Sur le chemin du Palais de la Porte Dorée
12ᵉ et 20ᵉ arrondissements
Du lycée Hélène-Boucher au Palais de la Porte Dorée, partez à la découverte des architectures remarquables et des projets urbains emblématiques à la jonction entre le 12ᵉ et le 20ᵉ arrondissement.
Cette promenade a été co-conçue avec des élèves de seconde du lycée Hélène-Boucher dans le 20ᵉ arrondissement. Les dessins, les photos, les quiz et les audios ont intégralement été réalisés par les lycéens au cours d'ateliers animés par le CAUE de Paris de novembre 2023 à février 2024.
Ce parcours a été réalisé en partenariat avec le Musée national de l'histoire de l'immigration. Plus d'informations sur le site internet du musée.
Aperçu du parcours
Lycée Hélène-Boucher
Façade principale, côté cours de Vincennes © Lycéens d'Hélène-Boucher
Revalorisation de l’est parisien
En 1935, dans le cadre du plan national Marquet, le ministère de l’Éducation confie à l’architecte Lucien Sallez la conception d’un lycée de jeunes filles. L'établissement est construit à l’emplacement de l’ancienne usine à gaz de Saint-Mandé, démolie en 1931.
Le cours de Vincennes avec l’usine à gaz dans le fond, 20ᵉ arrondissement, Hippolyte BLANCHARD, vers 1890 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris
À la même époque, avec l’Exposition coloniale internationale de 1931, les transformations de la Porte Dorée engendrent de grands changements urbains. La Ville de Paris cède gratuitement le terrain à l’État et le lycée est inauguré pour la rentrée scolaire d’octobre 1937. Il est le premier lycée pour filles destiné à accueillir, entre autres, les classes populaires de Belleville, Ménilmontant et Charonne. Ce lycée est le premier à Paris, en 1944, à prendre le nom d’une femme, celui d’une pionnière de l’aviation.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Le principe du lycée îlot
Son plan en fer à cheval répond aux préceptes hygiénistes d’ensoleillement et d’aération. D'une symétrie parfaite, il s’articule autour de deux ailes principales, ouest et est, donnant sur la rue des Pyrénées et la rue des Maraîchers. Ces deux ailes se terminent sur la rue par une avancée abritant les escaliers.
Axonométrie générale © Lycéens d'Hélène-Boucher
Cour intérieure © Lycéens d'Hélène-Boucher
Trois ailes de cinq étages et une aile d’un seul étage se répondent afin de faire pénétrer largement la lumière dans une vaste cour de 4 000 m². Les classes sont disposées côté cour pour éviter les nuisances sonores de la rue, les couloirs sont donc côté rue.
Galerie au rez-de-chaussée © Lycéens d'Hélène-Boucher
Un pavillon arrondi vient signifier l’entrée du lycée, ornée de vitraux, d’une marquise en béton et de trois portes aux motifs de ferronnerie.
Pavillon d'entrée et détails d'ornementation © Lycéens d'Hélène-Boucher
Une teinte rosée est donnée au béton par un ajout de fragments de marbre et porphyre concassés, coulé dans les coffrages en même temps que la structure.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
À des fins économiques, l’ornementation est discrète. Elle est concentrée sur le pavillon d’entrée, éclairé par une coupole plate de pavés de verre. À l'intérieur, les murs de l'entrée sont décorés de fresques représentant le bois de Vincennes, son château, le zoo et le lac Daumesnil.
Coupole et fresque du pavillon d'entrée © Lycéens d'Hélène-Boucher
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Contenus additionels
Lycée Hélène-Boucher
Façade principale, côté cours de Vincennes © Lycéens d'Hélène-Boucher
Revalorisation de l’est parisien
En 1935, dans le cadre du plan national Marquet, le ministère de l’Éducation confie à l’architecte Lucien Sallez la conception d’un lycée de jeunes filles. L'établissement est construit à l’emplacement de l’ancienne usine à gaz de Saint-Mandé, démolie en 1931.
Le cours de Vincennes avec l’usine à gaz dans le fond, 20ᵉ arrondissement, Hippolyte BLANCHARD, vers 1890 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris
À la même époque, avec l’Exposition coloniale internationale de 1931, les transformations de la Porte Dorée engendrent de grands changements urbains. La Ville de Paris cède gratuitement le terrain à l’État et le lycée est inauguré pour la rentrée scolaire d’octobre 1937. Il est le premier lycée pour filles destiné à accueillir, entre autres, les classes populaires de Belleville, Ménilmontant et Charonne. Ce lycée est le premier à Paris, en 1944, à prendre le nom d’une femme, celui d’une pionnière de l’aviation.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Le principe du lycée îlot
Son plan en fer à cheval répond aux préceptes hygiénistes d’ensoleillement et d’aération. D'une symétrie parfaite, il s’articule autour de deux ailes principales, ouest et est, donnant sur la rue des Pyrénées et la rue des Maraîchers. Ces deux ailes se terminent sur la rue par une avancée abritant les escaliers.
Axonométrie générale © Lycéens d'Hélène-Boucher
Cour intérieure © Lycéens d'Hélène-Boucher
Trois ailes de cinq étages et une aile d’un seul étage se répondent afin de faire pénétrer largement la lumière dans une vaste cour de 4 000 m². Les classes sont disposées côté cour pour éviter les nuisances sonores de la rue, les couloirs sont donc côté rue.
Galerie au rez-de-chaussée © Lycéens d'Hélène-Boucher
Un pavillon arrondi vient signifier l’entrée du lycée, ornée de vitraux, d’une marquise en béton et de trois portes aux motifs de ferronnerie.
Pavillon d'entrée et détails d'ornementation © Lycéens d'Hélène-Boucher
Une teinte rosée est donnée au béton par un ajout de fragments de marbre et porphyre concassés, coulé dans les coffrages en même temps que la structure.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
À des fins économiques, l’ornementation est discrète. Elle est concentrée sur le pavillon d’entrée, éclairé par une coupole plate de pavés de verre. À l'intérieur, les murs de l'entrée sont décorés de fresques représentant le bois de Vincennes, son château, le zoo et le lac Daumesnil.
Coupole et fresque du pavillon d'entrée © Lycéens d'Hélène-Boucher
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Contenus additionels
Viaduc ferroviaire du cours de Vincennes
© Lycéens d'Hélène-Boucher
La petite ceinture
Ce pont construit entre 1886 et 1889 pour le passage de l’ancienne ligne de chemin de fer de la petite ceinture, passe au-dessus du cours de Vincennes, à cheval entre le 12ᵉ et le 20ᵉ arrondissement. À cet endroit, la petite ceinture passe au travers des îlots d'habitations sur un remblai nettement plus haut que le sol.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Sa surélévation
À la construction de la petite ceinture, en 1852-1854, les voies étaient au niveau du sol. La traversée du cours se faisait alors par des passages à niveau jugés dangereux et causant de fréquents accidents. En 1888, les voies de la petite ceinture sont surélevées afin de supprimer les passages à niveau. Les premiers piliers en maçonnerie sont visibles, surmontés des nouveaux piliers en fonte.
Viaduc d'ouverture sur le cours de Vincennes, Albert Broise, 1888 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Le tablier du pont est assez étroit, environ 90 mètres de long pour 10 mètres de large. Il est muni de chaque côté d'un garde-corps à barreaudage vertical et s'appuie sur six rangées de quatre colonnes de fonte.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Au sud, le pont repose sur un ouvrage de maçonnerie débouchant directement sur le pont de la rue de la Voûte. À l'époque, la gare de l'avenue de Vincennes est directement située au nord du pont.
Comme toutes les gares de la petite ceinture, son service de transport des voyageurs s’achève en 1934. Pour autant, la ligne connaît encore un important trafic de fret jusqu'en 1993. La gare est aujourd'hui désaffectée.
© CAUE de Paris
À l'hiver 2011-2012, le viaduc est restauré par la Ville de Paris lors de la construction du terminus des lignes de tramway T3a et T3b, situé directement sous le pont.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
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Contenus additionels
Logements sociaux modernes
© Martin Argyroglo
Une entrée dans Paris
Le premier plan d’aménagement de la Porte de Vincennes, sur les anciennes fortifications à cheval sur les 12ᵉ et le 20ᵉ arrondissements, date de 1953. Le programme comprend un ensemble d'immeubles répartis de part et d'autre de l'avenue de la Porte de Vincennes, s'étendant jusqu'au nord de la rue de Lagny.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Ces logements sociaux, sont construits entre 1955 et 1959 par la SCIC et conçus par les architectes Pierre-Henri Bailleau, Jean Michel Legrand et Jacques Rabinel.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
La situation stratégique de cette opération, à l’entrée de Paris, sur l’axe historique de la ville, est sans doute à l’origine de sa monumentalité. Les bâtiments sont imposants par leur nombre (huit), leur symétrie organisée en peigne de part et d’autre de l’avenue de la Porte-de-Vincennes et leur hauteur de dix étages.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Un projet caractéristique des années 1950
Permis par les nouvelles règlementations urbaines d’après-guerre, favorisant la pensée urbaine moderne, les immeubles sont disposés perpendiculairement à l’avenue. Une place prépondérante est offerte aux espaces verts en rez-de-chaussée, séparés de la voie publique par de fines barrières métalliques. Par la sobriété des volumes et les choix constructifs (structure en béton armé et parement en pierre), cette opération s’inscrit pleinement dans la pensée urbaine de son époque.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Certains des rez-de-chaussée accueillent des activités liées à la vie du quartier : crèches, commerces, laverie, centre de santé, locaux associatifs...
© Lycéens d'Hélène-Boucher
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Contenus additionels
Aménagement du tramway
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Apparition du tramway
En 1854, les premiers tramways parisiens, tirés par des chevaux, sont mis en service à l'initiative de l'ingénieur français Alphonse Loubat. Il s’inspire de ce qu’il avait découvert lors d'un séjour à New York en 1832. Contrairement au modèle américain de tramway hippomobile dont les rails sont installées en saillie sur la chaussée et gênent la circulation des autres véhicules, Alphonse Loubat a l'idée d'utiliser un système de rails enfouis dans la chaussée.
Modèle d’un tramway réduit de Paris (Bastille-Porte Rapp), vers 1900 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Ce n'est qu'en 1874 qu’est créé le premier réseau de Paris et sa banlieue, à la faveur de la prospérité parisienne marquée par les grandes Expositions universelles de 1878, 1889 et 1900. À partir de 1887, en remplacement des chevaux, de nouveaux modes de propulsion apparaissent au fur et à mesure de l’évolution des techniques : à air comprimé, à vapeur, à eau chaude puis électrique à caniveau central ou latéral, à plots ou fil aérien.
Au début du XXᵉ siècle, la région parisienne est sillonnée d'un impressionnant réseau d'omnibus et de tramways. En 1923, on en compte 120 lignes !
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Le déclin du tramway
Au milieu des années 1920, le développement de la circulation automobile et la puissance des lobbys pétrolier et industriel automobile entraînent un déclin du tramway. Les tramways sont considérés comme archaïques et gênants car ne circulant pas sur des voies réservées.
L’omnibus à impériale, Porte de Vincennes, 12ᵉ et 20ᵉ arrondissements, XIXᵉ-XXᵉ siècle © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris
De 1930 à 1938, des centaines de kilomètres de lignes de tramway sont rayées de la carte et remplacées par des autobus. Ce démantèlement est à la fois un échec technique, par la suppression d’un réseau élaboré et une catastrophe économique et écologique. Paris connait une saturation d’automobiles et d’autobus, entraînant l’élargissement des chaussées et par conséquent, le rétrécissement des trottoirs.
Le retour du tramway
Cette saturation combinée avec l’impact du choc pétrolier de 1973 et l’émergence des préoccupations environnementales, conduisent le gouvernement à lancer en 1975 un appel à projets pour moderniser les tramways.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
À Paris, le retour du tramway est très lent et connait de multiples rebondissements. En 1992, la ligne T1 est enfin inaugurée. Elle relie les deux principales villes du département, Saint-Denis et Bobigny. En 2006, le premier tronçon de la ligne de tramway T3 entre Pont de Garigliano et Porte d'Ivry est ouvert. Une prolongation entre la Porte d'Ivry et la Porte de la Chapelle est mise en service en 2012.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
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Contenus additionels
HBM Ravel-Malet
Bâtiment en proue © Lycéens d'Hélène-Boucher
La ceinture rouge parisienne
Ce secteur aux portes de la capitale se couvre d’habitation à bon marché (HBM) au cours des années 1930. Les HBM, correspondaient jusqu'en 1950, aux actuelles habitations à loyer modéré (HLM). Elles sont implantées d’une façon linéaire et encerclent Paris, formant ainsi la « ceinture rouge ». Cela provient de la couleur de leurs briques apparentes, un matériau courant et bon marché.
Calepinage des briques © Lycéens d'Hélène-Boucher
Il s’agit d’immeubles édifiés sur d’anciennes fortifications (enceinte de Thiers), devenues des terrains militaires, puis parsemées de bidonvilles. Outre la visée sociale de l’habitat qui était de loger les classes ouvrières, l’objectif était aussi de lutter contre diverses épidémies qui se propageaient dans les bidonvilles ouvriers.
Avant la construction : "la zone", Charles Lansiaux © DHAAP
Un plan concentrique
Inspirées des cités jardins anglaises, les HBM se structurent souvent autour d’espaces végétalisés. Dédiés aux divers immeubles qu’ils desservent, ils offrent aux habitants un coin de verdure et de calme, à l’écart de l’effervescence de la rue.
Construit en 1933, le groupe d'HBM Ravel-Malet se distingue par une implantation du bâti concentrique. Son dessin de vides et de pleins est accentué par son rapport aux deux squares, Georges-Méliès et Emile-Cohl, permettant une mise à distance du boulevard Soult.
Depuis le square Georges-Méliès © Lycéens d'Hélène-Boucher
La rue Nicolas-Malet est reliée à des dessertes privées et arborées permettant d'accéder aux différents immeubles. La disposition des volumes permet différents points de vue dégagés vers le boulevard.
La hauteur de ces logements ne doit pas être trop importante, pour assurer un ensoleillement convenable à tous les étages.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Un mode de construction caractéristique du XXᵉ siècle
Issu de la seconde génération d'HBM d’entre deux guerres, le groupe Ravel-Malet fait appel à un matériau encore peu utilisé jusqu’à présent pour ce type de construction. La systématisation du béton armé, plus économique, permet d'alléger le plan des logements, les libérant de ses murs de refend. C’est le début du plan libre, la façade n’est alors plus un élément porteur. Néanmoins, les prescriptions faites pour l’architecture des HBM demandent que le béton ne soit pas apparent.
Si l’ossature est en béton, la façade est en brique de remplissage, puis décorée de briques ornementales.
Mise en valeur de la cage d'escalier © Lycéens d'Hélène-Boucher
Dans les HBM, chaque élément structurel du bâtiment est mis en évidence, tel un détail décoratif : nez de dalle blanc souligné par une frise de briques, corniche, cheminée, linteau, descente d'eau pluviale. La cage d’escalier est notamment mise en valeur par le renforcement de la verticalité de l’immeuble : ouvertures étroites et suivant le biais des marches, éléments structurels apparents, ornementation au sommet.
L’architecture des HBM met en lumière des éléments en volume : des balcons ou balconnets, des terrasses, des corniches, des entrées, des bow-windows sur plusieurs étages...
Volumes en saillie © Lycéens d'Hélène-Boucher
Un bâtiment en proue
Le bâtiment donnant sur le boulevard se démarque des autres, présentant des façades conjuguant briques et enduit blanc à base de ciment. Sa façade principale reprend des éléments Art déco caractéristiques des années 30 avec des figures géométriques sur les consoles, les travées, les éléments en saillie comme des bow-windows ou encore les ferronneries.
Bâtiment en proue © Lycéens d'Hélène-Boucher
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Coulée verte René-Dumont
Depuis l'allée surélevée © Lycéens d'Hélène-Boucher
Un passé ferroviaire
Cette promenade paysagère emprunte le tracé de l'ancienne ligne de chemin de fer qui relie de 1859 à 1969 la gare de la Bastille à Verneuil-l'Étang, nommée plus communément la ligne Bastille-Vincennes. La ligne est désaffectée en 1969 et son emprise est rachetée par la Ville de Paris. La zone est réaménagée à partir des années 1980 en une promenade pédestre.
Cette promenade est appelée « coulée verte » car les plantations choisies assurent une floraison et un feuillage durable à travers les saisons. Anciennement appelée « promenade plantée », elle est renommée en 2013 « coulée verte René-Dumont », du nom de l'agronome français, qui fut en 1974, le premier candidat écologiste à une élection présidentielle.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Imaginée par l'architecte Philippe Mathieux et le paysagiste Jacques Vergely, la promenade propose un parcours séquencé par différentes altimétries : au-dessus de la ville, au niveau de la rue ou encore en dessous. Du viaduc au remblai, des tranchées jusqu’au tunnel, découvrez ses différentes séquences :
Un square sur les anciennes gares
Sortant de sous terre par le tunnel de Reuilly, la promenade plantée, alors au niveau de la rue, se dédouble. Cet échangeur, situé aujourd’hui à l’emplacement du square Charles Péguy, permettait aux trains de marchandises de la ligne Bastille-Vincennes de rejoindre la petite ceinture.
Arche en treillis pour plantes grimpantes © Lycéens d'Hélène-Boucher
Le square est travaillé en terrassement sur le support des anciennes tranchées et remblais. Ici, se trouvaient deux gares, celle de Bel-Air-Vincennes, située rue du Sahel et la gare aérienne de Bel-Air-Ceinture située sur le pont de Bel-Air. Aujourd’hui, ne persiste que la station de métro éponyme, plus à l’ouest de ce parcours.
Construction du chemin de fer métropolitain municipal de Paris, station Bel Air © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Le parc de Reuilly
En continuant le parcours vers l’ouest, la promenade s’enfonce dans l'épaisseur semi-enterrée de la tranchée du chemin de fer jusqu’au parc de Reuilly, situé le long de l’avenue Daumesnil.
Au croisement avec la rue de Picpus © Lycéens d'Hélène-Boucher
Conçu par l’architecte Pierre Colboc, ce parc est le plus grand espace vert du 12ᵉ arrondissement (en dehors du bois de Vincennes). L’entrée du parc est accompagnée par l’allée plantée Vivaldi, pensée comme un mail urbain entre les nouveaux immeubles de logements de la ZAC de Reuilly.
Passerelle du jardin de Reuilly © CAUE de Paris
Le Viaduc des Arts
Du croisement de la rue de Rambouillet à l’ancienne gare de la Bastille, où se trouve l’actuel opéra, cet ouvrage ferroviaire accueille sous ses briques et ses pierres de taille des ateliers d’artisans et de créateurs. En 1994, à la suite d’un concours lancé par la Ville, l’architecte Patrick Berger, qui a notamment conçu la canopée des Halles, prend le parti d’une réhabilitation transparente, installant pour les soixante et onze arcades une gigantesque façade vitrée. Le promeneur est perché à 10 mètres au-dessus de l’avenue et peut alors observer le quartier d’un point de vue unique. Entre les façades, les matériaux et les différents gabarits architecturaux se côtoient différentes époques.
Sur le Viaduc des Arts © CAUE de Paris
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Immeuble contemporain
Un immeuble d'angle © Lycéens d'Hélène-Boucher
Des jardins d'hiver
Inauguré en 1997, cet immeuble de logements sociaux a été conçu par l’architecte Pierre Riboulet, connu pour la réalisation de l'hôpital Robert-Debré.
Cet immeuble d’angle est l’un des premiers projets parisiens à faire bénéficier les appartements de jardins d’hiver. Aujourd’hui fréquemment utilisés dans l’architecture bioclimatique, leurs mises en œuvre à Paris était à cette période encore peu répandues.
Jardins d'hiver sur la rue de Picpus © Lycéens d'Hélène-Boucher
Élément qualitatif d’un point de vue architectural, cet espace vitré qui fait tampon entre l'extérieur et l'intérieur, a aussi un réel intérêt thermique. Il limite les déperditions thermiques, car le jardin d’hiver intervient comme une seconde peau sur la façade isolée. Cette mise à distance permet alors de se protéger du froid en hiver et de la chaleur en été. Ce dispositif réduit considérablement les nuisances sonores de la rue.
En lien avec la rue © Lycéens d'Hélène-Boucher
Véritable extension du logement, la vie de l’immeuble est rendue visible à travers les usages que donnent les habitants aux jardins d’hiver. Cette transparence de la façade leur permet de participer à l'écriture architecturale de la façade et plus largement à la relation avec l’espace public.
Volumes cubiques © Lycéens d'Hélène-Boucher
Une façade géométrique
Si les façades côté avenue et côté rue sont symétriques, le traitement de l’angle est quant à lui radicalement différent. Trois volumes cubiques en porte-à-faux semblent léviter et dégagent dans leurs creux des loggias filantes.
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Aux n°6-8 boulevard Soult, un bâtiment de 1991, conçu par Alluin et Mauduit architectes fait écho à ce projet. Sa façade répétitive composée de jardins d'hiver lutte contre les nuisances sonores du boulevard des Maréchaux.
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Lotissement ILM
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Monumentalité de l'Est parisien
Le lotissement des bastions 4 et 5 situés de part et d’autre de la Porte Dorée est mis à l’étude pendant l’Exposition coloniale de 1931, manifestation qui avait attiré l’attention de tous les services municipaux et des professionnels. À l’emplacement actuel des immeubles à loyer modéré (ILM), se trouvaient les bâtiments d’entrée de l’Exposition coloniale, la Cité des informations et la Section métropolitaine. Ces bâtiments monumentaux éphémères ont été conçus spécialement pour l'événement.
Vue aérienne de l'Exposition coloniale, 1931 © Édition Adolphe Braun
Des logements au confort complet
Définies en 1923, les opérations d’immeubles à loyer modéré (ILM) sont plus denses en logements que les HBM car elles ne sont pas soutenues financièrement par l'État. Ces logements s'adressent à une population plus aisée que pour les HBM. Ils sont conçus pour répondre à la demande des classes moyennes, des professions libérales mais aussi des familles nombreuses aisées.
Les appartements des ILM intègrent les caractéristiques du logement bourgeois et répondent aux critères de confort moderne de l’époque : eau courante, eau sanitaire chauffée, chauffage central, ascenseur, vide-ordures, cuisine bénéficiant d’une entrée de service, taille de l’entrée conséquente pour imiter l’antichambre…
© Lycéens d'Hélène-Boucher
Une composition épurée et harmonieuse
Le premier plan masse des ILM est dessiné en juin 1931 par l’architecte Louis Madeline, soit un mois après l’ouverture de l’Exposition coloniale. L'opération revient à la SGIM, la Société de gestion des immeubles municipaux. La composition est fractionnée symétriquement en trois corps de bâtiments autonomes qui ménagent d’importantes vues sur les feuillages du bois, ainsi que sur le square Van-Vollenhoven et le square privatif qui lui fait écho de l’autre côté de la place.
Vue aérienne du Palais de la Porte Dorée (ancien musée des Colonies et de la France d'Outre-Mer), HENRARD Roger, 1950 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris
L’esthétique de ces façades épurées est finement travaillée par les teintes claires de briques et pierres qui dialoguent harmonieusement. De couleur orangée, la brique est prédominante aux angles des façades. Son calepinage dessine des motifs décoratifs sous les balcons donnant sur la place Édouard-Renard.
Travée de pierres et calepinage de briques © Lycéens d'Hélène-Boucher
Les façades sont rythmées par une alternance de travées de pierres en saillie et de briques de remplissage pour les allèges des fenêtres.
L’opération présente des balcons filants parcourant tout l’avant-dernier étage. Le sommet des immeubles est souligné par un toit terrasse doté d’une pergola en béton.
Depuis la place Édouard-Renard © Lycéens d'Hélène-Boucher
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Place Édouard-Renard
Une place paysagère © Lycéens d'Hélène-Boucher
La transformation d’un quartier
Peu après les Expositions universelles organisées au milieu du XIXᵉ siècle apparaissent les Expositions coloniales (Amsterdam, Londres, Berlin, Paris). En France, les premières Expositions coloniales ont lieu à Lyon en 1894, à Rouen en 1896, à Marseille en 1906 puis Paris en 1907 dans le bois côté Nogent-sur-Marne. En 1931, l’Exposition coloniale prend place dans la partie côté Paris du bois de Vincennes, remodelé par Adolphe Alphand.
Elle est l’occasion de moderniser un quartier défavorisé, peu bâti et occupé par la « zone » et ses logements précaires sur les anciennes fortifications.
Exposition coloniale internationale, Paris, 1931, Georges Peltier © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Une exposition sur plus de 100 hectares
L’Exposition coloniale internationale a pour vocation de montrer la diversité de l’empire colonial français. À cette époque, la France occupe de nombreux territoires en Afrique, en Asie et en Amérique.
L'entrée de l'Exposition coloniale internationale © Lycéens d'Hélène-Boucher
S'étendant de la Porte Dorée au lac Daumesnil, le plan général est conçu par l’architecte Albert Tournaire. Une quarantaine de pavillons représentant les différentes colonies sont construits autour du lac Daumesnil, dans le bois de Vincennes. Dans chaque pavillon étaient évoqués les paysages, populations et traditions d’un territoire. Les édifices s'inspirent de la manière de bâtir traditionnelle sous formes de reproductions plus ou moins fidèles.
© Édition Adolphe Braun
La place Édouard-Renard
La porte d’honneur de l’exposition était située à l’actuel emplacement de la place Édouard-Renard. La tradition de l’allée monumentale est délaissée au profit d’une porte monumentale ouvrant sur les pavillons disséminés dans le bois.
Entrée de l'exposition, Agence Rol © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Malgré la disparition des pavillons à la fin de l’Exposition coloniale, l’emprise de la porte est réaménagée en place et complétée par une architecture domestique, les ILM.
Émir Fayçal au Musée permanent des colonies, Agence Rol © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France / ADAGP, Paris, 2024
Statue d'Athéna au centre de la place © Lycéens d'Hélène-Boucher
La statue d’Athéna, initialement sculptée pour trôner sur les marches de l'escalier du palais, est installée au centre de la place. Une fontaine est dessinée depuis la statue. La colonnade blanche de l’exposition et les palmiers disparaissent pour laisser place à une composition plus sobre, au goût moderne.
Fontaine et statue d'Athéna © Lycéens d'Hélène-Boucher
Contenus additionels
Palais de la Porte Dorée
Façade principale du palais © Lycéens d'Hélène-Boucher / ADAGP, Paris, 2024
Un monument aux portes de Paris
Au centre de l’Exposition coloniale internationale de 1931, le Palais de la Porte Dorée accueille les réceptions officielles et présente au public les colonies françaises.
Sa construction s’est faite en 18 mois, la première pierre a été posée le 5 novembre 1928. De style Art déco, il est conçu par l'architecte français Albert Laprade.
© Fonds Albert Laprade, Académie d'architecture, Cité de l'architecture et du patrimoine, Archives d'architecture contemporaine / ADAGP, Paris, 2024
L'aménagement paysager
Le Palais de la Porte Dorée est protégé par une grille ornée de triangles dits “en pointe de diamant” et dorés à l’or fin. Dessiné par l’architecte, ingénieur et designer Jean Prouvé, cet ouvrage fait l’objet de sa deuxième collaboration avec Albert Laprade.
Grille Jean Prouvé, P_L_5137, Pascal Lemaître © ADAGP, Paris, 2024
L’escalier monumental qui mène au palais est entouré par deux bassins qui filent le long de la façade principale. La bordure est soigneusement sculptée et accueille les projecteurs destinés à éclairer les bas-reliefs le soir. Un alignement de plantes arbustives et herbacées agrémente l’aménagement. Ce thème de la faune et de la flore aquatique est rappelé sur les bas-reliefs. Ce bassin, décaissé dans la dalle accentue l’effet de socle, d’où s'érige monumentalement le palais.
L'escalier monumental © Lycéens d'Hélène-Boucher / ADAGP, Paris, 2024
Un plan symétrique
Le plan du palais suit un dessin géométrique, simple et parfaitement symétrique. Il s‘étend sur 88 mètres de long sur 18,5 mètres de haut sous la corniche. La façade principale est soulignée par un soubassement décoré de triangles à la pointe inversée par rapport à ceux de la grille.
La façade principale du palais © Lycéens d'Hélène-Boucher
Elle est composée d’une galerie péristyle de colonnes à section carrée en béton armé recouvert de granit. Surmontée de chapiteaux d’inspiration ionique, cette colonnade très fine permet de préserver une vue dégagée vers les bas-reliefs.
Une large corniche en saillie au-dessus du perron vient signifier l’entrée du palais, placée de manière centrale et magnifiée par un imposant escalier. Faite à l’économie, le gros œuvre est constitué pour l’essentiel de béton armé et de moellon.
Galerie péristyle et corniche © Lycéens d'Hélène-Boucher / ADAGP, Paris, 2024
Les bas-reliefs
Le bâtiment oscille entre modernité (usage du béton, toit-terrasse, colonnes carrées) et passé (bas-relief). Sous la galerie, un véritable décor sculpté telle une tapisserie dans la pierre narre l’apport des colonies à la France. La façade est recouverte d’un placage de 17 centimètres d’épaisseur sur 13 mètres de hauteur, soit 1 128 m² de bas-reliefs.
Femme recevant les richesses venues des colonies © Lycéens d'Hélène-Boucher / ADAGP, Paris, 2024
Au-dessus de la porte, une femme symbolisant la France reçoit les marchandises venues des colonies, transportées par avion ou par bateau. Un avion à destination de l’aéroport du Bourget et des bateaux s’amarrant dans les différents grands ports français sont représentés autour de la porte.
Sur la partie gauche de la façade, sont illustrées l’Afrique, l’Océanie puis sur la partie latérale Madagascar et les Antilles. À droite, des scènes de récoltes, la biodiversité, les moyens de locomotions, représentent l’Asie et les colonies françaises d’Amérique.
Bas-reliefs © Lycéens d'Hélène-Boucher
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Contenus additionels
Intérieur du palais
Forum du musée, Lorenzö © Palais de la Porte Dorée / ADAGP, Paris, 2024
Le hall d’honneur
Ce hall lumineux s’étend sur toute la longueur de la façade sud du palais. Il s’ouvre sur le forum, sur les salons d’Asie et d’Afrique en périphérie, ainsi que sur les accès aux collections muséales du niveau supérieur. L’ornementation de cet espace s’inspire des cultures des anciennes colonies d’Orient.
Bandeaux en claire-voie forgés © Lycéens d'Hélène-Boucher / ADAGP, Paris, 2024
En entrant dans le palais, des bandeaux en claire-voie forgés soutiennent le regard en reprenant le motif du moucharabieh, grillage permettant de voir sans être vu, utilisé dans les pays arabes. Au sol, le pavement s’inspire des tapis berbères.
Pavements aux motifs berbères © Lycéens d'Hélène-Boucher / ADAGP, Paris, 2024
Les salons
Aux deux extrémités du hall se trouvent des salons rendant hommage aux apports intellectuels, artistiques et spirituels de l’Asie et de l’Afrique française.
Le salon de droite est conçu pour recevoir le Maréchal Lyautey, premier résident général du protectorat au Maroc et commissaire général de l’Exposition coloniale. Les panneaux décoratifs ornant les murs du salon dépeignent des paysages d’Asie, où faune et flore prospèrent en abondance. Le salon de gauche, destiné au ministre des colonies Paul Reynaud, vante l’Afrique française en illustrant des liens à la musique ou à la danse. Animaux et humains cohabitent dans une forêt luxuriante.
Salon Afrique-Paul Reynaud, Lorenzö © Palais de la Porte Dorée / ADAGP, Paris, 2024
Salon Afrique-Paul Reynaud, Louis Bouquet, Apollon et la muse, Lorenzö © Palais de la Porte Dorée
Le forum
Cette ancienne salle des fêtes en double hauteur et de près de 40 mètres de côté, est baignée d’une lumière zénithale grâce à des ouvertures dissimulées entre des vagues de béton.
Inauguration de l'exposition, Agence Rol © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
Cette couverture est composée de cinq gradins dont les pans verticaux vitrés font réfléchir la lumière vers le plafond. Cet éclairage indirect, diffus et homogène contraste avec la polychromie des fresques.
Toiture du forum, Pascal Lemaître © Palais de la Porte Dorée / ADAGP, Paris, 2024
Les fresques recouvrent toutes les parois de la salle. Elles évoquent « la France et les cinq continents », dépeignant des scènes d’éloges à la colonisation. Des allégories ponctuent ces représentations en incarnant des valeurs telles que la liberté, le travail ou la justice. C’est aussi la peinture d’une France qui se veut sauveuse, libérant son empire colonial de l’esclavage et y amenant hygiène et santé. L’art et l’architecture sont mis au service d’un pays qui veut impressionner lors de l’Exposition internationale coloniale.
Forum, Pierre-Henri Ducos de la Haille, la France de cinq continents, Lorenzö © Palais de la Porte Dorée / ADAGP, Paris, 2024
Aujourd’hui, le Palais de la Porte Dorée est un lieu culturel accueillant l’aquarium tropical - hérité de l’Exposition coloniale de 1931 - et le Musée national de l’histoire de l’immigration ouvert en 2007.
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Activités annexes
Accéder au au parcours
Tramway
Porte de Vincennes (lignes T3a, T3b)
Bus
Cours de Vincennes (lignes 26, 64)
Pyrénées - Docteur Netter (lignes 86, 215, 351)
Métro
Porte de Vincennes (ligne 1)
Maraîchers (ligne 9)
Picpus (ligne 6)
Nation (lignes 1, 2, 6, 9)
Vélib'
Station 20003 (Pyrénées - Cours de Vincennes)
Station 20047 (Cours de Vincennes - Davout)
Station 12020 (Cours de Vincennes - Soult)
RER
Nation (ligne A)