Architectures de briques dans la Vallée de la Bièvre
Gentilly, Arcueil, Cachan
De Gentilly à Cachan, découvrez la diversité architecturale offerte par l’un des matériaux de construction les plus anciens et toujours largement utilisé.
La brique fait partie intégrante du patrimoine architectural francilien. Robuste et polyvalente, elle a accompagné la transformation des campagnes proches de Paris en banlieues modernes puis contemporaines.
Parcours conçu par le CAUE du Val-de-Marne.

Aperçu du parcours
Ancienne imprimerie Letouzey et Ané
Vestiges d’un paysage industriel aujourd’hui rénové.
Le site dans les années 1930 © DR
Construits entre 1900 et 1930, aux limites ouest de la commune de Gentilly, ce site industriel était composé d’une maison, d’une halle de stockage ainsi que d’un bâtiment accueillant autrefois l’imprimerie de l’éditeur parisien Letouzey et Ané, spécialisé dans les éditions historiques et religieuses.
L’utilisation de la brique à l’aube du XXᵉ siècle
Le bâtiment de l’ancienne imprimerie © CAUE 94
De taille relativement modeste, l’ensemble présente néanmoins un certain intérêt. Deux styles architecturaux distincts et représentatifs du passé industriel francilien sont ici visibles. La brique, matériau emblématique de l’architecture industrielle, y est employée de manière différente suivant l’évolution industrielle du début du XXᵉ siècle.
La halle surélevée, 2022 © CAUE 94
Datant du début du XXᵉ siècle, la maison (et/ou bureau) du gardien marquant l’angle nord-est, ainsi que la halle à l’arrière sont édifiées en meulière et charpente bois marquant la volonté de s’intégrer au mieux au tissu urbain en reprenant forme et matériaux locaux.
La brique est utilisée pour sa forte résistance à la compression, comme élément structurel permettant la création de fenêtres, le raidissement des angles, le maintien des têtes de mur et de la toiture.
Sa mise en œuvre soignée permet également d’égayer la façade comme depuis le nord ou le rythme régulier des fenêtres à arcs surbaissés anime le long mur de la halle.
La halle surélevée et le bâtiment en structure béton, 2022 © CAUE 94
En 1929, un bâtiment en structure béton et toiture en sheds est ajouté. Caractéristique de l’architecture industrielle moderne, cette toiture en dent de scie ouverte au nord permet d’assurer un apport de lumière diffus et homogène. Avec l’utilisation de plus en plus récurrente du béton dans les années 1930, la brique est alors reléguée à un rôle de remplissage.
À l’intérieur, la nef centrale préservée, forme un espace saisissant par ses proportions et sa luminosité. La fonctionnalité et le volume intérieur sont privilégiés.
La halle surélevée, 2022 © CAUE 94
Ces anciens locaux industriels présentent, comme souvent, un fort potentiel de transformation.
En 2021, la halle a fait l’objet d’une rénovation. L’agence ACYC-Architectes a dessiné une élégante surélévation vitrée tout en gardant la lisibilité du volume initial.
Le bâtiment accueille maintenant des bureaux.
Le bâtiment à la toiture en sheds n’est, quant à lui, plus occupé actuellement car il va faire l’objet d’une restructuration/surélévation.
Ancienne imprimerie Letouzey et Ané
Vestiges d’un paysage industriel aujourd’hui rénové.
Le site dans les années 1930 © DR
Construits entre 1900 et 1930, aux limites ouest de la commune de Gentilly, ce site industriel était composé d’une maison, d’une halle de stockage ainsi que d’un bâtiment accueillant autrefois l’imprimerie de l’éditeur parisien Letouzey et Ané, spécialisé dans les éditions historiques et religieuses.
L’utilisation de la brique à l’aube du XXᵉ siècle
Le bâtiment de l’ancienne imprimerie © CAUE 94
De taille relativement modeste, l’ensemble présente néanmoins un certain intérêt. Deux styles architecturaux distincts et représentatifs du passé industriel francilien sont ici visibles. La brique, matériau emblématique de l’architecture industrielle, y est employée de manière différente suivant l’évolution industrielle du début du XXᵉ siècle.
La halle surélevée, 2022 © CAUE 94
Datant du début du XXᵉ siècle, la maison (et/ou bureau) du gardien marquant l’angle nord-est, ainsi que la halle à l’arrière sont édifiées en meulière et charpente bois marquant la volonté de s’intégrer au mieux au tissu urbain en reprenant forme et matériaux locaux.
La brique est utilisée pour sa forte résistance à la compression, comme élément structurel permettant la création de fenêtres, le raidissement des angles, le maintien des têtes de mur et de la toiture.
Sa mise en œuvre soignée permet également d’égayer la façade comme depuis le nord ou le rythme régulier des fenêtres à arcs surbaissés anime le long mur de la halle.
La halle surélevée et le bâtiment en structure béton, 2022 © CAUE 94
En 1929, un bâtiment en structure béton et toiture en sheds est ajouté. Caractéristique de l’architecture industrielle moderne, cette toiture en dent de scie ouverte au nord permet d’assurer un apport de lumière diffus et homogène. Avec l’utilisation de plus en plus récurrente du béton dans les années 1930, la brique est alors reléguée à un rôle de remplissage.
À l’intérieur, la nef centrale préservée, forme un espace saisissant par ses proportions et sa luminosité. La fonctionnalité et le volume intérieur sont privilégiés.
La halle surélevée, 2022 © CAUE 94
Ces anciens locaux industriels présentent, comme souvent, un fort potentiel de transformation.
En 2021, la halle a fait l’objet d’une rénovation. L’agence ACYC-Architectes a dessiné une élégante surélévation vitrée tout en gardant la lisibilité du volume initial.
Le bâtiment accueille maintenant des bureaux.
Le bâtiment à la toiture en sheds n’est, quant à lui, plus occupé actuellement car il va faire l’objet d’une restructuration/surélévation.
La réhabilitation de l’îlot 5 du Chaperon Vert
Transformation d’un patrimoine remarquable
L’îlot 5 réhabilité © Jean-Yves Lacote
L’îlot 5 fait partie du grand ensemble du Chaperon Vert construit dans les années 1950-1960 à Arcueil et Gentilly.
D’une superficie de 13 hectares, ce programme prévoyait la construction de 1200 logements sociaux en réponse à l’importante crise du logement en France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Un ensemble ancré dans l’histoire de l'architecture du XXᵉ siècle
Le Chaperon Vert à sa construction © OPALY
Construits par les architectes Charles Malaurent, Lucien Métrich, et Jacques Poirier -
respectivement architecte communal d’Arcueil, architecte communal de Gentilly et architecte du ministère de la Reconstruction Urbaine - les bâtiments du Chaperon Vert s’inscrivent dans une conception moderne qui prônait, entre autres, l’hygiénisme et la rationalité constructive.
L’implantation de bâtiments autonomes disposés à grande distance les uns des autres favorise un large ensoleillement de chaque logement et dégage de vastes espaces verts. Leur volumétrie simple et leur système constructif ont permis une grande rapidité d’exécution.
Le Chaperon Vert en chantier © OPALY
Au Chaperon Vert, les bâtiments se distinguent par un système constructif modulaire et répétitif, fait d’une structure poteau-poutre-dalle en béton armé avec un remplissage en briques pleines apparentes.
Là où d’autres ensembles construits à la même période sont souvent qualifiés d’impersonnels, l’utilisation de la brique apporte ici couleur, chaleur et matière à cet ensemble, lui conférant une véritable identité. Ici la main de l’homme a œuvré.
Détail de la façade pignon et de son remplissage en briques © RVA
Les bâtiments, bien que pouvant paraître sévères, présentent de nombreuses qualités architecturales. Leurs dispositions et hauteurs permettent de dégager des vues et de créer de larges espaces publics. D’une grande pérennité, la structure permet une réelle flexibilité dans la distribution interne des appartements. Traversants, ceux-ci bénéficient d’une double orientation et de balcons.
La revalorisation du site en 2019
L’îlot 5 réhabilité © Jean-Yves Lacote
Le projet de réhabilitation des bâtiments de l’îlot 5 s’inscrit dans un vaste projet de renouvellement urbain portant sur l’ensemble du quartier du Chaperon Vert, afin d’y développer la vie locale et de revaloriser l’existant par la réhabilitation.
Vue axonométrique du projet de réhabilitation © RVA
Pour répondre aux besoins et normes actuelles en termes de surface et de confort, l’agence RVA a conçu un projet de réhabilitation d’une grande ingéniosité.
Les 264 logements de l'îlot 5 ont ainsi été rénovés et agrandis par l’adjonction d’une enveloppe métallique composée d’un bardage en aluminium perforé qui vient dynamiser les façades d’origine restaurées.
Plan d’un appartement avant et après travaux © RVA
L’ensemble, restructuré, adopte ainsi un visage plus contemporain tout en gardant les traces d’un passé remarquable.
En chemin vers la prochaine étape
Logements contemporains, allée Niki de Saint Phalle © CAUE 94
Conçu par l’agence d’architecture Leclercq Associés, voici un bel exemple d’utilisation de briques comme parement sur un bâtiment contemporain. L'ensemble abritant logement et ateliers d’artiste, jouent sur les volumétries et la mise en œuvre de la briquette pour induire une variété d’écriture et ainsi permettre une intéressante insertion dans l’environnement.
Les toitures à deux pans rappellent les maisons de banlieue aussi bien que le passé industriel d’Arcueil. Au RDC, les grandes baies vitrées sont pensées pour présenter le travail des artistes
La Chapelle Perret
Une chapelle, classée au titre des Monuments Historiques en 1999.
Vue extérieure de la chapelle, non datée, Cliché anonyme © Fonds Perret, Auguste et Perret frères. CNAM/SIAF/CAPA/Archives d'architecture contemporaine/Auguste Perret/UFSE/SAIF/année
La Chapelle est construite entre 1927 et 1929 par Auguste et Gustave Perret pour les religieuses franciscaines de l’Immaculée Conception.
L’architecture des frères Perret
Les frères Perret, tous deux architectes et entrepreneurs, fondent en 1905 avec leur frère Claude une entreprise familiale d'architecture et de travaux publics, véritable laboratoire précurseur dans l’utilisation du béton armé.
Ils deviennent alors des techniciens spécialisés de ce matériau plein d’avenir, breveté par François Hennebique en 1892, et développent une nouvelle esthétique architecturale empreinte de modernité.
Vue extérieure, 2022 © CAUE 94
Ils construisent notamment le théâtre des Champs-Élysées à Paris en 1913 et l’église Notre-Dame du Raincy en 1922, deux bâtiments manifestes dans l’utilisation du béton.
Auguste Perret est également chargé de la reconstruction du Havre de 1945 à 1964.
La renommée internationale de l’église du Raincy et son coût de construction peu élevé valurent aux frères Perret plusieurs commandes similaires, dont ce projet de chapelle à Arcueil.
L'ingéniosité constructive de la chapelle Perret
Vue intérieure vers l'autel, non datée, cliché Chevojon © Fonds Perret, Auguste et Perret frères. CNAM/SIAF/CAPA/Archives d'architecture contemporaine/Auguste Perret/UFSE/SAIF/année
Les frères Perret continuent, ici, d’explorer et de sublimer l’utilisation du béton, via une fine structure faite de poteaux et de poutres bruts de décoffrage.
Le matériau utilisé pour le remplissage des murs est la brique creuse. Habituellement cachée sous un enduit, elle est ici laissée visible et mise en œuvre selon un assemblage original.
Disposées en damier, les briques répondent alors aux motifs géométriques des verrières.
Élévation des façades de la chapelle © Fonds Perret, Auguste et Perret frères. CNAM/SIAF/CAPA/Archives d'architecture contemporaine/Auguste Perret/UFSE/SAIF/année
Ce matériau peu coûteux et peu prestigieux est alors utilisé de façon tout à fait surprenante.
Les architectes jouent ainsi avec les différentes formes : cercle, croix, carré, diagonale, ce qui apporte aux façades, une remarquable richesse de composition.
La chapelle est installée à l’étage, tandis que le rez-de-chaussée, aujourd’hui fermé, servait autrefois de préau couvert.
La préservation de la chapelle
Détail de façade © CAUE 94
La chapelle n’a quasiment pas été transformée. En 2008, seuls des travaux d’étanchéité en toiture et de remplacement de certains vitrages sont effectués par l’architecte du Patrimoine Slawomir Swieciochowski et l’Architecte en Chef des Monuments Historiques Christiane Schmuckle-Mollard.
La chapelle est uniquement accessible sur demande. À l’intérieur, les effets de lumière produits et la matérialité épurée des éléments architecturaux confèrent une certaine intimité et sacralité à ce lieu.
Anis Gras
Un patrimoine industriel vivant.
Anis Gras – le lieu de l’autre © CAUE 94
L’histoire de la construction du site
Aujourd’hui appelé Anis Gras - le lieu de l’autre, cet ensemble en briques abritait initialement l’usine Raspail.
Émile Raspail fonde en 1858, une société pour exploiter la liqueur Raspail (inventée en 1840 par son père François Vincent Raspail, célèbre politicien et savant). Il fait alors construire dans les années 1880 à Arcueil, une usine pour fabriquer et commercialiser cette liqueur curative à base de camphre.
Vue générale de l’usine Raspail, Gravure de la fin du XIXᵉ siècle © DR
L’usine, qui emploie au début du XXᵉ siècle 60 ouvriers, se déploie sur 4000 m² et occupe deux parcelles situées de part et d’autre de l’avenue Laplace.
L’ensemble est composé de plusieurs corps de bâtiments organisés autour de cours intérieures.
La brique et l’architecture industrielle
Le pavillon central utilisé comme magasin de vente dispose d’une verrière d’origine et d’une voûte sur poutrelles à treillis © CAUE 94
Dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle, la brique est très largement utilisée dans la construction des bâtiments industriels pour son faible coût, sa durabilité et son absence d’entretien.
Ici, il est intéressant de voir que sa mise en œuvre varie selon la hiérarchie entre les bâtiments.
Les édifices qui assurent des missions de représentation de l’entreprise (pavillon d’entrée, magasin) sont ainsi traités de manière beaucoup plus soignée. La brique y est ainsi utilisée comme un élément décoratif à part entière.
Pavillon d’entrée © CAUE 94
L’appareillage, c’est-à-dire leur disposition et technique de mise en œuvre, et les différentes teintes de briques permettent de marquer le rythme structurel des façades et de mettre en valeur le couronnement des bâtiments.
Les soubassements en meulière, les encadrements en pierre de taille, les ferronneries peintes ainsi que les toitures animées de lucarnes contribuent également à donner un certain prestige à cet ensemble.
Détail de façade © CAUE 94
Émile Raspail, alors maire d’Arcueil, dote ainsi sa commune d’un édifice industriel remarquable et dont l'aspect vise également à véhiculer le sérieux et la haute qualité des produits qui y sont manufacturés.
Bâtiments de stockage © CAUE 94
D’autres bâtiments, côté pair, restent plus modestes car ils sont uniquement utilisés comme lieu de production et de stockage.
© CAUE 94
La transformation du site
En 1963, l’usine est reprise par les frères Gras, fabricant de la célèbre Anisette Anis Gras.
En 1994, la commune rachète et restaure les lieux alors inoccupés.
En 2000, certains bâtiments du site sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques marquant ainsi la reconnaissance de la valeur de ce patrimoine industriel.
La verrière d’origine © CAUE 94
En 2005, une partie de l’ancienne distillerie est transformée en espace culturel. L’architecte Blandine Roche (Archidev) y aménage, en 2009, des ateliers pour artistes ainsi qu’une salle de spectacle de 150 places.
La qualité et l’adaptabilité des espaces de ces friches industrielles, sont ainsi particulièrement intéressantes dans une démarche de conservation et de transformation.
Place de la république
Une place portant les traces des différentes phases d’urbanisation d’Arcueil.
L’ancienne mairie
Centre Marius Sidobre © CAUE 94
Sur la place, le premier bâtiment qui attire l’attention est le centre Marius Sidobre.
Cet édifice inauguré en 1886 est l’ancienne mairie d’Arcueil-Cachan, les deux communes ne faisant qu’une avant 1922.
Places des écoles- la mairie. Arcueil/Cachan, non daté © Archives Départementales du Val-de-Marne
Édifié par l’architecte Gravigny, sur une parcelle triangulaire, ce bâtiment de style néo Louis XIII présente une imposante toiture parée de lucarnes, et un fronton avec horloge surmonté d’un beffroi (celui-ci ayant été modifié vers 1950, l’ancien campanile laissant sa place à un clocheton).
Il s’inspire des principes architecturaux des châteaux de la première moitié du XVIIᵉ siècle.
Centre Marius Sidobre © CAUE 94
Les façades présentent une composition particulière, la brique étant ici utilisée pour le contraste colorimétrique qu’elle apporte aux côtés de la pierre.
La polychromie de la façade est ainsi recherchée, permettant, au-delà de l’aspect esthétique, de souligner les éléments structurels.
Vue arrière © CAUE 94
La hiérarchie des matériaux intervient dans la composition des façades : La pierre est mise en valeur pour sa qualité constructive en soubassement, en chaînage d’angle et en couronnement, tandis que la brique pleine est utilisée en remplissage.
En 1969, le bâtiment est transformé en centre culturel.
La première école d’Arcueil
Groupe scolaire Jules Ferry © CAUE 94
À l’angle de la rue Paul Signac, se trouve la première école d’Arcueil, l’une des plus anciennes du Val-de-Marne. Construite au cœur de l’ancien village d’Arcueil, elle était reliée à la grande rue par deux charmants escaliers.
Construit par Claude Naissant en 1848 et agrandit par la suite, le groupe scolaire Jules Ferry, est composé d’un bâtiment central en moellons enduits et disposant de baies en plein cintre.
Groupe scolaire Jules Ferry © CAUE 94
Les adjonctions ultérieures datant du début du 20ème siècle présentent des façades plus éclectiques. L’enduit laisse place à des parties en pierres meulières et briques apparentes. Au niveau supérieur, quelques rangs de briques bicolores forment un couronnement et constituent l’assise de la charpente et de la couverture des bâtiments longeant la rue Paul Signac. C’est ici la brique qui assure le rôle structurel et non la pierre.
Groupe scolaire Jules Ferry © CAUE 94
Les bâtiments du Chaperon vert, encore visibles ici, arborent eux aussi leur remplissage de briques démontrant l’extrême diversité et pérennité de ce matériau.
A voir également à proximité
A voir également à proximité, l’Église Saint-Denys d’Arcueil bâtie à la fin du XIIᵉ siècle ainsi que le conservatoire installé dans l'ancienne maison des Gardes du domaine de Guise.
Conservatoire installé dans l'ancienne maison des Gardes du domaine de Guise © CAUE 94
De ce grand ensemble aux jardins somptueux et aux nombreuses dépendances datant du XVIIᵉ siècle, il ne reste aujourd’hui que des fragments : la maison dite « des Gardes » , la « Faisanderie » et une bâtisse située avenue de la Convention, près de l’aqueduc, que l'on appelle les "Communs".
Pont-Aqueducs d’Arcueil-Cachan
Maillon essentiel de l’acheminement de l’eau vers la capitale, cet ensemble imposant surplombe le Val-de-Marne depuis plus d’un siècle.
Vue générale de l’Aqueduc. Arcueil-Cachan, Non daté © Archives Départementales du Val-de-Marne
Implanté sur près d’un kilomètre, le pont-aqueducs d’Arcueil-Cachan est un élément incontournable dans le paysage de la vallée de la Bièvre. Sa particularité est qu’il est composé de trois aqueducs superposés constituant ainsi un édifice unique au monde !
L’aqueduc Gallo-romaine
Ruines de l’aqueduc gallo-romain © CAUE 94
Le premier aqueduc est édifié à la fin du IIᵉ siècle et début du IIIᵉ siècle durant la période gallo-romaine. La rive gauche de Paris, alors nommée Lutèce, possède trop peu de puits pour alimenter les thermes de Cluny. Le plus ancien aqueduc est alors construit pour acheminer les eaux du plateau de Rungis. Ses ruines sont encore visibles aujourd’hui au niveau du conservatoire de Cachan. Il cesse de fonctionner au VIᵉ siècle.
L’aqueduc de Médicis
Ancien abreuvoir de la rue Besson vers 1840, Arcueil © Archives Départementales du Val-de-Marne
Le second aqueduc est l’aqueduc Médicis, construit au XVIIᵉ siècle. Il est commandé par Henri IV puis le projet est repris par Marie de Médicis à sa mort. Il est conçu pour acheminer l’eau jusqu’au Palais du Luxembourg et alimenter les fontaines publiques de la rive gauche.
Son architecture robuste, faite de 9 arcades massives en pierre de taille et d'une hauteur de 7 à 9 mètres, est renforcée par 17 contreforts.
© Laurent Kruszyk, Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Sa partie souterraine courant sur 13 kilomètres est jalonnée par 27 « regards », petits édifices construits en surface permettant l’accès aux galeries pour contrôler la qualité des eaux, effectuer la maintenance et permettre une aération constante des sous-sols.
Vue de l'intérieur de la galerie du pont-aqueduc, Arcueil © Laurent Kruszyk, Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Alors que dans la partie enterrée de l’aqueduc, les voûtes sont construites en pierre ; Dans la partie aérienne nommée « pont-canal », le plafond est constitué de briquettes d'argile. En effet, cette partie ne devant pas supporter le poids de la terre, le matériau est choisi en conséquence.
L’aqueduc de la Vanne
Aqueduc Médicis et aqueduc de la Vanne, 2022 © CAUE 94
Le troisième et dernier ouvrage est l’aqueduc de la Vanne. Constitué de 77 arches en pierres meulières. Il est construit sous le second empire par l’ingénieur Eugène Belgrand pour approvisionner le réservoir de Montsouris et ainsi alimenter les habitations parisiennes.
Achevé en 1874, il est construit sur les contreforts de l’aqueduc Médicis.
Aqueduc Médicis et aqueduc de la Vanne, 2022 © CAUE 94
De nos jours, ces deux derniers aqueducs sont toujours en service et permettent de distribuer jusqu’à 140 000 m³ d’eau chaque jour jusqu'à Paris sans aucune dépense énergétique.
La rue Raspail
Avant de rejoindre le centre-ville de Cachan, le passage par la rue Raspail permet de découvrir quelques beaux exemples d’architectures domestiques de la fin du XIXᵉ siècle.
Du numéro 18 au numéro 24
Série de maisons rue Raspail © CAUE 94
Du numéro 18 au numéro 24, sont visibles quatre maisons construites en série.
Datant du 1er quart du 20ème siècle et attribuées à l'architecte P. Chaudesaygues, elles sont en apparence toutes différentes mais sont pourtant identiques dans leurs dispositions intérieures.
Façade d’une des quatre maison © CAUE 94
L’effet de diversité est ici créé par une variation des formes des lucarnes et par le choix des matériaux et ornements de façade.
Une maison dispose d’une façade en faux pans de bois tandis que les trois autres sont ornées de différents décors en parement de briques et de meulières.
Plan des différents niveaux, Source : Marius Tranchant, L’habitation du parisien en banlieue, 1908
Les trois façades sont en meulière mais en regardant de plus près, il apparaît que la meulière est mise en œuvre avec des joints différents.
Ces maisons modestes mais remarquables, sont représentatives de l’urbanisation de la banlieue parisienne au début du XXᵉ siècle à une période où la construction des lotissements pavillonnaires est en plein essor.
Elles seront publiées en 1908 par Marius Tranchant dans “L’habitation du parisien en banlieue. Après le travail à Paris, le repos à la campagne” !
Au numéro 21
Maison remarquable rue Raspail © CAUE 94
Au numéro 21, est implantée une très belle demeure au style architectural éclectique.
Le superbe dessin de sa clôture ainsi que de ses garde-corps rappellent le style Art Nouveau.
Les ornements de façades alternant décors de plâtre et de briques vernissées sont, quant à eux, de style plus classique.
Des cabochons (élément saillant de décoration) en céramique viennent souligner le dernier niveau. Au-dessus, le bâtiment a fait l’objet d’une surélévation plus récente.
Aux numéros 15 et 2bis
Maison remarquable rue Raspail © CAUE 94
Plus loin, aux numéros 15 et 2 bis, la céramique est encore une fois mise à l’honneur grâce à l’utilisation de briques de parements et d’éléments décoratifs.
A la fin du 19ème siècle, facilité par le développement de l’industrie, l’usage de la céramique se démocratise.
L'expansion des décors en céramique
Maison remarquable rue Raspail © CAUE 94
Ces nouveaux éléments de décor, élaborés à partir d’argiles transformées par la cuisson sont relativement peu coûteux et permettent de personnaliser les habitations de manière colorée et originale.
Catalogue de revêtements céramiques de la faïencerie de Choisy-le-Roi, Source : Archives Municipales de Choisy-le-Roi1898 © Collection Françoise Mary
Dans le Val-de-Marne, c’est à Choisy-le-Roi et Vitry-sur-Seine que se trouvaient deux des plus importantes usines de production de céramique architecturale en France : l’usine Brault et Gilardoni et l’usine Hippolyte Boulenger et Compagnie.
Carreaux, panneaux, frises décoratives, cabochons, épis de faîtage, etc.., sont alors produits en série ou à la demande et ornent une grande partie de la production architecturale domestique jusqu’au début de la première guerre mondiale.
L’Hôtel de ville de Cachan
La brique moderne des années 30
Le « Nouvel hôtel de ville de Cachan », in Art et décoration, 1936 © Dornes, Roger.
Commandé par Léon Eyrolles, ancien maire, la construction de l’Hôtel de ville en 1935 marque l’autonomie de Cachan après sa scission avec Arcueil en 1922.
Conçu par les architectes Renée Chaussat, Jean-Baptiste Mathon et Joannès Chollet, l’imposant bâtiment, caractérisé par de grands volumes aux formes simples, se veut représentatif de l’entrée de la commune dans la modernité. Une tour beffroi ponctuent l’articulation entre les espaces de réception et les services administratifs.
Vue d’ensemble prise du nord-est avant travaux, non daté © Stéphane Asseline, région Île-de-France
L’élément décoratif majeur de l’édifice est son parement en brique jaune clair de Champigny.
Avec l’apparition du mouvement moderne, caractérisé par l’usage de formes géométriques pures, les architectes utilisent la brique de manière spécifique.
Elles sont choisies plus fines, aux arêtes vives et sont posées avec de larges joints horizontaux de manière à accentuer l’effet de lignes.
Vue de l’entrée, 2022, Les ferronneries sont de Borderel et Robert © CAUE 94
Largement inspirée de la tendance moderniste hollandaise, l’Hôtel de ville de Cachan présente de fortes ressemblances avec l’Hôtel de ville d’Hilversum aux Pays-Bas.
La volumétrie arrondie, la composition des façades, les fenêtres formant de longues lignes dynamiques et l’emploi de la brique font référence à l’« École d’Amsterdam », style architectural en vogue au début du 20ème siècle aux Pays-Bas.
Vue sur le patio avant travaux © Stéphane Asseline, Région Île-de-France
La rénovation a également permis d’améliorer l’accueil et les services en transformant l’entrée.
L’ancien bassin situé dans le patio a été conservé mais intégré au bâtiment.
Vue intérieure du bassin rénové, 2022 © CAUE 94
Il est maintenant recouvert d’une verrière et d’un faux-plafond en résille suspendu rappelant l’esprit moderniste des plafonds lumineux des années 30.
Le théâtre Jacques Carat
Lever de rideau sur un bâtiment contemporain
Vue extérieure © OS-Architectes
Livré en 2017, ce nouveau bâtiment prend la place de deux anciens équipements culturels dont la succession de constructions peu cohérentes avait donné un bâtiment particulièrement disparate.
Le théâtre est alors pensé pour requalifier et unifier un nouvel espace public.
Une architecture sobre et élégante
© CAUE 94
La composition architecturale est franche. Un long volume blanc infléchi par deux grandes obliques s’installe en haut d’un parvis.
Une mince ligne vitrée transparente le détache du sol. Semblable à un rideau de pierre, la façade se soulève pour marquer l’entrée du théâtre.
Au-dessus, le volume de scène, en saillie, trône au centre du projet.
Détail du traitement de l’angle du bâtiment © OS-Architectes
La silhouette du bâtiment est mise en mouvement par de petits modules mis en œuvre en créant un jeu de pleins et de vides.
Inspirés par l’architecture de l’hôtel de ville, l’atelier O-S Architectes met en œuvre, pour le théâtre, un module préfabriqué blanc cassé, dont le dessin en bas-relief rappelle celui d’un assemblage de briques. Et pourtant ce n’est pas de la brique mais du béton !
Détail de la façade © CAUE 94
« La masse de l’édifice n’est pas neutre dans l’environnement urbain, mais un théâtre se compose avant tout d’espaces techniques, aveugles pour la plupart. Il s’agissait de donner une « couleur » particulière au bâtiment, malgré les fortes contraintes du cahier des charges. » Vincent Baur, architecte.
Vue intérieure de l’accueil © OS-Architectes
À l’intérieur, les espaces sont sobres et épurés. Le béton et le bouleau, deux matériaux bruts et simples y sont principalement utilisés.
L’espace d’accueil ainsi que le foyer longe la façade depuis l’avenue Louis Georgeon jusqu’au parvis, comme une sorte de rue intérieure.
Vue sur le parvis-jardin © OS-Architectes
L’aménagement paysager du parvis a été conçu par la paysagiste Emma Blanc pour entrer en dialogue avec le bâtiment. Une série de pentes douces et progressives entre les rues périphériques et l’entrée du théâtre permettent de créer un lien visuel fort entre le parvis-jardin, la ville et son nouvel équipement.
L’école spéciale des travaux publics (ESTP)
Une école à la pédagogie novatrice
Vue de l’école. Dessin aquarellé, vers 1930 © Archives de l’ESTP
Créée par Léon Eyrolles, l’ESTP, initialement implantée au 61 bd St Germain (actuelle Librairie Eyrolles), est transférée en 1903 à Cachan.
Disposant de meilleures conditions d’enseignement, Léon Eyrolles y fonde une école de référence dans le domaine de la construction sur les modèles anglais et américains des “newschools” en enseignant parallèlement la pratique et la théorie.
Pavillon du directeur, 2022 © CAUE 94
L’école s’étend sur 7 hectares et comprend 23 bâtiments abritant ateliers, laboratoires, salles d’études et lieux d’hébergement.
Visible à l’entrée du site, la demeure du directeur, édifiée en 1905 par l’architecte Eugène Robinot est aujourd’hui classée au titre des Monuments Historiques.
Elle se signale par sa partie haute en pans de bois et briques et sa toiture à longs pans. Une partie de la décoration intérieure est de style art nouveau.
Vue de la Maison de Famille, vers 1930 © Archives Municipales de Cachan
La “Maison de Famille”, imposant bâtiment en meulière est également conçue par l’architecte Eugène Robinot. L’architecture de cet édifice est très novatrice pour l’époque, tant dans sa conception spatiale que technique, le plancher du sous-sol étant en béton armé.
Le bâtiment comprend des chambres d’étudiants individuelles équipées en eau et en électricité et un foyer avec billard.
Image de synthèse du projet de rénovation de la Maison de Famille © Thibaut Robert Architectes & Associés
Aujourd’hui, la “Maison de Famille”, est en cours de restructuration par l’agence Thibault Robert Architecte & associés. Cette revalorisation permettra d’accueillir des logements étudiants, des espaces communs administratifs et un restaurant scolaire.
Ecole spéciale des Travaux publics, du Bâtiment et de l’Industrie, vue générale de l’Ecole d’Application d’Arcueil-Cachan, 1908 © Archives Départementales du Val-de-Marne
Les pavillons d'exposition
Dans les années 1960 Marc Eyrolles, prenant la succession de son père, décide de créer cinq pavillons d’exposition dédiés aux grandes familles de matériaux de construction, faisant office de “matériauthèque” grandeur nature pour les étudiants.
Chaque pavillon, construit dans le but d’apporter des connaissances nouvelles sur les matériaux qui les composent, était livré avec des stands de démonstration explicatifs complémentaires.
Pavillon du béton, 2022 © CAUE 94
Le pavillon d’exposition du béton, édifié par le Syndicat National des Fabricants de Ciments et de Chaux, est un ensemble monolithique dont la couverture est l’élément fort du projet. Il s’agit d’un voile de béton asymétrique en portion de cylindre parabolique constitué de caissons de polystyrène pris entre deux voiles de béton armé. Cette forme met en valeur les capacités du béton à s’adapter aux projets les plus originaux et permet de concevoir des espaces aux volumes généreux.
Pavillon de la terre cuite, 2022 © CAUE 94
Le pavillon de la terre cuite a été conçu par l’architecte Zavaroni. Le volume principal de la salle d’exposition structure l’ensemble du projet, abrité par la courbe harmonieuse d’une voûte inversée surmontée d’une double pente en charpente de terre cuite armée; il se prolonge par une terrasse en porte-à-faux permettant l’installation de présentoir de tuiles.
Bâtiment d’enseignement conçu par Architecture Studio © CAUE 94
En 2017, un nouveau bâtiment signé Architecture Studio est venu compléter le site.
Le bâtiment comprenant des salles de cours, un laboratoire et un auditorium, est recouvert d’une enveloppe en béton fibré, qui tel un origami, se déplie de la façade jusqu’au toit.
Activités annexes
Accéder au au parcours
RER
Gentilly (ligne B)
Tramway
Cité Universitaire (ligne 3A)