À travers le bois de Boulogne
16ᵉ arrondissement
Quels sont les défis auxquels doit faire face un espace naturel situé dans un milieu urbain dense et très fréquenté ?
Arpentez le bois de Boulogne grâce à cette randonnée nature qui vous propose de découvrir ses différents milieux, sa biodiversité, son massif forestier, ses jardins, et son circuit d'eau.
Aperçu du parcours
Un peu d'histoire
Plan général de la forest de Rouvray dite Bois de Boulogne et des châteaux de Madrid et de La Muette avec les bourgs et villages qui les environnent par Jules Hardouin-Mansart, 1706 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
De la forêt au bois
Le bois de Boulogne est situé sur le territoire de ce qui était autrefois une partie de la Forêt de Rouvray. Ravagé après la Révolution et la campagne de France de 1814, le bois est cédé par l'État à la Ville de Paris en 1852. Napoléon III décide d'y créer une promenade ouverte à tous, mission confiée à l'ingénieur Adolphe Alphand et au paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps, deux collaborateurs du Baron Haussmann qui dirigeaient les travaux de transformation de Paris.
Alphand compose un paysage à l'anglaise avec des chemins sinueux, des pièces d'eau, de petites rivières artificielles amenant l'eau et des ensembles de rocailles. Les sols et reliefs sont remodelés, 200 000 arbres sont plantés. Seules deux allées rectilignes (celles de Longchamp et de la Reine-Marguerite) sont conservées. Les éléments architecturaux, chalets, pavillons, kiosques, restaurants, ainsi que le jardin d'acclimatation, furent réalisés par Gabriel Davioud (1823-1881).
Carte du Bois de Boulogne de Lemière, 1860 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Le bois aujourd'hui
Le bois de Boulogne est un réservoir de biodiversité d’importance régionale grâce à sa diversité d’habitats : espaces arborés, sous-bois, friches herbacées, prairies, lacs, rivières, berges de Seine et réserve ornithologique au milieu d’un tissu urbain très dense. Avec ses 846 hectares, il est 2,5 fois plus grand que Central Park à New-York. Il offre également aux citadins des lieux de détente et de convivialité, des activités récréatives, culturelles, pédagogiques et des lieux de restauration.
Avec une fréquentation considérable de plus de 6 millions de visiteurs par an, le bois de Boulogne doit ainsi faire face au défi de préserver ses milieux naturels et ses équilibres écologiques.
C'est également un site classé en vertu de l'arrêté ministériel du 23 septembre 1957, il est également classé en Zone naturelle et forestière dans le PLU.
Un peu d'histoire
Plan général de la forest de Rouvray dite Bois de Boulogne et des châteaux de Madrid et de La Muette avec les bourgs et villages qui les environnent par Jules Hardouin-Mansart, 1706 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
De la forêt au bois
Le bois de Boulogne est situé sur le territoire de ce qui était autrefois une partie de la Forêt de Rouvray. Ravagé après la Révolution et la campagne de France de 1814, le bois est cédé par l'État à la Ville de Paris en 1852. Napoléon III décide d'y créer une promenade ouverte à tous, mission confiée à l'ingénieur Adolphe Alphand et au paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps, deux collaborateurs du Baron Haussmann qui dirigeaient les travaux de transformation de Paris.
Alphand compose un paysage à l'anglaise avec des chemins sinueux, des pièces d'eau, de petites rivières artificielles amenant l'eau et des ensembles de rocailles. Les sols et reliefs sont remodelés, 200 000 arbres sont plantés. Seules deux allées rectilignes (celles de Longchamp et de la Reine-Marguerite) sont conservées. Les éléments architecturaux, chalets, pavillons, kiosques, restaurants, ainsi que le jardin d'acclimatation, furent réalisés par Gabriel Davioud (1823-1881).
Carte du Bois de Boulogne de Lemière, 1860 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Le bois aujourd'hui
Le bois de Boulogne est un réservoir de biodiversité d’importance régionale grâce à sa diversité d’habitats : espaces arborés, sous-bois, friches herbacées, prairies, lacs, rivières, berges de Seine et réserve ornithologique au milieu d’un tissu urbain très dense. Avec ses 846 hectares, il est 2,5 fois plus grand que Central Park à New-York. Il offre également aux citadins des lieux de détente et de convivialité, des activités récréatives, culturelles, pédagogiques et des lieux de restauration.
Avec une fréquentation considérable de plus de 6 millions de visiteurs par an, le bois de Boulogne doit ainsi faire face au défi de préserver ses milieux naturels et ses équilibres écologiques.
C'est également un site classé en vertu de l'arrêté ministériel du 23 septembre 1957, il est également classé en Zone naturelle et forestière dans le PLU.
Porte d’Auteuil et hippodrome d’Auteuil : la lisière du bois
Vue aérienne récente de la lisière du bois de Boulogne au niveau d'Auteuil © IGN
À la lisière
Les lisières sont des milieux écologiques très riches, qui ont pour rôle essentiel d’assurer et de maintenir les continuités écologiques. Celles du bois de Boulogne sont à l’interface entre la densité urbaine et ce vaste réservoir de biodiversité. Elles sont variées, souvent hétérogènes et fragmentées. Ce sont des lisières pouvant être habitées, infrastructurelles ou poreuses et qui doivent faire face à de nombreux enjeux :
-
inviter à aller au bois en offrant des accès facilités,
-
gérer les voies qui bordent les bois pour favoriser la biodiversité (plantation, éclairage, abris de la petite faune, récolte des eaux pluviales…),
-
atténuer la présence des grosses infrastructures, périphérique, autoroute, portes, bretelles d’accès) qui créent des coupures, du bruit et de la pollution.
Les lisières du bois sont caractérisées par ses portes. La Porte d’Auteuil est marquée par la présence de l’hippodrome, l’ancienne gare d’Auteuil et la petite ceinture, dans cette section accessible, le jardin des serres d’Auteuil et Roland-Garros, mais aussi l’accès au périphérique et à l’autoroute A13.
Vue aérienne oblique en 1963 sur la lisière du bois au niveau de la Porte d'Auteuil © IGN Remonter le temps
L'hippodrome d'Auteuil
L’hippodrome d’Auteuil est créé en 1873 entre les fortifications de Paris à l’est et la butte Mortemart, constituée des déblais retirés lors du creusement des lacs à l’ouest. Il est l’hippodrome de référence pour les courses d'obstacles (haies et steeple-chase).
Courses à Auteuil © Ville de Paris Bibliothèque historique, CPA-4901
Il s’étend sur 44 hectares fermés formant ainsi une enclave qui contraint l’accès au bois de Boulogne depuis Auteuil. L'ingénieur Adolphe Alphand est le créateur des allées.
Vue aérienne en 1919 sur les pelouses de l'hippodrome d'Auteuil © IGN Remonter le temps
Au centre de l’hippodrome, le parc des pelouses d’Auteuil est ouvert au public depuis 2013 grâce à une convention entre France Galop et la Ville de Paris. Autrefois dédiés aux activités de l'hippodrome, ces terrains offrent également de nombreux équipements sportifs (terrains de rugby, football et basket, piscine d'Auteuil).
Ce parc de 12 hectares est accessible depuis l’allée des fortifications en dehors des jours de courses hippiques. Dessiné par l’agence de Péna Paysage, son aménagement à pour but de retrouver la valeur paysagère du site en tant que partie intégrante du bois de Boulogne. Les différents jardins permettent de traverser l’hippodrome du nord au sud, grâce à un cheminement depuis la Porte d’Auteuil jusqu’au square de Passy.
Les jardins des pelouses d'Auteuil © Péna Paysages
Ce parc est un premier pas vers l'ouverture de l'hippodrome sur la ville et le bois et vers un usage moins exclusif de cette immense emprise. Malgré tout l’accès au bois depuis Paris est toujours difficile dans ce secteur et reste à améliorer.
Au-dessus du périphérique : la lisière du bois
Enceinte de Thiers © Charles Lansiaux, DHAAP
La Zone non ædificandi
La Zone était un territoire ceinturant les fortifications de Paris, une large emprise militaire dégagée et non constructible réservée aux manœuvres militaires. L'enceinte de Thiers faisait un peu moins de 150 mètres de large et se composait d'un mur, d'un fossé, d'un talus vers l’extérieur de Paris et d' une route d'une dizaine de mètres de large du côté intérieur. Une population pauvre, à laquelle on donnera le nom de « zoniers », habitait ces terrains en y construisant des cabanes en tout genre. Y étaient également installés des jardins ouvriers.
Jardins des fortifications, Porte de Passy 19-07-1917 © Charles Lansiaux, DHAAP
Après la démolition des fortifications, cette immense réserve foncière a suscité de nombreux projets, en particulier de ceinture verte de parcs et de promenades, n'ayant jamais vu le jour. Cette zone a finalement été construite et occupée par des immeubles de HBM, des équipements sportifs et le périphérique.
La présence du périphérique
Schéma du tracé du périphérique sous le bois de Boulogne Le Figaro le 1er juillet 1966
La construction du périphérique en 1972 a réduit l’emprise du bois de Boulogne de 25 hectares.
Sous la pression des riverains, mais aussi pour des raisons techniques et financières, le tracé du périphérique n’emprunte pas l'emprise de la “Zone non aedificandi” mais contourne l'hippodrome d’Auteuil par l’ouest et s’éloigne des immeubles d'habitation.
Le boulevard est aménagé en tranchée ou en tunnel. Le tunnel sous le lac supérieur est le plus long du périphérique, soit 580 mètres. Ces ouvrages marquent fortement la promenade et génèrent des nuisances sonores. 🎧Découvrez-en plus sur la construction du périphérique dans le bois
Le paysage de cette lisière est plus ouvert, la lumière peut pénétrer par de vastes clairières, les allées sont bordées de grandes banquettes engazonnées.
Une allée du bois © Jean-Pierre Viguie / Ville de Paris
Traversée du bois
Dans le massif forestier © Jean-Pierre Viguie / Ville de Paris
En traversant le bois, vous découvrirez que le massif forestier est caractérisé par la présence de plusieurs strates de végétation. Ici les chênes, chêne sessile Quercus petraea et chêne pédonculé Quercus robur, dominent et couvrent plus de 50% de la surface du bois. Ils sont mêlés à des arbres à croissances rapides comme les érables planes et les érables sycomores, le frêne et le tilleul. Le développement naturel est favorisé au maximum, les forestiers intervenant seulement lorsque cela est nécessaire.
Clairière dans le massif © CAUE de Paris
Certaines zones ont été très abîmées par la tempête de 1999, créant de grandes trouées de lumière qui ont cependant permis aux charmes de se développer.
Préparer l'avenir du bois
À la suite de cet événement, les premiers plans de gestion arboricole sont élaborés pour restaurer les espaces forestiers et horticoles détruits. Ils permettent aussi de planifier dans le temps les interventions nécessaires à leur gestion et à leur amélioration. Les principaux objectifs de ces plans sont :
-
assurer la sécurité du public, grâce à une surveillance organisée et régulière du patrimoine arboré et à des interventions adaptées, respectueuses de l’écologie et du paysage,
-
**pérenniser et améliorer le patrimoine arboré **dans son ensemble (massif forestier, jardin ou alignement) en replantant des essences adaptées et diversifiées,
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renforcer la biodiversité dans les bois, qui sont des ensembles écologiques cohérents (avec la création de zones refuges protégées du public, pour préserver la faune et la flore),
-
réhabiliter les structures et compositions paysagères héritées de l’histoire des bois (mises en place par Alphand pour les plus anciennes).
Les interventions réalisées entre 2006 et 2020 ont permis de reconstituer le patrimoine arboré et forestier touché en 1999. Le programme de reboisement s'est attaché à diversifier les espèces plantées : dans les secteurs forestiers, le chêne est conservé comme essence majoritaire, mais les essences dites accompagnatrices telles que le tilleul, le merisier, le charme ou le bouleau, sont favorisées. Elles sont indispensables à la qualité écologique et à la pérennité du boisement et sont préférées aux résineux moins résistants au vent.
Avec le réchauffement climatique, le hêtre, le chêne rouvre et le chêne pédonculé disparaissent progressivement et sont remplacés petit à petit par le chêne vert et le chêne pubescent, plus résistants à la sécheresse.
Les parcelles de régénération
© CAUE de Paris
Ces parcelles baignées de lumières mêlent plantations et régénération naturelle. Au printemps et à l'automne, les forestiers interviennent pour réduire les végétaux les plus envahissants (ronces, robiniers, ailanthes, clématite des haies…) et préserver les arbres les plus beaux et les plus sains.
Les arbres pionniers comme les bouleaux verruqueux, les peupliers et les robiniers (faux acacias) participent à la reconstitution de l’aspect forestier, car ils poussent plus vite et vivent moins longtemps que le chêne. Dans ces parcelles, la plantation ou le développement spontané de petits arbres très fructifères sont privilégiés, comme le sorbier des oiseleurs, le cornouiller mâle, le noisetier ou l’églantier, propices à la présence d’oiseaux et de mammifères. Les plantes communes des friches s'y installent et abritent de nombreux insectes. Les fleurs des cirses des champs Cirsium arvense attirent les syrphes Episyrphus balteatus, sorte de mouches jaunes et noires à l'allure de guêpes. Les ombelles de la carotte sauvage Daucus carota sont appréciées de l'araignée crabe Misumena vatia.
Il peut arriver que, pendant 15 à 20 ans, les zones replantées ne soient pas accessibles au public et protégées par un grillage discret. Respectez ces zones sensibles et ne franchissez pas les limites.
Les enclos de vieillissement
© CAUE de Paris
Ces parcelles sont clôturées pour éviter au public d'y pénétrer. Elles ne subissent aucune intervention humaine, hormis la sécurisation des limites. Elles constituent ainsi de véritables “réserves écologiques“ et des sites d'observation privilégiés de l'évolution naturelle du bois. Ce sont souvent des vieilles chênaies de chênes pédonculés Quercus robur et chênes sessiles Quercus petraea constituées d'arbres pouvant vivre encore quelques dizaines d'années mais aussi d'arbres dépérissant rapidement suite aux épisodes de canicule.
Pendant votre traversée du massif forestier, vous pouvez écouter cette courte capsule audio : 🎧 Le grillon des bois Nemobius sylvestris qui vit caché sous les feuilles.
La Grande cascade : l'eau dans le bois
La Grande cascade © Christophe Noel / Ville de Paris
L’eau est le fil conducteur de nombreuses promenades dans les bois. Elle est au cœur de mises en scène pittoresques et bucoliques, de points de vue sur le paysage. Paisible et calme quand elle est située en point haut, elle s’écoule de façon spectaculaire à la faveur de la topographie et des ruptures de pente.
La Grande cascade est un des hauts lieux du bois de Boulogne. Elle a été aménagée en 1956. Plus de 2 000 m³ de béton et 4 000 m³ de rochers de grès de Fontainebleau ont permis de créer deux grottes superposées accessibles au public. La cascade est un élément important du réseau hydrographique du bois, elle est alimentée en amont par l’étang du réservoir. Ce plan d’eau se remplit la nuit et permet de faire varier le débit pour accentuer l’effet spectaculaire de cette chute de 7,50 mètres.
Vous pouvez admirer deux arbres remarquables à droite de la cascade : un cèdre Cedrus atlantica de 25 mètres de haut et un cyprès chauve Taxodium distichum de 28 mètres de haut.
La grotte de la Grande cascade prise dans la glace en 1917, Agence Rol © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
À proximité de la cascade, Napoléon III fit construire un pavillon pour ses haltes au bois. Devenu restaurant pour l'Exposition universelle de 1900, il est agrandi et adopte un décor Belle époque. Endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, le pavillon a subi différentes transformations jusqu'à l'actuel restaurant et son style “rétro-moderne”.
La Grande cascade est malheureusement peu visible en raison des nombreux stationnements qui occupent ses abords.
La Grande cascade offre une vue dégagée sur les coteaux de Suresnes.
Réserve ornithologique
Bouvreuil pivoine © V.FERRIOT-LPO IDF
Cette parcelle de 3 hectares est clôturée pour la protéger des promeneurs et des chiens. Elle assure ainsi la tranquillité des oiseaux nicheurs et des oiseaux migrateurs en hiver.
En restant discret, vous pourrez peut-être observer des bouvreuils pivoine, des fauvettes grisette, des hypolaïs polyglotte, des grives draine, des pics vert et des pouillots fitis…
Pouillot fitis © JB.ALEMANNI-LPO IDF
Les oiseaux viennent se nourrir des baies de petits arbres comme l'aubépine monogyne Crataegus monogyna, du sureau noir Sambucus nigra, des prunelliers Prunus spinosa et alisiers Sorbus domestica plantés à cet effet dès la création de la réserve en 1991.
Hypolaïs polyglotte © L.LANNOU-LPO IDF
La réserve leur offre également de nombreux habitats :
- des haies et des buissons denses de rosiers pimprenelle Rosa pimpinellifolia et épine-vinettes Berberis julianae pour abriter la fauvette des jardins Sylvia borin.
- des arbres dépérissants propices à la nidification des espèces cavicoles telles le pic épeichette Dendrocopos minor. Ils sont aussi attractifs pour une microfaune dont se nourrit le grimpereau des jardins Certhia brachydactyla. Cet oiseau explore sans relâche les anfractuosités de l'écorce avec son bec fin et arqué, afin d'en extraire insectes, larves, araignées, cloportes ou mille-pattes.
🎧 Découvrez-en plus sur le grimpereau des jardins sur les Brèves de nature sauvage.
Grimpereau des jardins © L.LANNOU-LPO IDF
Les faisans se sont également appropriés ce refuge pour y nicher. Les couples de fauvettes sont devenus plus nombreux et des rossignols, oiseaux devenus rares, ont même été repérés.
Martin-pêcheur d'Europe © F. GONOD-LPO IDF
Le ruisseau de Lonchamp traverse les trois hectares de la réserve et offre parfois l'opportunité de surprendre le martin-pêcheur Alcedo atthis peu facile à observer malgré ses couleurs vives, tant il est rapide en vol. 🎧 Découvrez-en plus sur le martin-pêcheur sur les Brèves de nature sauvage.
Ruisseau de Longchamp : l'eau dans le bois
Le ruisseau de Longchamp © CAUE de Paris
L'importance de l'eau
Le bois de Boulogne abrite 14 lacs et étangs artificiels reliés par 10 kilomètres de ruisseaux qui guident la promenade : le ruisseau de Longchamp, le ruisseau des Sablons et le ruisseau d'Armenonville. Le réseau d’eau est alimenté via le réservoir de Passy par l’usine d’Auteuil qui pompe ses eaux dans la Seine et coule en suivant les pentes naturelles. Ce réseau d’eau non potable permet également d’arroser les pelouses et d’entretenir les routes. Il est possible de pêcher à certains endroits.
Cette "trame bleue" permet de créer des milieux humides riches en biodiversité.
Accueillir et favoriser la biodiversité*
Des aménagements ont été réalisés suite aux dégâts causés par la tempête de 1999, en particulier des reprises d’étanchéité ainsi que la plantation et la renaturation des rives. Certaines sections ont dû être bétonnées à cause des chiens qui abîment l’étanchéité en argile et dégradent les berges. Des gabions (cage métallique remplie de cailloux) et des nattes en toile de coco ont été installés pour restaurer des berges plus naturelles. Le niveau du ruisseau de Longchamp a également été relevé de 15 centimètres pour inonder certaines parties du bois ponctuellement.
Ces dispositifs favorisent le développement des milieux humides et permettent aux poissons et batraciens de se développer.
Le ruisseau de Longchamp dans le jardin du Pré-Catelan © Sonia Yassa / Ville de Paris
Afin d'assurer la pérennité et la diversité des espèces fréquentant ce milieu, les rivières sont curées tous les 4 à 5 ans. Le fond de la rivière est asséchée et une partie de la boue est retirée. Cette vase est analysée pour s'assurer de sa qualité avant d'être épandue pour enrichir les zones de prairie. Le nettoyage est mené en fin d'automne, à une période où le dérangement pour la faune est moindre. La reproduction printanière des amphibiens tels que la grenouille rousse Rana temporaria et le triton ponctué Triturus vulgaris est ainsi préservée.
Pré Catelan et jardin Shakespeare
Paysage bucolique du jardin du Pré-Catelan © Sonia Yassa / Ville de Paris
Un jardin haussmannien
Le Pré Catelan est l'un des lieux les plus romantiques du bois de Boulogne, il fait partie des parcs et jardins aménagés dans le cadre de la transformation de Paris par le Baron Haussmann.
À l'emplacement du jardin, se situait une carrière d'extraction de pierres utilisées pour le pavage des allées du bois. Cette carrière fut fermée et transformée en 1858 en parc d'attractions pour adultes qui y venaient faire des tours de manège, du vélocipède, écouter des concerts, assister à des tours de magie et boire du lait frais à la laiterie. Ce lieu festif de 8 hectares disposait d'un jardin paysager dessiné par Gabriel Davioud et Jean-Pierre Barillet-Deschamps. Du parc d'attraction détruit par la guerre de 1870, il reste la laiterie, le restaurant du Pré Catelan et le théâtre de verdure.
Prairie du Pré Catelan © Sonia Yassa / Ville de Paris
Plusieurs arbres magnifiques et remarquables sont à découvrir comme le magnolia à grandes fleurs Magnolia grandiflora dont la floraison est spectaculaire tout l'été, le séquoia Sequoiadendron giganteum de 32 mètres planté en 1872 et un plaqueminier Diospyros kaki de 15 mètres de haut. Prenez garde aux épines de l'araucaria du Chili Araucaria araucana, arbre originaire des Andes péruviennes et chiliennes, aussi appelé " le désespoir des singes " ses feuilles très pointues rendant son ascension impossible par les primates. À proximité, un immense platane Platanus x hispanica de 45 mètres de haut trône le long du ruisseau de Longchamp.
Le monde entier est un théâtre,
Et tous les hommes et les femmes ne sont que des comédiens. William Shakespeare, comme il vous plaira, acte II scène VII ligne 139
Le jardin Shakespeare est situé dans le jardin du Pré Catelan. Il a la particularité d’être construit autour d'un théâtre de verdure dont la scène est entourée d'arbres, en particulier un chêne centenaire et d'une végétation luxuriante. Les spectateurs sont installés sur une pelouse et les grottes dissimulent des couloirs, des loges et une salle où les décors sont stockés.
Le théâtre des fleurs du Pré Catelan en 1865, gravure de Jules Gaildrau - Domaine public
Ce théâtre est créé en 1857 sous l'appellation de « théâtre des fleurs ». Dans les années 1950, Marie-Louise Hemphill Loir, fille du bactériologiste Adrien Loir et épouse d'un médecin anglais, réhabilite sur ses fonds propres l'hémicycle tombé en désuétude. Presque un siècle après sa naissance, le théâtre ressuscite sous le nom de « Jardin Shakespeare » animé l'été par un festival de spectacle vivant qui a lieu de mai à septembre.
La végétation évoque cinq des pièces du plus grand dramaturge britannique :
- les cyprès, les plantes aromatiques et les palmiers font allusion à l'île méditerranéenne de « La Tempête »,
- une végétation sombre et dense composée d’ifs rappelle la forêt d’Arden de la comédie « Comme il vous plaira »,
- les fougères, bruyères et bouleaux nous transportent dans la lande écossaise des sorcières de « Macbeth »,
- le saule et le ruisseau rappellent le paysage tourmenté d’ « Hamlet »,
- la cascade et les chênes sont un clin d'œil à la Grèce du « Songe d'une nuit d'été ».
Et alors, il me sembla que la forêt commençait à bouger. William Shakespeare, Macbeth acte V, scènes 4 et 5
Lac inférieur : l'eau dans le bois
Le lac supérieur © Vincent Guiné - CAUE de Paris
Au cœur de la trame bleue du bois
La trame bleue, réseau de continuités aquatiques, est notamment constituée de différents plans d'eau situés aux quatre coins du bois de Boulogne :
- les lacs supérieur et inférieur,
- le lac Saint-James, à proximité de Neuilly-sur-Seine,
- le lac du réservoir à proximité de la Grande cascade,
- les étangs de Longchamp, des Tribunes, de Suresnes et de Boulogne à proximité de l'hippodrome de Longchamp et de la Seine.
Les lacs supérieur et inférieur sont les points hauts du réseau hydrographique du bois de Boulogne. Ils alimentent les ruisseaux et les autres plans d'eau grâce à la topographie du terrain. Ils sont alimentés par un réseau d'eau non potable, géré par des fontainiers qui assurent des fermetures et des ouvertures de vannes pour renouveler l'eau des lacs, maintenir l'écoulement dans les rivières et les cascades, garantir un niveau d'eau suffisant. Le lac supérieur et le lac inférieur sont reliés par une petite cascade large de 10 mètres. Les eaux de ce circuit se déversent à l'égout par différents exutoires.
Le lac inférieur est le plus grand lac du bois de Boulogne, il compte deux îles reliées par un pont suspendu. La plus grande abrite un chalet restaurant accessible uniquement en barque. Le lac est étanché avec un radier en béton recouvert d’un enduit de mortier, il est masqué par l’épaisseur de terre de ses berges.
Rêverie, romantisme et ambiance de vacances
Vue du Pont des Îles en 1967, gravure d'Henri Corbel - Domaine public
Les lacs du bois ont toujours été des lieux de promenades et de loisirs, très fréquentés par les parisiens avides d'espace, de paysage romantique et de fraîcheur. Le lac supérieur offre depuis toujours de nombreux usages : canotage avec la location de barques, pique-niques sur les berges, guinguette, promenade romantique. Le patinage en hiver se fait de plus en plus rare, par manque de grand froid !
Patinage au Bois, Février 1919 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Patineurs au bois de Boulogne, Pierre Brunet et Mlle Jolly, Février 1919 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Évolution des usages des lacs
Des projets de baignades en plein air comme il en existe dans plusieurs grandes villes européennes, les fameuses "swimming ponds" du parc de Hampstead Heath à Londres ou comme à Zurich en Suisse, ont été régulièrement évoquées comme nouveaux usages possibles.
Canotage © CAUE de Paris
Ces dernières années, les lacs du bois ont été adaptés pour favoriser la biodiversité dans les milieux humides et aquatiques du bois. Les nouveaux aménagements, comme la renaturation des berges des ruisseaux et une gestion adaptée, ont portées leurs fruits. Les végétaux et animaux caractéristiques des zones humides, tels que le nénuphar jaune Nuphar lutea, la libellule déprimée Libellula depressa, la grenouille rousse Rana temporaria et le triton ponctué Triturus vulgaris, sont bien représentés.
La trame bleue du bois de Boulogne peut encore être développée par la création de nouvelles rivières, de nouveaux plans d'eau ou de nouvelles zones humides et de lagunage afin de trouver un équilibre entre protection et valorisation de la biodiversité et usages de loisirs.
Route de Suresnes : la lisière du bois
Retrouver une ambiance forestière
Route de Suresnes Charles Marville 1858-1862 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Dans le cadre de la mise en valeur du bois de Boulogne et des hauts lieux du patrimoine, une partie de cette route, reliant l’Étoile au pont de Suresnes, a été coupée à la circulation automobile et désimperméabilisée. Cette transformation permet de retrouver la continuité des aménagements d’Alphand et de mettre en valeur son patrimoine. La route est maintenant réservée à la circulation des piétons ou des vélos.
© CAUE de Paris
Valoriser l'eau pluviale
Ces aménagements permettent également, de mieux utiliser les eaux pluviales en les infiltrant dans le sol et en réduisant l'imperméabilisation partout où cela est opportun. Ici, le profil routier classique "trottoir-chaussée-trottoir" a été supprimé pour créer une ambiance d'allée forestière en réduisant la largeur du revêtement imperméable et en supprimant les bordures et les caniveaux. Une prairie et des plantations ont été créées à la place de la voie centrale.
L'eau de pluie ne se déverse plus dans les dispositifs d'assainissement mais pénètre directement dans le sol par les surfaces plantées et enherbées. Cela permet d'arroser les plantations, de rafraîchir le sol et la ville en rechargeant les nappes phréatiques.
Porte Dauphine et avenue Foch
Zoom sur une photo aérienne oblique de l'avenue Foch en1956 © IGN Remonter le temps
Un condensé du système Haussmannien
L' avenue Foch, autrefois avenue de l'Impératrice puis avenue du bois de Boulogne, relie la place de l’Étoile à la place Dauphine et au bois de Boulogne.
C'est l'avenue la plus ambitieuse du système de promenades Haussmannien, elle mesure 1 200 mètres de long et 140 mètres de large. Elle a été aménagée en 1855 en même temps que le bois de Boulogne, le jardin du Pré Catelan et le jardin Shakespeare.
On y retrouve les 3 échelles du système de promenades que développe Haussmann et Alphand dans Paris :
- l'échelle de la métropole : la création de l'avenue anticipe le développement urbain et la desserte du territoire,
- l'échelle du quartier : l'avenue s'inscrit dans son contexte et ménage des vues et des perspectives,
- la petite échelle : le dessin de l'avenue, qui offre des petits jardins de proximité et un mobilier adapté, répond à une exigence de qualité d'esthétique et d'usages.
Profil et détail de mobilier de l'avenue de l'Impératrice (avenue Foch)
Les allées cavalières de l'avenue Foch vers 1890 © Ville de Paris / Bibliothèque historique, 4-ALB-0008-007
Une avenue unique à Paris
La chaussée centrale de 16 mètres de large est encadrée de deux allées cavalières latérales de 12 mètres bordées de grands jardins engazonnés et arborés conçus par Alphand, puis de deux contre-allées de 9 mètres qui longent les propriétés et leurs jardins d’agrément de 10 mètres de large.
Les allées cavalières non goudronnées, les bancs et le mobilier semblable à celui des squares, ainsi que le dessin des grilles uniforme le long des jardins privés qui bordent les contrallées renforcent le caractère paysager de cet espace unique à Paris.
La perspective de l'avenue Foch © Valentina Lazzarone
Avec plus de 4 000 arbres, l'avenue est un véritable arboretum de 2 400 espèces végétales. De nombreux arbres remarquables sont à découvrir dans les jardins dont un orme de Sibérie Zelkova carpinifolia classé remarquable pour son ampleur et son empreinte dans le paysage au niveau de la pelouse en face des numéros 62-64 de l'avenue, plusieurs platanes majestueux, un noisetier de Byzance Corylus colurna, un magnifique chêne vert Quercus Ilex que vous pourrez admirer au niveau de la pelouse en face du numéro 22 de l'avenue, dans la continuité de la rue Chalgrain ainsi qu'un savonnier Koelreuteria paniculata juste à côté du chêne vert.
Activités annexes
Accéder au au parcours
Bus
Michel-Ange-Auteuil (lignes 52 et 62)
Métro
Michel-Ange-Auteuil (lignes 9 et 10)
Vélib'
Station 16034 (Porte d'Auteuil)