Les fontaines parisiennes
1ᵉʳ, 4ᵉ, 6ᵉ arrondissements
Apparues dès le XIIIᵉ siècle dans les rues et jardins de Paris, les fontaines publiques se répandent plus largement au XIXᵉ au sein de la capitale. Aujourd’hui, on compte près de 1200 points d’eau sur le territoire parisien. Fonctionnelles, ornementales, ou encore symboliques, les fontaines remplissent plusieurs rôles, dont le premier est de permettre à la population l’accès à l’eau potable.
De la fontaine à boire utilitaire à la fontaine monumentale, partez à la découverte de la diversité des fontaines parisiennes à travers les époques !
Aperçu du parcours
Fontaine Saint-Michel
Vue perspective de la place Saint-Michel par Gabriel Davioud © Ville de Paris / Bibliothèque de l'Hôtel de Ville
Vous vous trouvez devant la fontaine Saint-Michel conçue par Gabriel Davioud, architecte et proche collaborateur du baron Haussmann ayant édifié sous le Second Empire de nombreux édifices à Paris. Haute de 26 mètres et large de 15 mètres, cette fontaine a été construite pour cacher le grand mur pignon des immeubles situés à l’angle des boulevards Saint-Michel et Saint-André. Cette situation urbaine nécessitait un aménagement monumental pour souligner les axes des deux voies débouchant sur le pont Saint-Michel tout en dissimulant le désaxement de ceux-ci.
Plan d'ensemble de la fontaine et de la place Sébastopol (actuelle place Saint-Michel) par Gabriel Davioud, 1856 © Ville de Paris / Bibliothèque de l'Hôtel de Ville
Objet scénographique et décoratif répondant aux nécessités urbaines, la fontaine Saint-Michel affirme également une fonction politique, celle de la transformation et la modernisation de Paris par le baron Haussmann. Gabriel Davioud se voit en effet confier, en plus de l'édification de la fontaine, l'aménagement du dispositif urbain alentour : une place bordée de constructions uniformes et plantée d’arbres.
Dès le départ, plusieurs idées sont avancées pour la fontaine, dont un monument dédié à la paix ou une gigantesque statue de Napoléon Ier. Finalement, c’est le thème de la lutte du Bien contre le Mal, incarné par l'archange Michel terrassant le dragon, qui est retenu et placé au centre de la composition. En contrebas de la fontaine, deux chimères crachent de l’eau.
Façade du projet de la fontaine de la paix par Gabriel Davioud, 1856 © Ville de Paris / Bibliothèque de l'Hôtel de Ville
La fontaine est composée à la manière d'un arc de triomphe antique : une travée centrale rythmée par quatre colonnes corinthiennes en marbre rouge du Languedoc coiffées de statues de bronze représentant les vertus cardinales : la Prudence, la Justice, la Tempérance et la Force. Depuis 1926, elle est inscrite au titre des monuments historiques.
🎧 Écoutez le témoignage de Dominique Massounie, historienne et maître de conférences à l’Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense.
Estampe de Léopold Flameng extraite de l'ouvrage "Paris qui s'en va et Paris qui vient" © Gallica BNF, département Estampes et photographie
Fontaine Saint-Michel
Vue perspective de la place Saint-Michel par Gabriel Davioud © Ville de Paris / Bibliothèque de l'Hôtel de Ville
Vous vous trouvez devant la fontaine Saint-Michel conçue par Gabriel Davioud, architecte et proche collaborateur du baron Haussmann ayant édifié sous le Second Empire de nombreux édifices à Paris. Haute de 26 mètres et large de 15 mètres, cette fontaine a été construite pour cacher le grand mur pignon des immeubles situés à l’angle des boulevards Saint-Michel et Saint-André. Cette situation urbaine nécessitait un aménagement monumental pour souligner les axes des deux voies débouchant sur le pont Saint-Michel tout en dissimulant le désaxement de ceux-ci.
Plan d'ensemble de la fontaine et de la place Sébastopol (actuelle place Saint-Michel) par Gabriel Davioud, 1856 © Ville de Paris / Bibliothèque de l'Hôtel de Ville
Objet scénographique et décoratif répondant aux nécessités urbaines, la fontaine Saint-Michel affirme également une fonction politique, celle de la transformation et la modernisation de Paris par le baron Haussmann. Gabriel Davioud se voit en effet confier, en plus de l'édification de la fontaine, l'aménagement du dispositif urbain alentour : une place bordée de constructions uniformes et plantée d’arbres.
Dès le départ, plusieurs idées sont avancées pour la fontaine, dont un monument dédié à la paix ou une gigantesque statue de Napoléon Ier. Finalement, c’est le thème de la lutte du Bien contre le Mal, incarné par l'archange Michel terrassant le dragon, qui est retenu et placé au centre de la composition. En contrebas de la fontaine, deux chimères crachent de l’eau.
Façade du projet de la fontaine de la paix par Gabriel Davioud, 1856 © Ville de Paris / Bibliothèque de l'Hôtel de Ville
La fontaine est composée à la manière d'un arc de triomphe antique : une travée centrale rythmée par quatre colonnes corinthiennes en marbre rouge du Languedoc coiffées de statues de bronze représentant les vertus cardinales : la Prudence, la Justice, la Tempérance et la Force. Depuis 1926, elle est inscrite au titre des monuments historiques.
🎧 Écoutez le témoignage de Dominique Massounie, historienne et maître de conférences à l’Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense.
Estampe de Léopold Flameng extraite de l'ouvrage "Paris qui s'en va et Paris qui vient" © Gallica BNF, département Estampes et photographie
Fontaines Wallace
Fontaine Wallace Boulevard du Palais © CAUE de Paris
Depuis près de 150 ans, les fontaines Wallace font partie du paysage parisien. Conçues comme de véritables œuvres d’art, elles sont ornées de quatre cariatides représentant chacune une allégorie : la Simplicité, la Bonté, la Sobriété et la Charité. On peut en admirer aujourd'hui 107 dans les rues de Paris. Elles fonctionnent comme au premier jour et fournissent de l’eau potable aux Parisiens.
Fontaine Wallace Place Saint André des Arts © Clément Dorval / Ville de Paris
Fontaine Wallace dans la cour du musée Carnavalet © Joséphine Brueder / Ville de Paris
Les fontaines Wallace portent le nom de leur donateur, Sir Richard Wallace, un philanthrope britannique qui finança leur édification. Inspirées des « drinking fountains » de Londres, elles sont à l'origine équipées de gobelets en étain retenus par une chaînette, supprimés pour des raisons d’hygiène au milieu du 20ᵉ siècle. La première fontaine Wallace est implantée en 1872 sur le boulevard de la Villette.
Fontaine Wallace vers 1875 par Charles Marville © Ville de Paris / Bibliothèque historique
🎞 Découvrez le procédé de fabrication des fontaines en regardant le témoignage de Fabrice Juszczak, directeur marketing de l'entreprise GHM, fonderie des fontaines Wallace, en cliquant sur l'icône "Lire la vidéo" en haut.
Fontaine du Palmier
La fontaine du Palmier © CAUE de Paris
Encadrée de part et d'autre par le Théâtre du Châtelet et le Théâtre de la Ville, voici la fontaine du Palmier, également appelée la fontaine de la Victoire, ou encore la fontaine du Châtelet. Construite à l'initiative de Napoléon 1ᵉʳ en 1808 selon les plans de l'ingénieur François-Jean Bralle, ingénieur en chef du Service des eaux de la Ville de Paris, elle commémore les victoires de l’Empire.
Carte postale de la place et du Théâtre du Châtelet au 19ᵉ siècle © Ville de Paris / Bibliothèque historique
Plan de situation par Gabriel Davioud, 1859 © Ville de Paris / Bibliothèque historique
La fontaine prend la forme d’une colonne haute de 22 mètres, disposée sur un socle. À son sommet, au-dessus d'un chapiteau orné de feuilles de palmier, vous pouvez admirer une statue de la Victoire en bronze doré brandissant deux couronnes de laurier, œuvre du sculpteur Louis-Simon Boizot.
Photographie de la fontaine vers 1860 par Edouard Baldus © Ville de Paris / Bibliothèque historique
Sous le Second Empire, la place du Châtelet fut transformée et agrandie par l'architecte parisien Gabriel Davioud, et en 1858 le monument entier fut déplacé de 12 mètres vers l'ouest, pour être placé au centre de la nouvelle place. À cette occasion, un bassin inférieur, dessiné par Gabriel Davioud, a été ajouté à la fontaine. Il est entouré de quatre sphinx sculptés par Henri-Alfred Jacquemart.
Déplacement de la colonne de la fontaine le 21 avril 1858, photographie par Charles Marville © Ville de Paris / Bibliothèque historique
Fontaine Stravinsky
La fontaine Igor Stravinsky © Clément Dorval / Ville de Paris
Vous vous trouvez désormais devant la célèbre fontaine Stravinsky, ou fontaine des Automates. Au cœur de Paris, nichées entre le monumental Centre Georges-Pompidou et l'église médiévale Saint-Merri, les sculptures-fontaines fantasques et colorées imaginées par Nikki de Saint-Phalle et Jean Tinguely animent l'espace urbain. Tournant sur elles-mêmes et propulsant de l'eau en jets désordonnés, elles forment un monument mêlant sculpture, peinture, architecture, design urbain et musique.
Les sculptures en eau © François Grunberg / Ville de Paris
Inaugurée en 1983, quelques années après que la Ville de Paris ait lancé une politique ambitieuse en faveur de la création artistique contemporaine, cette fontaine est issue d'une commande publique de la Ville de Paris en partenariat avec le Ministère de la Culture et le Centre Pompidou.
La fontaine est composée de seize sculptures : sept mobiles de Jean Tinguely, six figures en résine colorée de Niki de Saint-Phalle et trois sculptures réalisées conjointement par les deux artistes. Ces œuvres d'art, imaginées sur le thème du ballet du Sacre du Printemps, rendent hommage au compositeur Igor Stravinsky dont la place porte le nom.
L'Oiseau de Feu © François Grunberg / Ville de Paris
Après 40 ans de mise en eau, la fontaine a bénéficié en 2023 d'une restauration complète menée par la Ville de Paris. Les sculptures réalisées en métal et en résine, ont été confiées à des conservateurs-restaurateurs spécialisés. Les systèmes hydrauliques, mécaniques et électriques ainsi que l’étanchéité du bassin et le banc en inox ont également été refaits à neuf.
Le bassin vide © Joseph Guillier / Ville de Paris
Fontaine Maubuée
La fontaine Maubuée aujourd'hui © CAUE de Paris
Les premières fontaines publiques parisiennes connues datent du 13ᵉ siècle. Situées sur la rive droite, elles sont alimentées par les Sources du Nord, des eaux provenant des collines de Belleville et du Pré-Saint-Gervais. Mentionnée dès 1392, dans les lettres patentes du roi Charles VI destinées à mettre un terme aux concessions particulières accordées ou usurpées sur les eaux de Paris, la fontaine Maubuée est l’une d'entre elles.
La fontaine Maubuée vers 1900 par Eugène Atget © Ville de Paris / Bibliothèque historique
Il s’agit d’une fontaine utilitaire, qui permettait un accès à l'eau potable. Elle doit son nom – qui signifie « mauvaise buée » ou « mauvaise lessive » – à la mauvaise qualité de ses eaux. Située aujourd'hui face au monumental Centre Pompidou, on aurait presque du mal à la remarquer tant elle est discrète et peu ornementée, simplement décorée d’un bas-relief du 18ᵉ siècle représentant un vase entouré de roseaux et de plantes marines.
La fontaine que vous pouvez admirer aujourd’hui a été construite en 1733 par Jean Beausire et son fils Jean-Baptiste Augustin. Elle fut démontée en 1937 dans le cadre de la destruction de l'îlot insalubre n°1, actuel emplacement du Centre Pompidou, puis reconstruite à son emplacement actuel, à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue de Venise.
Aquarelle de la fontaine Maubuée par Jean-Marie Amelin, 1858 © Ville de Paris / Bibliothèque historique
Fontaine des Innocents
Fontaine actuellement en travaux
La fontaine des Innocents, un lieu de rencontres au cœur des Halles © CAUE de Paris
Construite en 1549, la fontaine des Innocents, est un monument central du quartier des Halles. Initialement située à l’angle de la rue Saint-Denis et de la rue Berger, elle a connu plusieurs modifications et déplacements avant de trouver son emplacement actuel, au centre de la place Joachim du Bellay.
La fontaine dans sa configuration initiale avant son déplacement en 1787, dessin de Jean-Nicolas Sobre © Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie
Édifiée à l'occasion de l'arrivée à Paris du roi Henri II et de son épouse Catherine de Médicis, la fontaine, aussi appelée « la fontaine aux Nymphes » en raison de ses ornements mythologiques, est réalisée par l'architecte Pierre Lescot et décorée par le sculpteur Jean Goujon dans l’esprit de la Renaissance. Adossée initialement à l’église des Saints-Innocents, elle est déplacée à la fin du 18ᵉ siècle au centre de la place, prenant alors une forme carrée. La quatrième façade, ajoutée par le sculpteur Augustin Pajou, s'inscrit dans le style initial du bâtiment, voulu par Jean Goujon. Un piédestal, composé de vasques en gradins, est ajouté à la base de l'édifice. D'utilitaire, la fontaine devient décorative.
Le marché et la fontaine des Saints-Innocents en 1790 © Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie
Plan et façades de la nouvelle fontaine des Innocents © Ville de Paris / Bibliothèque historique
À l'arrêt depuis 2017, l'eau n'y coule plus. L'objectif de la Ville de Paris est aujourd'hui de restaurer la fontaine d'ici 2024, abîmée par des décennies de pollution, d'intempéries et de corrosion du système hydraulique.
🎧 Écoutez le témoignage de Dominique Massounie, historienne et maître de conférences à l’Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense.
Fontaines du Théâtre-Français
Carte postale de la place André-Malraux au 19ᵉ siècle © Ville de Paris / Bibliothèque historique
Aménagée à l’occasion du percement de l’avenue de l’Opéra dans les années 1860, la place du Théâtre-Français, aujourd'hui nommée place André Malraux, est constituée de deux placettes symétriques par rapport à l'avenue de l'Opéra accueillant chacune une fontaine de style Art nouveau.
Réalisées sous la direction de l'architecte Gabriel Davioud, entre 1872 et 1874, les fontaines se composent chacune d'un bassin circulaire, en pierre, surmonté d'une haute colonne qui porte la statue d'une nymphe en bronze.
La fontaine de la nymphe fluviale © CAUE de Paris
Les fontaines du Théâtre-Français font partie des multiples ouvrages parisiens de la fin du 19ᵉ siècle engagés durant la période des grands travaux d'urbanisme entrepris par le baron Haussmann. Célébré par le mouvement impressionniste, le Paris Haussmannien a été source d'inspiration pour de nombreux peintres. Camille Pissarro réalisa plusieurs peintures de la place du Théâtre-Français et de ses fontaines.
Avenue de l'Opéra, soleil du matin © Camille Pissarro, Philadelphia Museum of Art
Fontaine Molière
La fontaine Molière après sa restauration en 2022 © CAUE de Paris
Voici la fontaine Molière, première fontaine parisienne érigée en l’honneur d’un personnage issu de la société civile. Située à côté de la maison où s’est éteint le dramaturge, elle est réalisée en 1844 par l’architecte Louis Visconti, et les sculpteurs Seurre et Pradier.
En 1671, une première fontaine, nommée Richelieu, est construite à l’angle de la rue Richelieu et de la rue Traversière (actuelle rue Molière). Adossée à un mur pignon, elle présentait une composition assez simple et sans vasque. En 1835, le conseil municipal de Paris décide de détruire cette fontaine, et de lancer une souscription nationale pour embellir l’intersection des deux rues. Suite à la demande de Philoclès Régnier, sociétaire de la Comédie Française, le préfet Rambuteau accepte de profiter de la reconstruction de cette fontaine pour édifier un monument à la gloire de Molière.
Gravure sur bois © Université Paris Cité
Haute de 16 mètres et large de 6,50 mètres, le monument présente une composition classique mais utilise aussi le vocabulaire ornemental de la Renaissance. À la base de celui-ci, se trouve la fontaine composée de trois mascarons à tête de lion déversant l’eau dans une grande vasque octogonale. Au-dessus de la fontaine, un piédestal en marbre accueille une table commémorative entourée de part et d’autre de deux allégories en marbre figurant le travail de Molière. Composé par un ordre corinthien, le niveau principal accueille la statue en bronze de Molière disposée dans une niche centrale semi-circulaire.
Façade latérale et coupe, gravure de Rodolphe Pfnor © Ville de Paris / Bibliothèque historique
La fontaine a fait l'objet d'une restauration en 2022 comprenant la rénovation du système hydraulique, des sculptures et des motifs, du dispositif d'éclairage et la reprise des installations électriques.
Aquarelle de Jean-Marie Amelin, 1852 © Ville de Paris / Bibliothèque historique
Sphérades, les fontaines sculptures de Pol Bury
Les fontaines Sphérades dans la cour du Palais Royal © CAUE de Paris
Les deux fontaines « Sphérades » du sculpteur belge Pol Bury ont été réalisées en 1985. Commandées par Jack Lang, alors ministre de François Mitterrand, elles ont été installées dans la galerie d'Orléans du Palais Royal, entre la cour d’honneur et le jardin.
Les fontaines sont composées de grosses boules mobiles, en acier inoxydable, placées sur de larges coupelles inscrites au centre de bassins carrés existants. La circulation de l’eau anime les sphères dans un mouvement continu dont le mécanisme demeure invisible en surface. Colonnades et jardin se reflètent dans l’éclat de l’acier et deviennent des éléments de l'œuvre.
Accéder au au parcours
Bus
Saint-Michel (lignes 21, 27, 38, 58, 87 et 96)
Métro
Saint-Michel Notre-Dame (ligne 4)
Vélib'
Saint-Séverin - Saint-Michel (station n°5033), Place Saint-André des Arts (station n°6020)
RER
Saint-Michel Notre-Dame (lignes B et C)