quelques années plus tard dans un recueil intitulé l’Architecture au 20ème siècle, choix des meilleures constructions nouvelles.
©Martin Argyroglo
Cette réalisation singulière est, à l’image de l’Art nouveau, une œuvre d’art totale, mettant en valeur l’artisan d’art et l’artiste décorateur autant que l’architecte.
L’élément phare de la composition de façade est la baie filant sur deux niveaux et couronnée d’un arc en plein cintre. L’asymétrie des ouvertures, les jeux de décrochements des volumes ainsi que la richesse décorative et polychromique des façades en font un édifice unique.
© Stéphane Asseline, Région Île-de-France.
On y retrouve également les formes caractéristiques de l’Art nouveau : lignes sinueuses, formes végétales ou en coup de fouet, arcs, etc.
À l’initiative de la ville, la villa (y compris le jardin et la grille d'entrée) est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 2013.
© Stéphane Asseline, Région Île-de-France.
Une grande partie des aménagements et des décors intérieurs (menuiseries, boiseries, mosaïques, cheminées, ferronneries) et extérieurs est encore en place malgré un manque d’entretien apparent. Le classement de la villa peut permettre au propriétaire d’obtenir des subventions de l’État pour faire des travaux de rénovation et offrir ainsi une seconde vie à ce patrimoine unique.
© CAUE 94
Passionnés par l’Art nouveau, Georges-Théodore Nachbaur (1842-1921) et ses fils Albert-Alfred (1879-1933) et Georges-Lucien (1884-1977) construisent un grand nombre d’immeubles et de maisons dans ce style à Nogent et au Perreux dès le début des années 1900.
Le père est Lauréat de l’Exposition universelle de 1900.
Plan du sous-sol et du RDC, L’habitation pratique : journal mensuel d’architecture, mai 1905 © BNF
Plan du 1er et 2ème étage, L’habitation pratique : journal mensuel d’architecture, mai 1905 © BNF
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Nogent-sur-Marne (Ligne A)