Provins des remparts à nos jours
Provins
Bienvenue dans la Cité médiévale de Provins emblématique des grandes foires de Champagne, inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco depuis 2001.
Si la Ville Haute attire chaque année des milliers de visiteurs pour son patrimoine exceptionnel, la Ville Basse, coeur administratif, artisanal et commercant, dévoile une richesse insoupçonnée. Son développement dans l’enceinte médiévale, façonné par l'omniprésence de l'eau puis par les mesures de protection du patrimoine mises en place dès le XIXᵉ siècle, illustre les grandes étapes de l’urbanisation des villes au gré des aléas de l'histoire et de l'évolution des sociétés. Cette balade vous invite à découvrir comment le XXIᵉ siècle dialogue avec l'hstoire à travers quelques espaces publics emblématiques et des équipements contemporains. Laissez-vous surprendre par la diversité de ses séquences architecturales, urbaines et paysagères. Bonne découverte !
Conçu par le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement de Seine-et-Marne (CAUE77)
Parcours réalisé en partenariat avec les CAUE d'Île-de-France et avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, dans le cadre d'Archipel Francilien.



Aperçu du parcours
Ceinture verte de Provins, remparts et Fausse rivière
La ceinture verte et le rempart ©Martin Argyroglo - CaueIdf
En prenant le pont qui
L'enceinte fortifiée, symbole de puissance
Édifiée dès le début du XIIIᵉ siècle sur plus de cinq kilomètres, l’enceinte fortifiée de Provins incarne la puissance rayonnante de la cité médiévale. Elle unit pour la première fois sous une même protection les villes haute et basse, qui jusqu’alors disposaient chacune de leur propre système défensif, pour former une seule et même Cité de 108 ha.
Chacune des entités urbaines historiques de Provins, dispose jusqu'àlors de sa propre enceinte, d’abord en bois, puis en pierre :
- Le « Chastel » , castrum établit sur l’éperon du plateau Briard à l'ouest, surplombe la plaine alluviale, protège le pouvoir administratif, militaire et religieux,
- Le bourg initial, développé autour de l’abbaye Saint-Ayoul, accueille les premières foires commerciales et devient un pôle économique central.
Engagée par Thibaut IV de Champagne au deuxième tiers du XIIIᵉ siècle, cette troisième enceinte forme un circuit défensif parfaitement continu. Construite à l’âge d’or de la cité médiévale, elle protège le commerce florissant ainsi que les artisanats et industries qui se sont rapidement développés sur la plaine alluviale, entre le Chastel et le bourg. Son vaste périmètre répond aussi aux besoins de l’industrie drapière, notamment aux espaces de séchage indispensables, appelés tiroirs à draps. Ces précieuses parcelles déterminent le tracé de l'enceinte, et impactent la physionomie de la Ville. L’enceinte engendre une communauté d’existence, procure de la sécurité, garantit l’exercice des métiers. Plus qu’un simple ouvrage militaire, elle consacre l’apogée de l’urbanisation médiévale, illustre sa puissance et témoigne de l'ambition des comtes de Champagne qui anticipe sur son destin florissant.
Mais déjà, la ville déborde au-delà de ses remparts.
Une place commerciale et financière à préserver
Lorsque Provins est intégrée au royaume de France, c’est sa puissance économique que Philippe le Bel doit préserver, en poursuivant les travaux entamés par les comtes de Champagne. Avec 80 000 habitants et une affluence supplémentaire lors des foires, où affluent marchands flamands, allemands, lombards, catalans et provençaux, Provins devient la troisième ville de France après Paris et Rouen. Aujourd'hui, la ville compte moins de 13000 habitants.
.Tours et portes : un contrôle stratégique
Les 3 800 mètres de l’enceinte en ville basse, bordés par un fossé en eau, sont flanqués de 40 tours et percés de neuf portes et poternes, assurant à la fois le contrôle des entrées et sorties de la cité et la perception de l’octroi auprès des marchands. Structurant les axes de communication essentiels à la vie médiévale, certaines portes ont perduré bien au-delà du démantèlement des remparts pour ne disparaitre totalement qu’avec la suppression définitive de l’octroi aux portes des villes au XIXᵉ siècle.
Après la porte des Bordes, le prochain franchissement du fossé est la Porte de Changis : La ville de Provins vient de réaliser différents travaux visant à valoriser ces portes et sécuriser les différentes types de ciculations qui s'y croisent.
Le fossé en eau : un dispositif défensif et hydraulique
Suivant le tracé des remparts au nord, à l’est et au sud-est, la Fausse Rivière occupe les fossés défensifs de la cité. Alimentée par une prise d’eau sur le Durteint en amont, elle ceinture la ville à l’est avant de rejoindre la Voulzie en aval. Au-delà de son rôle défensif, elle s’inscrit dans un vaste système de gestion hydraulique que nous aborderons ultérieurement. Devenus obsolètes, les remparts ont offert à Provins l’opportunité de créer un espace de promenade continu, aujourd’hui connu sous le nom de ceinture verte. Aujourd'hui, elle constitue un élément essentiel du patrimoine paysager de Provins.
Ceinture verte de Provins, remparts et Fausse rivière
La ceinture verte et le rempart ©Martin Argyroglo - CaueIdf
En prenant le pont qui
L'enceinte fortifiée, symbole de puissance
Édifiée dès le début du XIIIᵉ siècle sur plus de cinq kilomètres, l’enceinte fortifiée de Provins incarne la puissance rayonnante de la cité médiévale. Elle unit pour la première fois sous une même protection les villes haute et basse, qui jusqu’alors disposaient chacune de leur propre système défensif, pour former une seule et même Cité de 108 ha.
Chacune des entités urbaines historiques de Provins, dispose jusqu'àlors de sa propre enceinte, d’abord en bois, puis en pierre :
- Le « Chastel » , castrum établit sur l’éperon du plateau Briard à l'ouest, surplombe la plaine alluviale, protège le pouvoir administratif, militaire et religieux,
- Le bourg initial, développé autour de l’abbaye Saint-Ayoul, accueille les premières foires commerciales et devient un pôle économique central.
Engagée par Thibaut IV de Champagne au deuxième tiers du XIIIᵉ siècle, cette troisième enceinte forme un circuit défensif parfaitement continu. Construite à l’âge d’or de la cité médiévale, elle protège le commerce florissant ainsi que les artisanats et industries qui se sont rapidement développés sur la plaine alluviale, entre le Chastel et le bourg. Son vaste périmètre répond aussi aux besoins de l’industrie drapière, notamment aux espaces de séchage indispensables, appelés tiroirs à draps. Ces précieuses parcelles déterminent le tracé de l'enceinte, et impactent la physionomie de la Ville. L’enceinte engendre une communauté d’existence, procure de la sécurité, garantit l’exercice des métiers. Plus qu’un simple ouvrage militaire, elle consacre l’apogée de l’urbanisation médiévale, illustre sa puissance et témoigne de l'ambition des comtes de Champagne qui anticipe sur son destin florissant.
Mais déjà, la ville déborde au-delà de ses remparts.
Une place commerciale et financière à préserver
Lorsque Provins est intégrée au royaume de France, c’est sa puissance économique que Philippe le Bel doit préserver, en poursuivant les travaux entamés par les comtes de Champagne. Avec 80 000 habitants et une affluence supplémentaire lors des foires, où affluent marchands flamands, allemands, lombards, catalans et provençaux, Provins devient la troisième ville de France après Paris et Rouen. Aujourd'hui, la ville compte moins de 13000 habitants.
.Tours et portes : un contrôle stratégique
Les 3 800 mètres de l’enceinte en ville basse, bordés par un fossé en eau, sont flanqués de 40 tours et percés de neuf portes et poternes, assurant à la fois le contrôle des entrées et sorties de la cité et la perception de l’octroi auprès des marchands. Structurant les axes de communication essentiels à la vie médiévale, certaines portes ont perduré bien au-delà du démantèlement des remparts pour ne disparaitre totalement qu’avec la suppression définitive de l’octroi aux portes des villes au XIXᵉ siècle.
Après la porte des Bordes, le prochain franchissement du fossé est la Porte de Changis : La ville de Provins vient de réaliser différents travaux visant à valoriser ces portes et sécuriser les différentes types de ciculations qui s'y croisent.
Le fossé en eau : un dispositif défensif et hydraulique
Suivant le tracé des remparts au nord, à l’est et au sud-est, la Fausse Rivière occupe les fossés défensifs de la cité. Alimentée par une prise d’eau sur le Durteint en amont, elle ceinture la ville à l’est avant de rejoindre la Voulzie en aval. Au-delà de son rôle défensif, elle s’inscrit dans un vaste système de gestion hydraulique que nous aborderons ultérieurement. Devenus obsolètes, les remparts ont offert à Provins l’opportunité de créer un espace de promenade continu, aujourd’hui connu sous le nom de ceinture verte. Aujourd'hui, elle constitue un élément essentiel du patrimoine paysager de Provins.
Quartier Delort – Architecture contemporaine
Centre Culturel et sportif Saint Ayoul ©Martin Argyroglo / CaueIdf
Le quartier Delort : un témoin de l’évolution urbaine de Provins
Une urbanisation tardive
L'urbanisation du quartier Delort ne débute qu'au XIXe siècle, sur un ancien cimetière et des parcelles en friche situées entre les remparts et le chevet de l’église paroissiale Saint-Ayoul. Cette dernière, associée au prieuré des bénédictins, constitue le cœur de l’urbanisation primitive du Val. Une partie de ces terres appartient initialement aux bénédictins de Saint-Ayoul, chargés notamment d’accueillir les pèlerins. Alimentées par le ruisseau de la Pinte, elles nourrissent la communauté et les visiteurs de passage. Plus au sud, vers la rue de Changis, certaines parcelles semblent avoir été dédiées à l'étendage des draps.
Malgré cette situation privilégiée, l’espace entre les remparts reste inconstruit pendant des siècles. Aucune pression foncière ne s'exerce plus ici depuis plusieurs siècles.
Le déclin de Provins
Dès le milieu du XIIIe siècle, Provins amorce un rapide déclin sous l’effet de plusieurs bouleversements : la concurrence des foires de Flandre et de Rhénanie, la révolte des drapiers provinois durement réprimée, et l’annexion de la Champagne par le royaume de France, qui affaiblit son rayonnement. L’insécurité grandissante liée à la Guerre de Cent Ans et les épidémies aggravent la situation. En 1348, la moitié de la population réfugiée intra-muros est décimée par la peste noire. En quelques décennies, le nombre de fabriques de draps passe de 3 000 à 30, provoquant la ruine des artisans et commerçants, qui retournent à la terre. Au XVIe siècle, les guerres de Religion accentuent ce déclin et la population chute à 5 000 habitants.
Une urbanisation en régression
Avec l’effondrement de son rayonnement, l’urbanisation de Provins régresse : les tiroirs à draps et certaines constructions sont en friche, tandis que les jardins et prairies délaissés finissent par représenter près de 60 % de la cité intra-muros. Ce foncier disponible deviendra une opportunité pour de nouvelles dynamiques urbaines.
Un premier renouveau porté par les ordres religieux au XVIIe siècle
Ces opportunités foncières attirent plusieurs ordres religieux, dans le mouvement religieux général du siècle, à s’installer dans Provins et participent un temps à un nouveau dynamisme de la Ville. En 1631, un couvent de bénédictines s’installe rue de Changis, au sud du présent îlot. Toutefois, en quelques décennies, ces établissements religieux déclinent. À la veille de la Révolution française, il ne reste que trois moines au prieuré de Saint-Ayoul.
Quartier Delort construit en 1840, une partie occupe l'emplacement de l'ancien couvent des bénédictins. © Archives départementales de Seine-et-Marne
L'arrivée des militaires et la création du quartier Delort
Avec la Révolution française, la plupart des biens religieux sont saisis et vendus comme biens nationaux. L’église Saint-Ayoul et le prieuré accueillent tour à tour la sous-préfecture et la gendarmerie nationale. Une partie de Saint-Ayoul devient une grange pour le foin de la cavalerie, tandis que d’autres espaces sont transformés en logements. Comme dans l’ensemble du pays, la confiscation des biens de l’Église et des congrégations religieuses va représenter une opportunité pour l’État, qui doit loger pour une durée de 5 puis de 6 ans les générations de soldats, issues de la conscription universelle instaurée à la Révolution. Ces militaires vont d’abord occuper les établissements religieux, souvent dégradés, avant que ne soit construits à travers le pays des casernes pour les armées. À Provins, la présence militaire remonte à 1749, avec l’arrivée du premier régiment, installé dans les bâtiments libérés par le départ des religieuses, rue de Changis. Dès 1815, Napoléon souhaite faire de Provins une place forte protégeant Paris. Le site va se construire, tout au long du XIXe siècle pour accueillir de plus en plus de conscrits, à partir de la rue de Changis. On y accueille par ailleurs des régiments de Dragons, les cavaliers de l'armée de terre, comme le 29e régiment de Dragons de 1894 à 1924. Pour permettre la construction de la caserne, plusieurs kilomètres de remparts endomagés et obsolètes sont alors démantelés. La construction de ce manège et de ces écuries sur cette partie enclavée du quartier Delort est tardif.
La construction de casernes à travers le pays va profondément modifier le paysage urbain, et participer à la dynamisation économiques et sociale des villes.
La caserne, anciennement de cavalerie. © Archives départementales de Seine-et-Marne
La restructuration du quartier au XXIe siècle
Le dernier régiment quitte Provins au milieu des années 1960, laissant la caserne à l’abandon. Progressivement, le site devient une friche.
Dans le cadre d’un vaste projet de réaménagement urbain, la ville de Provins acquiert le prieuré Saint-Ayoul et amorce, entre 2005 et 2010, une transformation ambitieuse du quartier Delort, alliant revitalisation et préservation de son patrimoine architectural.
L’Atelier d’Architecture ADH – Atelier Doazan Hirschberger remporte le concours lancé par la mairie pour la réalisation du Centre culturel et sportif de Saint-Ayoul. Le projet établit un dialogue subtil entre l’héritage industriel et militaire des anciennes écuries et du manège, et les nouveaux besoins des Provinois. Un édifice en métal et en verre, aux lignes contemporaines, vient naturellement articuler ces deux bâtiments historiques. Livrée en 2006, cette restructuration de 4 500 m² comprend un théâtre de 600 places, un auditorium de 150 places, un conservatoire de musique, un dojo et une salle d’armes.
Les aménagements publics qui accompagnent cette transformation se distinguent par leur soin particulier et la réinterprétation de la thématique de la passerelle. Le ruisseau de la Pinte, longtemps busé, est en effet valorisé par la végétalisation de ses abords et la mise en oeuvre de passerelles. En réinvestissant avec la question du franchissement, elle offre la première séquence urbaine et paysagère contemporaine sur le thème historique des ponts et passerelles de Provins.
En 2010, Pierre Chican, architecte et auteur de nombreux cinémas, livre le complexe cinématographique le Rexy, en relevant un double défi : concevoir le projet sur une parcelle particulièrement contrainte au regard de son étroitesse, dans un périmètre d'une zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP, outils de protection du patrimoine instituées autour des monuments historiques (MH), devenu Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine (AVAP), puis Site Patrimoniale Remarquable (SPR). Celui-ci propose une réalisation audacieuse par son écriture résolument contemporaine, et unique dans la ville intramuros. Ses volumes épurés, légèrement surélevés, ses façades élégantes et son mur végétal, plein est, en écho à la ceinture verte de la ville, confèrent à l’ensemble une identité forte et singulière.
Ces 2 bâtiments sont repérés comme patrimoine d’intérêt l’un au titre du patrimoine du 19e et 20e siècle, l’autre au titre d’architecture contemporaine.
Un équilibre entre histoire et modernité
Aujourd’hui, le quartier Delort conjugue mémoire historique et modernité. Les vestiges du passé bénédictin et militaire se mêlent aux aménagements contemporains, offrant à Provins un cadre urbain unique, témoin de son riche passé. Au dela des murs préservés de la caserne, la fonction militaire du site a été préservée avec l'installation d'un corps de Gendarmerie, rue de Changis, rebaptisée rue Arnaud-Beltrame en 2018, dans de nouveaux locaux.
Les vitraux de Saint Ayoul
Le chevet de l’église Saint-Ayoul participe à cette modernité, notamment avec les vitraux de la chapelle des bénédictins, réalisés entre 2016 et 2019 par l’artiste franco-allemand Udo Zembok, spécialiste des sculptures monumentales en verre. , en particulier pour des édifices religieux, mais aussi pour des musées, et autres équipements publics. Il a réalisé notamment en 2007, la paroi monumentale translucide de la crypte romane de la Cathédrale Notre Dame de Chartres.
En rejoignant le porche de Saint-Ayoul par le nord, pour la 3e étape, on peut observer le second chevet de l’église, celui de la chapelle Charles de Refuge. Plus modeste en volume, elle se trouve dans l’ombre de la chapelle des Bénédictins. Ces deux chapelles, parallèles et orientées plein est, semblent rivaliser, et illustrent les tensions historiques entre la paroisse et le prieuré.
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De la porte de Troyes à la porte de Jouy : l’axe fondateur Est-Ouest
Devant Saint Ayoul ©Martin Argyroglo - CaueIdf - 2024
Le noyau d’urbanisation de la Ville Basse
L’urbanisation de ce territoire débute à environ 600 mètres d’ici, sur l’éperon formé par la ligne de crête du plateau briard, à l’ouest, dans l’axe de la place Saint-Ayoul. À l’époque, le Chastel domine une vallée vulnérable et gorgée d’eau. En 996, la redécouverte des reliques de Saint Ayoul conduit à l’édification de la chapelle Saint-Médard. Rapidement, les pèlerins affluent. Conscient, comme ses contemporains, du potentiel de ce lieu de dévotion, Thibaut Ier de Champagne entreprend en 1048 la construction d’une église paroissiale pour honorer les reliques, ainsi que celle d’un monastère bénédictin destiné à accueillir pèlerins, marchands et voyageurs.
Ce pèlerinage stimule l’essor économique local. Un bourg fortifié se développe peu à peu, donnant naissance à la Ville Basse. Face à cette église, maintes fois remaniée, la place accueille, dès 1085, les premières foires de Provins
Les reliques, moteur du développement des villes et villages
Un rôle spirituel et social majeur
Dès les premiers siècles du christianisme, les fidèles accordent une grande importance aux reliques des saints, objets de dévotion ancrés dans des traditions bibliques et historiques. Comme autrefois dans les cultes païens gréco-romains et gaulois, on espère en tirer protection et bienfaits : guérisons, prospérité, bonnes récoltes… La présence de reliques dans une cité est perçue comme un rempart spirituel, contribuant, au même titre que les fortifications, à la protection de ses habitants.
Un levier d’attractivité et de pouvoir
Qu’elles proviennent de Terre Sainte ou non, qu'ils s'agissent de reliques du Christ, de la Vierge Marie, des apôtres ou de saints locaux, qu’elles soient achetées, héritées, volées ou découvertes « miraculeusement », les reliques sont une source de prestige et un puissant moteur d’attractivité. Leur culte s’intensifie avec les croisades, amplifiant le phénomène des pèlerinages, qui font ainsi la fortune des villes et villages et favorisent la construction d'église et l’implantation d’ordres religieux. Aux Xe et XIe siècles, cette ferveur atteint son apogée.
C’est à partir de cette double dynamique, religieuse et commerciale, que le bourg du Val naît, avant que l’artisanat et les industries locales ne participent à la renommée de la ville.
Une cité commerçante et industrieuse
Provins devient un carrefour commercial majeur. Deux fois par an, les foires attirent des marchands venus de toute l’Europe, sécurisés par les mesures prises par les comtes de Champagne pour garantir la sûreté des routes et des transactions. Ces foires, consacrées au commerce de gros, voient transiter ballots et tonneaux, mais aussi des marchandises précieuses en provenance de toute l’Europe : laines, draps, vins, fourrures, teintures, orfèvrerie…
La cité se distingue par son industrie drapière, notamment la production du célèbre drap de laine noir, le « ners » ou nerf de Provins. Chaque année, jusqu’à 100 000 pièces de 20 mètres sont fabriquées sur les 3 000 métiers à tisser de la ville. Tout est fait sur place : la terre de foulon, extraite au pied du Chastel, permet de dégraisser les draps ; l’eau du Durteint, actionnant les moulins à foulon, les assouplit et les lave ; enfin, ils sont étendus et séchés sur des milliers de mètres linéaires aménagés dans la Cité et à ses abords.
Ce textile, réputé, s’exporte jusqu’à Constantinople et fait la fortune des comtes de Champagne. Parallèlement, de nombreux artisans se spécialisent dans la laine, le cuir ou encore la coutellerie. Pèlerinages, foires et industries entraînent un essor considérable des métiers de bouche et des services, contribuant au développement de la ville.
Les foires apportent richesse et prospérité à la ville, mais participent aussi au développement des connaissances, aux échanges commerciaux comme culturels, et à la circulation des idées.
Implantation et continuité urbaine
L’église Saint-Ayoul s’implante à la croisée de deux axes préexistants :
- un axe est-ouest, reliant le Chastel et les grandes routes menant à l’ouest vers Lagny et Coulommiers, et à l’est vers Troyes. Plus largement, cette route permet de rejoindre le nord-est, via Châlons-en-Champagne, pour accéder à la Flandre et à l’Allemagne.
- une route vers le nord, vers le hameau de la Fontaine Riante, en direction du plateau agricole de Brie et de la Ferté-Gaucher.
L’urbanisation suit naturellement ces axes. L’axe est-ouest se densifie d’abord à l’intérieur de l’enceinte primitive du bourg, avant de s’étendre progressivement vers l’extérieur. Il devient rapidement l’épine dorsale du développement urbain, structurant le réseau viaire et influençant l’alignement du bâti. Aujourd’hui encore, il concentre neuf siècles d’histoire et d’architecture.
Nous allons maintenant nous diriger vers la Tour Notre-Dame du Val et sa place, qui aurait accueilli une partie de la foire de la Ville Basse ainsi que les commerces des biens les plus précieux. Son accès unique, par la porte que nous venons de franchir, en faisait un espace sécurisé, idéal pour le négoce des marchandises de grande valeur.
Le promenoir, l'héritage des remparts
©Martin Argyroglo - CaueIdf - 2024
Vous arrivez ici boulevard d'Aligre, sur l'emplacement de la séquence nord des remparts, détruits au XVIIe siècle.
Remparts : Un fardeau devenu insoutenable.
Dès l'origine, l’entretien des 5 km de remparts de Provins représente une charge considérable pour les habitants qui sont mis à contribution pour financer ou participer régulièrement au curage des fossés en eau, à la réparation, la modernisation et l'entretien des remparts. La ville n’a plus les moyens d’assurer la maintenance de ce vaste linéaire défensif, dont l’ampleur excède largement ses ressources qui se sont effondrées.
Les inondations régulières que subit Provins n'ont eut de cesse de fragiliser ces murailles, provoquant l’effondrement de pans entiers. Cet affaiblissement progressif, conjugué à l’évolution des techniques militaires et au recul des frontières du royaume sous Louis XIV, rend ces fortifications obsolètes. Dès lors, leur destruction apparaît non seulement comme une nécessité financière, mais aussi comme une opportunité d’aménagement urbain.
Le boulevard planté, un modèle inspiré de Paris
À la même époque, Louis XIV entreprend d’importantes transformations à Paris. Dès 1670, il ordonne le démantèlement des fortifications de la capitale pour les remplacer par de larges "boulevards" arborés, dédiés à la promenade et au prestige urbain. C'est ainsi que cette séquence, comme celles empruntées au début de la balade, sont qualifiées de boulevard, malgré leurs étroitesses. Ce modèle influence d’autres villes, qui comprennent que les enceintes médiévales ne répondent plus aux exigences modernes et peuvent être converties en espaces publics valorisants. L’aménagement de ces « promenoirs » se poursuivra jusqu'au XIXe siècle. À cette époque, de nombreuses villes françaises ont aménagé des boulevards et des promenades plantées, suivant les principes hygiénistes. Ces espaces verts sont alors conçus pour offrir aux citadins des lieux de détente et d'agrément, tout en améliorant la qualité de l'air, la salubrité générale de la ville et l'esthétique urbaine.
À Provins, à la fin du XVIIe siècle, sous l’impulsion de l’abbé François d'Aligre inspiré par les choix d'aménagement parisiens, certaines sections des remparts effondrées sont définitivement rasées pour laisser place à des allées plantées, toujours bordées par la Fausse Rivière. A l'instar de ce modèle parisien, ce sont des alignements d'ormes qui sont alors plantés. Conçu également comme digue, il surplombe la ville pour offrir aux promeneurs un panorama exceptionnel, notamment vers la Ville Haute et les silhouettes de Saint Quiriace et de la Tour César. Ces nouvelles promenades arborées marquent le premier grand aménagement paysager de la ville, transformant un héritage militaire en un espace de détente et de sociabilité.
Avant le XVII<sup>e</sup> siècle, la plantation en alignement se trouve essentiellement sur les routes de campagne ou aux abords des villes.
L’évolution des Essences Arboricoles dans les Aménagements Publics
L’orme a longtemps occupé une place prépondérante dans les aménagements publics avant d’être progressivement remplacé par des essences jugées plus robustes et "ornemantales", comme le platane et le marronnier au XIXe siècle. Ces 3 essences dont la plantation a embelli nos villes sont menacées depuis quelques décennies. Le XXe siècle voit surgir une série d'épidémies de différentes nature qui ont frappés ces arbres, en particulier ces 3 essences : 90% des ormes ont disparus en Europe, dans les années 1970, en raison d'une épidémie de graphiose, provoquée par un champignon pathogène véhiculé par un insecte invasif, les marroniers sont à leur tour fragilisés par la mineuse, une chenille vorace qui affaiblit l’arbre jusqu’à provoquer son effondrement, ce qui pousse les ainsi que par le chancre.
Originaire d'Asie, d'Amérique, ou
- poussant les chercheurs à développer des variétés résistantes. 0 Suite à une deuxième épidémie de graphiose dans les années 1970, 90% des ormes auraient disparus en Europe, poussant les chercheurs à développer des variétés résistantes. Cependant, ces espèces ne sont pas exemptes de menaces. À la fin du XXe siècle, la graphiose a décimé près de 90 % des ormes en Europe, poussant les chercheurs à développer des variétés résistantes. Aujourd’hui, les marronniers sont à leur tour fragilisés par la mineuse, une chenille vorace qui affaiblit l’arbre jusqu’à provoquer son effondrement, ainsi que par le chancre. De son côté, le platane est sévèrement touché par le chancre coloré, une maladie dévastatrice qui a déjà entraîné la disparition de milliers d’arbres. Face à ces défis sanitaires, la sélection et l’introduction de nouvelles essences adaptées deviennent essentielles pour garantir la pérennité du patrimoine arboré urbain.
Un nouvel espace de sociabilité
Le boulevard d’Aligre devient rapidement un lieu central dans la vie sociale de Provins. Comme le souligne l’historien local C. Opoix en 1846, « l’on s’y rend pour voir et être vu ». La tenue vestimentaire, la manière de marcher et la compagnie sont autant d’éléments qui participent à la mise en scène d’une bonne société en quête de reconnaissance. Ouvert sur la ville, c'est aussi un espace "démocratique", accessible à tous. Les boulevards sont ainsi les premiers espaces verts publics conçus pour le plaisir des provinois.
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Un Patrimoine Paysager Durable
Aujourd’hui, le promenoir du boulevard d'Aligre demeure un élément emblématique du paysage urbain. Bordé aujourd'hui sur cette séquence de majestueux marronniers, il constitue un lieu de convivialité et de loisirs depuis plus de trois siècles. La ville poursuivra l’aménagement d'allées plantées le long des fossés extérieurs des fortifications ou à l'intérieur de la ville.
L’histoire de ce boulevard illustre parfaitement l’évolution des pratiques urbaines et du rôle central des promenades dans la structuration des villes. En remplaçant des fortifications devenues inutiles par des espaces publics attractifs, Provins s’inscrit dans une dynamique qui a traversé les siècles, à l’instar de Paris où les fortifications de Thiers (1840-1919) ont été détruites pour être remplacées par une première ceinture verte et des équipements sportifs.
Au fil du temps, ce promenoir s’enrichit d’aménagements qui renforcent son attractivité, à découvrir dans la suite cette balade.
Promenade des remparts. © Archives départementales de Seine-et-Marne
Vue pittoresque depuis la promenade. © Archives départementales de Seine-et-Marne
Omniprésence de l'eau et ses ouvrages d'art
Le promenoir et le boulevard de l'Aligre sont mis à distance l’un de l’autre par un des nombreux canaux qui traverse la ville, ici un canal où s'écoulent les eaux de la Fausse Rivière. Des éléments de franchissement sont alors présents afin de faire se rejoindre ces deux entités circulatoires, l’une pédestre et l’autre automobile.
© CAUE 77
Les équipements du XXIe siècle
La Place du 29 Dragon est un espace urbain moderne qui tire son nom d'un épisode historique marquant pour la ville. Le 29e régiment de dragons, une unité de cavalerie de l'armée française, a été stationné à Provins de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Cette place rend hommage à leur présence et à leur contribution à l'histoire locale.
La place accueillait autrefois le champs de
Commissariat de police de Provins
Situé à l’alignement de la Place du 29 Dragon, le commissariat de police de Provins est un exemple de l'architecture du XXIe siècle.
Conçu par le cabinet d'architectes Ameller Dubois, ce bâtiment a été construit pour répondre aux besoins modernes de sécurité et de service public, il se distingue par son design et sa façade moderne. Le lieu incarne les tendances actuelles de l'architecture publique notamment par l’utilisation de matériaux modernes tels que le verre et l'acier. Les lignes et les volumes du bâtiment affirment une approche contemporaine voulue pour ce nouveau commissariat.
La ville, connue pour son riche patrimoine médiéval, montre, par ses réalisations contemporaines, sa capacité à évoluer et à intégrer des éléments modernes au sein de son tissu urbain ancien. Provins parvient à conjuguer tradition et modernité, c’est alors une différente facette de la ville qui se dessine, où l'architecture du XXIe siècle dialogue avec l'héritage historique pour créer un environnement urbain qui évolue avec ses habitants.
Le Centre Aquatique du Provinois
L'ancienne piscine provinoise. © Archives départementales de Seine-et-Marne
Le Centre Aquatique du Provinois, inauguré en 2013, conçu par l'agence Arcos Architecture, profite d'une situation privilégiée en contre-haut au sein du complexe sportif provinois.
©Martin Argyroglo - CaueIdf - 2024
Le bâtiment se caractérise par sa structure moderne, offrant une grande luminosité naturelle à l'intérieur. Cette conception permet aux nageurs de profiter d'une atmosphère agréable et ouverte, créant une connexion visuelle entre l'espace intérieur et l'environnement extérieur. Sa situation en surplomb lui permet d’avoir une vue panoramique dégagée sur le paysage environnant depuis l’intérieur de l’édifice. À l'intérieur, le Centre Aquatique offre une variété d'installations. Il comprend plusieurs bassins adaptés à différents usages : un bassin sportif pour la natation, un bassin d'apprentissage, et des espaces dédiés à la détente et aux loisirs aquatiques.
Cette étape de la balade met en relation deux édifices contemporains et offre un aperçu de l'architecture du XXIe siècle à Provins, illustrant l'envie de la ville d'embrasser la modernité et faire évoluer ses activités et services.
De la ville et des champs
©Martin Argyroglo - CaueIdf - 2024
Les remparts de Provins, érigés principalement aux XIIe et XIIIe siècles, sont un témoignage impressionnant de l'architecture militaire médiévale. Ces fortifications ont joué un rôle crucial dans la protection de la ville, notamment lors des célèbres foires de Champagne qui attiraient des marchands de toute l'Europe.
et un ensemble de séquences pittoresques voire romanesques, animées par les silhouettes des remparts en ruines, de la végétation qui les envahit, des vues vers la campagne lointaine….
La limite des Remparts
La ligne des remparts marque une transition nette entre l'espace urbain et les champs environnants, la ville s'ouvre alors sur les vastes étendues agricoles de la Brie de Provins. Ce contraste entre la densité urbaine et la respiration que produisent les champs offre une perspective unique sur l'interaction entre la ville et son environnement rural. Ces terres agricoles, qui ont soutenu l'économie locale depuis des siècles, sont caractérisées par des cultures de céréales et d'oléagineux. Les lignes de crêtes et les coteaux boisés structurent le paysage, créant également une séparation, cette fois-ci naturelle, entre la ville et la campagne.
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La limite du Durteint
Le Durteint (également orthographié Durtein ou Durtaint), forme lui aussi une limite entre ville et champ. Il est un affluent de la Voulzie, la rivière principale qui traverse Provins, et prend sa source dans les environs pour venir rejoindre la Voulzie au cœur de la cité médiévale. Au Moyen Âge, le Durteint a été canalisé et détourné pour alimenter les fossés de la ville, participant ainsi au système défensif de Provins. Cette canalisation a donné naissance à ce qu'on appelle la "Fausse Rivière", le fossé aquatique qui encercle la cité. Ce dispositif hydraulique, conçu pour la rétention et la régulation des eaux, alimentait autrefois le cœur de ville en eau et constituait un élément structurant du paysage provinois.
L'importance agricole dans le tracé de la ville
Parallèlement, le plateau agricole de Provins est quant à lui une vaste étendue de terres cultivées qui a historiquement soutenu l'économie locale, il est situé à l'est de la ville. Ce plateau, également connu sous le nom de Brie de Provins, est caractérisé par des champs ouverts et des lignes de crêtes qui offrent une vue dégagée sur la ville médiévale. Les cultures dominantes incluent les céréales et les oléagineux, typiques de la région briarde. L'axe Est-Ouest commence sur ce plateau agricole et descend progressivement vers la vallée où se situe la Ville Basse. Cette transition topographique est marquée par des coteaux boisés qui structurent le paysage et créent une séparation naturelle entre les zones agricoles et urbaines.
- Le Jardin Garnier, offrant un espace paysager propice à la détente,
- La station minérale, inaugurée entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle,
- Les jardins familiaux et la roseraie, poursuivant la tradition d’espaces verts urbains,
- Les équipements sportifs, qui accompagnent l’évolution des loisirs et des pratiques de la promenade.
L’eau et le jardin Garnier - Un parc du XIX°s
©Martin Argyroglo - CaueIdf - 2024
Jardin Garnier aujourd'hui. © CAUE 77
Créé au XIXe siècle, le jardin Garnier porte le nom de son ancien propriétaire, qui a légué ce terrain à la ville. Aujourd'hui, ce jardin public soigneusement entretenu conserve son agencement d'origine, offrant un aperçu authentique des jardins paysagers du XIXe siècle.
Ces opportunités foncières conduisent ainsi de nombreux ordres , dans le mouvement religieux général du siècle, à s’installer dans Provins et participent un temps à un nouveau dynamisme de la Ville.
C'est dans cet élan, après les Capucins, que des Bénédictines s'installent rue de Changis, près de l'ancienne foire au chevaux
Les Capucins s’implantent ainsi en ville en 1613, dans une zone peu urbanisée, près du Durteint , au sud du Châtel. Suivis par les Bénédictines en 1631 (nouveau couvent rue de Changis, près de l’ancienne foire aux Chevaux), les Filles de la Vierge en 1646 ( dans l’ancien secteur des tiroirs du Mellot, entre le Durteint et l’église Sainte Croix), … avec la construction sur le territoire d’édifice d’architecture classique, aujourd’hui disparus à l’exception de l’aile de la Congrégation (occupée par la sous-préfecture) .
Composition du jardin
Jardin Garnier. © Archives départementales de Seine-et-Marne
L'eau joue un rôle central dans la conception de ce parc. Une élégante pièce d'eau agrémente le jardin, apportant fraîcheur et sérénité à l'espace. Le doux murmure de l'eau et les reflets à sa surface créent une atmosphère apaisante, invitant à la détente et à la contemplation. Une grande variété d'essences d'arbres est présente, dont certaines exotiques et rares pour la région. Parmi ces arbres, des spécimens remarquables peuvent être observés, comme par exemple le majestueux hêtre pourpre, qui se reconnaît à son feuillage éclatant ou encore le catalpa, admirable par sa floraison mais également par sa capacité d’ombrage. Ces arbres centenaires témoignent de la volonté des créateurs du jardin d'introduire des espèces ornementales variées, typique des parcs du XIXe siècle.
La Villa Garnier
Villa Garnier. © CAUE 77
Un élément remarquable du jardin Garnier est la présence d'une belle demeure attenante, qui abrite aujourd'hui la bibliothèque municipale. Le jardin Garnier représente une étape plus récente dans l'histoire de la ville, montrant comment celle-ci a continué à évoluer et à s'embellir bien après son apogée médiévale.
Patrimoine architectural, typologies et caractéristiques
©Martin Argyroglo - CaueIdf - 2024
La rue du Val, une des artères principales du cœur de la Ville Basse, est bordée de maisons à colombages, témoins emblématiques de l'architecture médiévale.
La grande rue du Val. © Archives départementales de Seine-et-Marne
Le cœur de Ville Basse et son architecture médiévale
Ces constructions, datant pour la plupart des XIIe au XVIe siècles, se caractérisent par leur structure en bois apparent formant des motifs géométriques sur les façades. Entre les poutres, on trouve un remplissage traditionnel fait de torchis, un mélange de terre et de paille. Cette technique de construction, typique de l'époque, offrait une bonne isolation tout en étant économique. Certaines maisons présentent des encorbellements, ces étages supérieurs qui débordent en porte à faux sur la rue. Un autre élément remarquable du patrimoine architectural de Provins se cache sous terre. Les caves et rez-de-chaussée voûtés, mentionnés comme "un exemple éminent d'un type de construction" dans les critères d'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, témoignent de l'ingéniosité des bâtisseurs médiévaux. Ces caves servaient souvent d'ateliers ou d'entrepôts pour les marchands lors des célèbres foires de Champagne. Par ailleurs, des maisons en pierre, souvent construites à partir du XVIe siècle, habitent encore le cœur de ville. Ces bâtiments plus récents s'intègrent dans le tissu urbain médiéval, créant un paysage architectural diversifié et évolutif.
Un tissu urbain médiéval
La configuration des rues elle-même est un témoignage de l'urbanisme médiéval. Les ruelles étroites et sinueuses, typiques des villes fortifiées, créent des perspectives et des points de vues changeants au sein du quartier. Ce quartier du cœur de ville de Provins illustre parfaitement le critère IV de son inscription au patrimoine mondial, qui souligne son caractère de "ville à caractère évolutif exemplaire ayant conservé, dans le cadre d'un site naturel exceptionnel, une organisation de l'espace et des structures caractéristiques des phases successives de son histoire".
Quai(s) de la Voulzie
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La Voulzie, rivière emblématique de Provins, a joué un rôle crucial dans le développement de la cité médiévale. Les quais qui la bordent aujourd'hui sont le résultat d'aménagements hydrauliques réalisés au fil des siècles.
Discipliner les eaux
Au Moyen Âge, les bâtisseurs de Provins ont entrepris d'importants travaux pour maîtriser les eaux de la Voulzie. Ils ont créé un réseau de canaux et de dérivations pour assécher les marais et rendre la zone habitable. Ces aménagements hydrauliques ont permis le développement de la Ville Basse, structurant l'urbanisme le long de la rivière.
Certaines des maisons qui bordent les quais possèdent encore des caves et des rez-de-chaussée voûtés, témoins de l'ingéniosité des constructeurs médiévaux pour s'adapter à la proximité de l'eau. Ces structures, caractéristiques de Provins, ont d'ailleurs contribué à l'inscription de la ville au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Quai de la Voulzie. © Archives départementales de Seine-et-Marne
L'importance de l'eau pour Provins
L'eau de la Voulzie a également joué un rôle économique important. Elle alimentait de nombreux moulins, dont certains vestiges sont encore visibles aujourd'hui. Ces moulins ont notamment été utilisés pour la production de farine et le travail du textile. Au XIXe siècle, les quais ont été réaménagés pour améliorer la circulation et l'hygiène de la ville. Ces travaux ont donné aux quais leur aspect actuel, avec leurs alignements d'arbres et leurs promenades qui les longent. Aujourd'hui, les Quais de la Voulzie constituent un point d'observation pour admirer l'architecture de la Ville Basse et comprendre comment l'eau a façonné le développement urbain de Provins.
Rue des Marais. © Archives départementales de Seine-et-Marne
Quartier de la gare
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Le quartier de la gare de Provins, situé à l'ouest de la ville, est un témoignage de l'urbanisme et de l'architecture des XIXe et XXe siècles.
La Gare. © Archives départementales de Seine-et-Marne
Le boulevard Carnot
Le boulevard Carnot, circulation principale du quartier de la gare, a été aménagé à une époque où Provins connaissait un essor économique grâce à l'arrivée du chemin de fer. Il est bordé de bâtiments qui reflètent l'architecture de la fin du XIXe et du début du XXe siècle et abrite alors une diversité de styles architecturaux. Les façades des immeubles présentent des éléments caractéristiques de l'architecture éclectique, avec des influences néoclassiques et Art Nouveau. Les balcons en fer forgé, les corniches décoratives et les grandes fenêtres témoignent de l'attention portée aux détails dans l'esthétique et l’architecture de l'époque.
La Fausse Rivière et le pont des Bordes. © Archives départementales de Seine-et-Marne
Parmi les bâtiments remarquables du boulevard Carnot se trouvent des édifices publics tels que l'ancienne poste et des écoles, ainsi que des résidences privées cossues donnant sur les berges de la Voulzie. Ces constructions illustrent l'importance du quartier de la gare comme centre de vie et d'activité au tournant du siècle dernier.
Activités annexes
Accéder au au parcours
Bus
Ligne 50 : gare RER A depuis Chessy Marne-la-Vallée : départs toutes les heures en semaine, et les week-ends et jours fériés.
Ligne 47 : gare RER D depuis Melun via Nangis : départs du lundi au vendredi, du lundi au samedi ou uniquement le samedi selon les horaires.
Ligne 7 : Provins ↔️ Donnemarie-Dontilly ↔️ Montereau-Fault-Yonne : départs du lundi au vendredi.
Ligne 3219 : Gare de Provins <-> Gare de Longueville : Provins : départs du lundi au vendredi.
Ligne 3211 : Provins <-> Gouaix <-> Longueville : départs du lundi au vendredi.
Ligne 3241 : Bray-sur-Seine –> Provins : départs du lundi au vendredi en période scolaire.
Ligne 3212 : Sourdun <-> Provins : départs du lundi au vendredi.
Ligne 3214 : Villiers-Saint-Georges <-> Tournan-en-Brie : départs du lundi au vendredi.
Ligne 3213 : Pézarches <-> Bray-sur-Seine : départs du lundi au vendredi et le samedi uniquement selon les horaires.
Train
Ligne P : depuis Paris Gare du Nord direction Provins.