Sur les traces de la Libération de Paris

Grach, Pierre Philippe Amédée, dessinateur, 1944 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Un lieu symbolique de la Libération

Vous voici place de l'Hôtel de Ville, sur l'esplanade de la Libération. Il s'agit, comme son nom l'indique, d'un lieu de mémoire majeur dans l'histoire de la Libération de Paris. C’est ici que sont arrivés les premiers soldats alliés le 24 août 1944 au soir : la colonne de la 2ᵉ Division Blindée, commandée par le capitaine Dronne. Le lendemain, c’est à l’Hôtel de Ville que le général de Gaulle a prononcé son discours "Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple, avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle."

Ce discours, devenu célèbre, fait suite à plusieurs jours d'insurrection des Parisiennes et des Parisiens, depuis le 19 août. La prise de l'Hôtel de Ville, dès le 20 août par le Comité Parisien de la Libération (CPL), en constitue l'une des actions majeures.

Le général de Gaulle crie "Vive La France" à l'Hôtel de Ville le 26 août. Daniel Citerne © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Le journal Libération du 26 août 1944 © gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France

La prise de l'Hôtel de Ville

Le 20 août au matin, Léo Hamon, membre du Comité Parisien de la Libération (CPL) dirige près de 200 agents résistants vers l'Hôtel de Ville, pour déloger le préfet de la Seine : René Bouffet, qui sera arrêté le lendemain. Dès l'après-midi du 20 août, le résistant Marcel Flouret prend sa place.

Si l'occupation des bâtiments publics démarre la veille, 19 août, avec l'occupation de la Préfecture de Police, la prise de l'Hôtel de Ville envoie un message fort : reprendre l'Hôtel de Ville marque la restitution de Paris aux Parisiennes et aux Parisiens.

La Libération de Paris - 22 août 1944 - Les FFI posent en groupe dans le jardin de la Préfecture de la Seine, Hôtel de Ville, angle de la rue de Lobeau du quai, 4ᵉ arrondissement, Paris. Seconde Guerre mondiale 1939-1945 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

La suite des combats

Les 21 et 22 août, la défense du bâtiment est assurée par les FFI, le personnel de l’Hôtel de Ville et les gardes républicains sous la conduite du capitaine Stéphane (de son vrai nom Roger Worms) et de Landry (de son vrai nom Aimé Lepercq). Le 24 août, Georges Bidault (membre du Conseil National de la Résistance ou CNR) et André Tollet (Comité Parisien de la Libération ou CPL) y accueillent le capitaine Dronne, dépêché par le général Leclerc, avec une colonne de véhicules et quelques chars, pour annoncer l’arrivée de la 2ᵉ DB.

Des traces qui ont marqué l'Hôtel de Ville

Des traces de tirs allemands sont encore visibles, tels que les impacts de balles sur la façade de la rue de Rivoli, à l'angle du bâtiment, du côté du parvis.

Les impacts de balles sur la façade © google street view

Une plaque apposée par la Ville de Paris en 2016 y rend hommage :

La plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Paris, Compagnon de la Libération

À l'issue de ces événements, c'est également place de l'Hôtel de Ville que se déroule, le 2 avril 1945, la cérémonie de remise de la croix de la Libération, décernée à la Ville de Paris par le général de Gaulle. Il s'agit de rendre hommage à l'insurrection des Parisiennes et des Parisiens pour la Libération de la capitale. L'esplanade est aménagée pour l'occasion : des gradins sont installés devant la façade principale et accueillent en leur centre la tribune d'honneur. Des fanfares, des chœurs et la Garde républicaine sont également présents au milieu de l'affluence des participants venus de toute la région parisienne pour cet hommage.

Avant Paris, Nantes et Grenoble ont également été faites Compagnons de la Libération. Puis, Vassieux-en-Vercors (Drôme) et l'île de Sein (Finistère) ont rejoint le cercle très fermé des communes Compagnon.

Affiche de la cérémonie du 2 avril 1945 par Pierre-Philippe Amédée Grach © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin

Sources :

Libération de Paris, Gilles Primout : https://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/

Levisse-Touzé Christine, Trouplin Vladimir, Paris Compagnon de la Libération, Mairie de Paris/Comité d’Histoire de la Ville de Paris, 2010.

Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc – Musée Jean Moulin : https://www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr/

Le jardin des Combattants de la Nueve rend hommage aux Républicains espagnols ayant contribué à la Libération de Paris.

La plaque commémorative fleurie © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Les Républicains espagnols de la Nueve

Ayant pour mission de libérer Paris, la 2ᵉ Division Blindée (2ᵉ DB), dirigée par le général Leclerc, se trouve confrontée à la défense allemande à quelques kilomètres des portes de la capitale. Un détachement, à la tête duquel se trouve le capitaine Dronne, est chargé d’annoncer aux Parisiennes et aux Parisiens l’imminence de l’arrivée du reste de la Division. Composé de 150 hommes, ce groupe a la particularité d’être constitué de soldats du Génie, du 501ᵉ régiment de chars de combat et du régiment de marche du Tchad, majoritairement des Espagnols républicains de la 9ᵉ compagnie dite de la Nueve, qui, ayant pris position contre le fascisme et le nazisme, se sont engagés pour la France Libre.

Du débarquement en Normandie...

La Division, sous commandement américain, débarque en Normandie le 1ᵉʳ août 1944 à Saint-Martin-de-Varéville. La difficulté est de rejoindre Paris, alors que les unités allemandes sont encore très offensives en Normandie et aux environs de la capitale. Arrivée à la Croix-de-Berny à 19h le 24 août, elle devra donc passer par les villes de la banlieue sud pour enfin atteindre une entrée au sud-est de la ville, la poterne des Peupliers (13ᵉ), dans la soirée.

Des soldats de la Division Leclerc (2ᵉ DB) sont acclamés par la foule dans un village situé au sud de Paris, NARA, 1944 © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

Comment gagner le centre de Paris ?

La colonne, commandée par le capitaine Dronne, emprunte l'avenue d'Italie pour rejoindre la place Nationale puis passe par le Pont d'Austerlitz et le quai des Célestins.

... jusqu'à l'Hôtel de Ville

À 21h22, les soldats ont rallié le parvis de l'Hôtel de Ville, en plein cœur de Paris, où ils sont attendus par les membres du Conseil National de la Résistance (CNR) et du Comité Parisien de la Libération (CPL). En effet, depuis 20h, la radio française a déjà annoncé l'entrée imminente de la colonne Dronne. Leur arrivée tant attendue se fait entendre dans tout Paris : les cloches des églises sont sonnées, le chant de la Marseillaise est diffusé depuis les haut-parleurs de l'Hôtel de Ville... Les soldats sont acclamés, provoquant des ripostes allemandes sur l'Hôtel de Ville.

Fusillade place de l'Hôtel-de-Ville, Lieutenant Louis, 1944 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Repousser les Allemands

Le lendemain, le 25 août 1944, la majeure partie de la division du général Leclerc rejoint Paris par le sud et l'ouest de Paris. Les Américains de la 4ᵉ division d’infanterie entrent par la porte d’Italie et traversent l’est parisien. Leclerc, entré le matin même par la porte d'Orléans, fait signer la convention de reddition au général allemand Dietrich von Choltitz à la Préfecture de Police.

La 2ᵉ DB a donc libéré Paris. Une fois cette mission remplie, elle continue de participer aux combats pour libérer la capitale, qui se poursuivent jusqu'au 30 août, notamment en contenant la contre-attaque des Allemands et en les repoussant hors de la capitale. 156 soldats de cette Division sont ainsi tombés pour la Libération de Paris.

26 août - Défilé de chars de la 2ᵉ D.B. du groupement tactique Langlade (G.T.L.) de la Division Leclerc, agence LAPI, 1944 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Sources :

Levisse-Touzé Christine, Trouplin Vladimir, Paris Compagnon de la Libération, Mairie de Paris/Comité d’Histoire de la Ville de Paris, 2010.

Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc – Musée Jean Moulin : https://www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr/

Dès le début de l’été, plusieurs organes de la Résistance à Paris encouragent les Parisiennes et les Parisiens à l'insurrection : manifestations spontanées, distribution de tracts, mobilisation syndicale…témoignent de ce climat d’impatience qui s'intensifie à partir de la mi-août.

L'appel à l'insurrection

Même si les Forces françaises de l’Intérieur manifestent leur volonté de se battre, la Délégation générale représentant le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) n'est pas très favorable au déclenchement d'une insurrection. Il n'en est pas de même pour le Comité Parisien de la Libération (CPL) qui souhaite appeler à la mobilisation générale, ainsi qu’une partie du Conseil national de la Résistance. Le 19 août, la mobilisation est proclamée, enjoignant aux Parisiens de s’enrôler dans les Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Le journal "Libération" (Édition de Paris) du 23 août 1944 © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

L'occupation de la Préfecture de Police par les Parisiens

Depuis plusieurs jours déjà, un climat d'insurrection émane donc des mouvements de Résistance préparant le soulèvement, lorsque le 19 août 1944, complétant l'ordre de mobilisation, un ordre général du chef des FFI de région parisienne, le colonel Rol-Tanguy, donne les modes d’intervention. L'objectif est clair, il faut pouvoir préparer l'arrivée des Alliés. Cela se traduit notamment par l'occupation de bâtiments publics, à commencer par la Préfecture de Police. À peine quelques heures après l'annonce de Rol-Tanguy, 2000 policiers parisiens occupent la Préfecture de Police, qui devient un lieu symbolique de l'insurrection. Après l’accueil du nouveau préfet de police Charles Luizet, le drapeau tricolore est hissé sur le bâtiment.

La trêve des combats

Le 19 août au soir, à l’initiative du consul de Suède, Raoul Nordling, une trêve est convenue entre les FFI et les Allemands pour suspendre les affrontements autour de la Préfecture puis de tous les édifices repris par les Résistants. Mais, dénoncée par le Conseil national de la Résistance et le Comité Parisien de la Libération, et peu respectée, elle s’achève officiellement le 21 août.

Brassard tricolore du Comité National de la Résistance délivré par la police © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

Un hommage aux policiers tombés pour la Libération

Les murs de la Préfecture de Police témoignent de ce passé. Sur la façade principale, rue de la Cité, une plaque commémorative témoigne du soulèvement de la Préfecture de Police pour la Libération de Paris.

Deux autres plaques rendent hommage à des acteurs de ce soulèvement, les gardiens de la paix Francis Maurizot (7 boulevard du Palais) et Marcel Ternard (2 quai du Marché neuf).

Plaques commémoratives © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Sources :

Levisse-Touzé Christine, Trouplin Vladimir, Paris Compagnon de la Libération, Mairie de Paris/Comité d’Histoire de la Ville de Paris, 2010.

L'ordre de dresser des barricades

Afin de permettre l'entrée des Alliés, l'insurrection est menée principalement dans les rues. À partir du 20 août, de nombreuses échauffourées éclatent dans la capitale.

Ordre pour la défense de la Population Parisienne - Tous aux barricades! - Avis de suppression du couvre-feu. Rol-Tanguy. 22.08.1944 © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

La place Saint-Michel, un carrefour stratégique

La position stratégique de la place Saint-Michel l'a située au premier plan de nombreux combats. Elle est notamment investie par les FFI, pour protéger la Préfecture de Police (insurgée le matin du 19 août) des attaques allemandes qui pourraient provenir du palais du Luxembourg alors occupé par l'armée de l'air allemande, la Luftwaffe. Sur la place, de nombreuses barricades sont érigées par les FFI afin de protéger les lieux et bloquer les passages.

Barricade au carrefour des rues Saint-Placide, de Vaugirard et de Rennes.1944. André Bienvenu © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

Des plaques commémoratives rendent hommage aux Parisiens engagés dans la Résistance qui sont tombés lors de ces combats. Au 9 Place Saint-Michel, on peut ainsi voir une plaque en mémoire de Robert Gauthier, étudiant engagé dans les FFI.

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Aux 11-13 place Saint-Michel, on peut apercevoir une plaque rendant hommage au gardien de la paix Joseph Lahuec. Né le 25 février 1904 dans le Finistère, Joseph Lahuec est d'abord cultivateur dans la ferme familiale, puis commis livreur et palefrenier à Paris pour des services de messageries, avant de devenir gardien de la paix en 1928 (dans le 19ᵉ arrondissement, puis à Sceaux et Châtenay-Malabry). Il épouse Françoise Marion en 1930 puis Lucienne Bussière dix ans plus tard, avec qui il a trois enfants. Joseph Lahuec s'engage dans la Résistance en 1944. Le 20 août, au retour d'une mission avec un groupe de policiers résistants, leur véhicule, remplis d'armes récupérées dans un dépôt allemand, est arrêté par des soldats allemands à proximité de la place Saint-André des Arts. Pris de peur, les Résistants se réfugient dans les immeubles à proximité, et Joseph Lahuec est tué d'une balle dans la tête. Après son décès, il est reconnu "Mort pour la France", déclaré "Victime du devoir", nommé brigadier et cité à l’ordre de la Nation. Il est aussi décoré de la Légion d'Honneur et homologué membre de la Résistance Intérieure Française. En plus de la place Saint-Michel, son action est commémorée sur les monuments aux Morts de Châtenay-Malabry et du Plessis-Robinson, ainsi que sur la liste des Morts pour la Libération de Paris au musée de la Police, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Sonner les cloches de la victoire

Il faut attendre le 24 août pour que les cloches de la cathédrale de Notre-Dame soient sonnées, annonçant l’entrée dans la capitale des premiers Alliés, les soldats du capitaine Dronne.

Devant Notre-Dame, la Foule attend le Général de Gaulle. 26 août 1944. Préfecture de police. © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Sources :

Levisse-Touzé Christine, Trouplin Vladimir, Paris Compagnon de la Libération, Mairie de Paris/Comité d’Histoire de la Ville de Paris, 2010.

Libération de Paris, Gilles Primout : https://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/

Musée de la résistance en ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/

https://maitron.fr/spip.php?article179211, notice LAHUEC Joseph, Guillaume par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 avril 2016, dernière modification le 1er février 2021.

Rudolph Luc, Policiers rebelles. La Résistance au cœur de la Préfecture de Police, 1940-1944, Éditions LBM, 2012.

Rendre hommage aux victimes civiles

Sur cet immeuble, une plaque est apposée en mémoire de Ferdinand Kronis. Né le 22 juin 1894 à Moscou, Ferdinand Kronis était le fils de Jean et Zina Bersin. Il était hôtelier et habitait au 12 rue Domat dans le 5ᵉ arrondissement, avec son épouse Juliette Desbuissons. Le 25 août 1944, il fut gravement blessé devant le 12 rue Danton lors des combats de la Libération, et mourut des suites de ses blessures à l'hôpital Laennec de la rue de Sèvres, le jour même, faisant de lui l'une des nombreuses victimes civiles de la guerre.

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Le terme de victime civile de guerre appartient au droit de la guerre. Il désigne des personnes civiles blessées ou tuées par des soldats durant un conflit. La Seconde Guerre mondiale a particulièrement touché les populations civiles, causant la mort de près de 400 000 civils français. Au total, on estime le nombre de victimes civiles causées par la bataille de Paris à 582 morts et 2000 blessés.

Les premières initiatives citoyennes de commémoration dans l'espace urbain

Le désir d'honorer ces victimes est alors très fort pour les Parisiennes et les Parisiens. Si les premières plaques sont d'abord improvisées et apposées de façon spontanée par les habitants (cartons, croix dessinées sur les lieux...), la pose d'une plaque commémorative s'est depuis institutionnalisée.

26 août 1944 - Hommage aux F.F.I.morts, métro Gare de Lyon, SAFARA © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

© Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

L'institutionnalisation des plaques

Dès 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, compte tenu du nombre de demandes de plaques commémoratives, une circulaire ministérielle (n°1.203) précise un certain nombre de critères :

• "l’hommage ne peut, sauf cas exceptionnel, être rendu qu’aux personnes décédées.
• l’Histoire doit s’être prononcée en leur faveur.
• l’œuvre de ces personnalités doit être à l’abri de toute polémique.
• enfin, pour les personnalités étrangères, le Gouvernement intéressé doit avoir donné son assentiment." (Source : Commission du Vieux Paris)

Procédure d'instruction des plaques commémoratives à Paris

À Paris, la pose d'une plaque commémorative est le fruit d'un long processus de recherche et d'instruction mené par le Département de l’Histoire et de la Mémoire et le Comité d’Histoire de la Ville de Paris sous la tutelle de l’adjointe à la Maire de Paris chargée de la mémoire. En s'appuyant sur différentes sources (archives, entretiens...), les historiens confirment l'identité de la personne que l'on souhaite honorer, précisent l'adresse exacte à laquelle il est pertinent d'installer la plaque ainsi que le libellé explicitant l'hommage rendu. Chaque projet de plaque est ensuite voté en Conseil de Paris.

Le fleurissement

Les plaques commémoratives sont assorties d'un anneau permettant leur fleurissement. Ainsi, depuis 1954, chaque matin du 25 août, les plaques commémoratives sont fleuries en souvenir de la Libération de Paris.

Plaque murale fleurie au n° 64 rue Monsieur-le-Prince par Anne Lefebvre, 1994 © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

Un nouvel Atlas des plaques commémoratives

Aujourd'hui, plus d'un tiers des plaques parisiennes est dédié à la Libération de la capitale. Pour les retrouver toutes, rendez-vous sur l'Atlas des plaques commémoratives parisiennes.

Sources :

Le Maitron, dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social : https://maitron.fr/

Muracciole Jean-François, La Libération de Paris 19-26 août 1944, Taillandier (L’Histoire en batailles), 2013.

Commission du Vieux Paris

Ville de Paris, Direction des Affaires Culturelles, Département de l’Histoire et de la Mémoire, Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Les Forces Françaises de l'Intérieur

Les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) sont créées le 1ᵉʳ février 1944 par la fédération des principaux groupements militaires de la Résistance Intérieure Française : l'Armée Secrète (AS), l'Organisation de résistance de l’armée (ORA), les Francs-tireurs et partisans (FTP). Ces organisations qui s'étaient progressivement constituées durant l'Occupation, sont placées sous les ordres du général Koenig. Les FFI sont ensuite organisées par région. Le 5 juin 1944, le colonel Rol-Tanguy est nommé commandant des FFI de la Région parisienne, qui jouèrent un rôle majeur dans la Libération de Paris. Les membres des FFI se reconnaissent à leur brassard tricolore comme le montre la planche pédagogique reproduite ci-dessous conçue à destination des scolaires dès 1944 : une autre façon de rendre hommage aux acteurs de la Libération en sensibilisant à cette mémoire.

Planches de personnages à découper des moments forts de la Libération de Paris dessinées par Roland Forgues, 1944 © DAC - Archives de Paris - 6AZ18 (1). téléchargement du 19.02.2024

Rendre hommage aux Résistants et combattants

Au 4 rue de Condé, vous pouvez observer une plaque en mémoire du Résistant Victor Rastello. Il était le fils de Jacques André Rastello et de Rosalie Davaere. Entre 1920 et 1922, Victor Rastello sert dans les 106ᵉ et 150ᵉ régiments d'infanterie, où il participe notamment à l'occupation de la Rhénanie prévue par le traité de Versailles. De retour dans la vie civile, marié avec Rosine Jeannette Laevens, il s'installe au 13 rue de l'Odéon et exerce le métier de serrurier. De 1939 à 1940, il est mobilisé et affecté au centre d’organisation auto du centre mobilisateur du Train n°2. À la Libération, il combat comme membre des FFI du 5ᵉ arrondissement, plus particulièrement au sein du groupe Pont-Neuf commandé par le capitaine Martel. Il est tué lors des combats du 24 août 1944.

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Au 9 rue des Quatre Vents, vous pouvez observer une plaque en mémoire de Marcel Raoul, ancien combattant de la Première Guerre mondiale et Résistant mort le 21 août 1944. Des traces des impacts de balles sont également visibles.

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Sources :

Le Maitron, dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social : https://maitron.fr/

Musée de la résistance en ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/

La première réunion du Conseil National de la Résistance : réunir les forces de la Résistance

Au 48 rue du Four se trouve la plaque commémorant la première réunion du Conseil National de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943. Délégué du général de Gaulle, Jean Moulin, ancien préfet, crée le Conseil National de la Résistance. En pleine occupation, il parvient à réunir clandestinement 17 représentants de diverses mouvances : cinq représentants des mouvements de Résistance de la zone nord, trois de la zone sud, six représentants des partis politiques résistants et deux représentants des syndicats.

Libération de Paris - septembre 1944 - Membres du Conseil National de la Résistance (CNR) autour de son président Georges Bidault, Agence Presse Libération F.F.I. © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Une rencontre clandestine

En raison de l'immense prise de risque que constitue cette réunion et afin de conserver la confidentialité du point de rendez-vous, les personnalités conviées ne connaissent pas l'adresse. Ils sont rejoints au dernier moment en divers endroits de la capitale par des adjoints de Jean Moulin qui les guident au 48 rue du Four, chez René Corbin, un ami de Jean Moulin. L'objectif est de réunir et de coordonner toutes les forces résistantes afin d'établir une stratégie pour la Libération du pays. Le choix de l'appartement est également tactique : sa fenêtre donnant directement accès sur un toit-terrasse permet de fuir rapidement en cas d'arrivée de la Gestapo.

L'appartement qui accueillit la première réunion du CNR © Collection Corbin

Jean Moulin, président du CNR

Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers. Après des études de droit, il entre dans l'administration préfectorale. Lorsque la guerre éclate il est alors préfet d'Eure-et-Loir. Dès juin 1940, il refuse de signer un document émanant des autorités allemandes, qui accuse à tort des Tirailleurs sénégalais d’atrocités contre des civils. Révoqué par le régime de Vichy, il s'engage dans la Résistance en ralliant la France Libre dès 1941. Le général de Gaulle en fait son représentant personnel en zone sud et lui confie la mission de créer les liens entre les mouvements de Résistance et la France Libre. Il est fait Compagnon de la Libération le 17 octobre 1942. De Gaulle lui demande d’unifier les mouvements de Résistance : il crée le Conseil National de la Résistance (CNR) dont il préside la première réunion le 27 mai 1943. Jean Moulin est cependant arrêté par la Gestapo, le 21 juin suivant, à Caluire, près de Lyon. Il est torturé, puis transféré à la Gestapo de Paris. Il meurt le 8 juillet 1943 dans le train qui le transfère en Allemagne.

Jean Moulin photographié par son ami Marcel Bernard/Hiver 1939-1940 © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

Commémorer la première réunion du CNR

Deux ans plus tard, c'est le général de Gaulle qui fait apposer la plaque commémorative que l'on peut voir aujourd'hui sur la façade du bâtiment.

▶️ Découvrez cette inauguration en images © INA

Depuis la loi du 19 juillet 2013, le 27 mai est institué comme Journée nationale de la Résistance.

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Sources :

Ministère des Armées : https://www.defense.gouv.fr/

Musée de la résistance en ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/

Fondation Nationale de la Résistance : https://www.fondationresistance.org/pages/accueil/

Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc – Musée Jean Moulin : https://www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr/

Une plaque inhabituelle

Au 13 rue du Vieux Colombier se trouve une plaque un peu différente des autres. Elle rend hommage à deux Résistants, les époux Jeannette et René Drouin.

Regardez cette plaque de plus près : remarquez-vous qu'elle n'est pas comme les plaques vues précédemment ? Ce sont les matériaux qui diffèrent : contrairement aux plaques apposées par la Ville de Paris qui sont en marbre, celle-ci est en granit rose, ce qui nous indique qu'elle est issue d'une initiative privée. Un certain nombre de plaques commémoratives sont ainsi posées à l'initiative d'une copropriété, d'une association ou d'une organisation professionnelle, sur autorisation de la Préfecture de Paris.

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

René Drouin

Né le 18 juin 1889, René Drouin est ingénieur et capitaine d'artillerie de réserve. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il travaille à Brest pour la Défense nationale dans une entreprise de travaux publics. Il entre dans la Résistance dès août-septembre 1940. Au sein du réseau Confrérie Notre-Dame, ses connaissances du système de défense de la rade de Brest sont précieuses. Avec ses camarades brestois, ils organisent plusieurs attentats contre l'occupant. Le 30 avril 1941, une nouvelle tentative d’attentat provoquera l'arrestation de la plupart des membres du groupe. René Drouin est lui aussi arrêté le 11 juin et incarcéré à la prison du Bouguen de Brest avant d'être transféré à Fresnes puis jugé le 8 novembre 1941 à Paris. Contrairement à 11 membres du groupe de Résistants, René Drouin échappe à la condamnation à mort. Il est transféré en 1941 en Allemagne, à la prison de Siegburg et meurt d'épuisement le 15 mai 1942 dans l'un des camps du bagne de cette ville, à Zellwolle.

Jeannette Drouin

Jeannette David, épouse Drouin, est quant à elle née le 16 décembre 1887 à Paris. Elle devient membre du réseau de renseignement de la Confrérie Notre-Dame (CND) Castille en novembre 1940. Lorsque René Drouin est arrêté, elle revient à Paris où elle se rapproche de l'organisation civile et militaire (OCM) d'Alfred Touny. Habitante de l'immeuble de la rue du Vieux Colombier, elle cache de nombreux Résistants et aviateurs anglais dans les chambres de bonnes qu'elle possède dans l'immeuble. Elle est arrêtée le 26 novembre 1943 car elle cachait Maxime Blocq-Mascart, l'un des responsables de l'OCM. Elle est emprisonnée à Fresnes, puis au fort du Hâ à Bordeaux, avant d'être déportée à Ravensbrück. Elle sera rapatriée à Lyon le 13 avril 1945, où elle meurt quelques jours plus tard, le 22 mai 1945.

Jeannette Drouin fait ainsi partie de ces femmes Résistantes dont le rôle a été tardivement reconnu.

Femme à la barricade, Pierre Roughol, 1944 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Défilé place de la Concorde le 26 Aout 1944. Séeberger Frères © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Jeannette et René Drouin ont eu deux fils. Les époux Drouin sont enterrés au cimetière de Pont-Sainte-Maxence dans l'Oise.

Sources :

Musée de la Résistance en ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/

Fondation Nationale de la Résistance : https://www.fondationresistance.org/pages/accueil/

Ville de Paris, Direction des Affaires Culturelles, Département de l’Histoire et de la Mémoire, Comité d'Histoire de la Ville de Paris

Mémoire des Résistants et FFI de l’arrondissement de Brest : resistance-brest.net

La présence militaire allemande à Paris

À partir de l'armistice de juin 1940, les institutions allemandes prennent place dans divers bâtiments parisiens. La perception du paysage urbain s'en voit alors profondément transformée en raison de la présence physique des troupes allemandes dans les rues de Paris ainsi que des étendards et drapeaux allemands qui marquent l’Occupation dans Paris.

L'implantation allemande à Paris © Christine Levisse-Touzé et Vladimir Trouplin, "Paris Compagnon de la Libération", Comité d'Histoire de la Ville de Paris, 2010

Un espace urbain marqué par les symboles

Les symboles nazis envahissent alors les façades de monuments parisiens, comme le montre ce drapeau nazi à croix gammée flottant sur l'Arc de Triomphe. De la signalétique urbaine et des panneaux directionnels en allemand sont également implantés. C'est une façon de marquer dans l'espace urbain la prise de pouvoir de l'occupant. La prise de possession du palais du Luxembourg par les Allemands en est un exemple emblématique.

Drapeau nazi flottant sur l'Arc de triomphe, Tour Eiffel à l'arrière-plan, 1940. © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin

Le palais du Luxembourg, une forteresse souterraine

Depuis 1940, le palais du Luxembourg est occupé par le commandement allemand de la Luftwaffe - l'armée de l'air allemande. Les souterrains du Sénat sont aménagés par l'occupant, et un immense blockhaus protège les issues du palais sur la façade est. Un abri de défense passive, déjà construit avant la guerre dans les jardins du Luxembourg est réinvesti par les Allemands, qui procèdent par ailleurs à son minage. Ils en construisent également un second entre l'hôtel du Petit Luxembourg (siège de la présidence du Sénat) et le musée. Tous ces éléments participent à la transformation des lieux en une véritable forteresse.

Le palais du Luxembourg © Ville de Paris/Bibliothèque historique, CPA-3687

La bataille du Luxembourg

Face à l'avancée des armées alliées entre le 12 et le 18 août 1944, l'état-major de la Luftwaffe décide de quitter le Luxembourg. Les Allemands continuent cependant à occuper le palais avec une troupe de 600 hommes, des SS et une compagnie de Schutzpolizei.

TD M10 Corsaire (2/3/RBFM), rues de Fleurus/d'Assas, tirant vers la grille du Jardin du Luxembourg côté rue Guynemer. 1944. André Bienvenu © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

C'est au matin du 25 août qu'est mise en place une stratégie d'attaque pour le Luxembourg. Interviennent d’une part les FFI avec le colonel Fabien et d’autre part la 2ᵉ DB sous l’autorité du capitaine Witasse. 200 hommes armés se postent autour du palais et le Luxembourg devient un lieu de combats. Les chars et véhicules blindés cernent alors le palais et ses dépendances. L'ordre de cessez-le-feu est donné à 16h30 mais les combats se poursuivent jusqu'à 18h30.

Libération de Paris - 25 août 1944 à 19h - Le colonel von Berg et ses troupes de la "Luftwaffe" arrêtés par les gendarmes et la police devant l'entrée du Sénat, palais du Luxembourg, 15 rue de Vaugirard, 6ᵉ arrondissement, Paris. André Bienvenu © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Le Luxembourg après la Libération

Cette journée d'affrontements a causé d'importantes destructions du palais et de son jardin. Même si l’architecte du Sénat, Marcel Macary, s’est mobilisé pour éviter le maximum de détérioration du site et de ses jardins, et ce dès l'occupation des lieux par les Allemands, le Luxembourg a subi des dégâts conséquents (travaux modifiant les circulations, changement des peintures et tentures, dégradations des intérieurs...).

La salle des conférences du Sénat après les combats et le départ des Allemands par André Bienvenu © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

L'aménagement intérieur du Sénat est remis dans son état d'origine, avant les modifications réalisées durant l'Occupation. Le jardin du Luxembourg va également revivre après la Libération. Très menacé lors des derniers affrontements, les tranchées et souterrains fortifiés sont rebouchés, et le jardin rouvre au public le 29 octobre 1944. Il redevient dès lors un lieu de calme et de flânerie pour les Parisiennes et les Parisiens.

Libération de Paris - 25 août 1944 - Drapeau Tricolore sur le dôme du Sénat libéré. André Bienvenu © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Sources :

Musée de la Résistance en ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/

Sénat : https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/d38/le-senat-entre-1940-et-1944.html

Levisse-Touzé Christine, Trouplin Vladimir, Paris Compagnon de la Libération, Mairie de Paris/Comité d’Histoire de la Ville de Paris, 2010.

Signature de l'acte de reddition

Le 25 août 1944 matin, le général von Choltitz, gouverneur allemand du Grand Paris occupé, se rend. Il est emmené à la Préfecture de Police où il signe la convention de reddition, en présence du général Leclerc, du général Chaban-Delmas, du colonel Rol-Tanguy, du préfet de police Luizet et du Résistant Maurice Kriegel-Valrimont.

25 août 1944 - Le général von Choltitz à la gare Montparnasse. SNCF © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Vers 16h, tous se rendent ensuite à la gare Montparnasse où le général Leclerc, entré dans Paris par la porte d’Orléans, a installé le matin même son QG. À l'époque, il s'agissait encore de l'ancienne gare, datant de 1859. Le général von Choltitz signe là des ordres de cessez-le-feu. Des officiers français, accompagnés d’officiers allemands faits prisonniers, sont chargés de les amener dans les points de résistance allemande.

L'ancienne gare Montparnasse © DHAAP

L'ancienne gare ayant été démolie en 1969, c'est aujourd'hui au 3 rue de l'Arrivée que vous pouvez apercevoir une plaque commémorant la signature des actes de reddition des places allemandes consacrant la Libération de Paris.

Elle indique : "Ici s'élevait la gare Montparnasse, où le 25 août 1944 à 17 heures, le général Leclerc, commandant la 2ᵉ DB a reçu du gouverneur militaire allemand von Choltitz l'acte de reddition consacrant la Libération de la capitale à l'armée française et au peuple de Paris. Cet acte a été également signé par le colonel Rol-Tanguy, commandant des FFI de la Région parisienne en présence du général Chaban-Delmas, du lieutenant-colonel de Guillebon, et de Maurice Kriegel-Valrimont."

Plaque commémorative © DAC-Comité d'Histoire de la Ville de Paris

L'arrivée du général de Gaulle

En cette journée du 25 août, à 17 heures, le général de Gaulle arrive à Paris. Il se rend à la gare Montparnasse, où il est accueilli par le général Leclerc et le colonel Rol-Tanguy. Chef du Gouvernement provisoire de la République, il se dirige au ministère de la guerre, rue Saint-Dominique, et convoque en premier lieu le préfet de police Luizet, et le Résistant Alexandre Parodi, son délégué général, qu'il a nommé depuis le 18 août ministre des territoires occupés. Alexandre Parodi accueille le chef du gouvernement provisoire à Paris le 25 août et est à ses côtés à l’Hôtel de Ville et le lendemain sur les Champs-Elysées.

Pendant ce temps, la 4ᵉ Division d’infanterie américaine, sous les ordres du général Barton, entrée dans Paris par la porte d’Italie vers 12h, traverse l’est de la capitale sous les acclamations des Parisiennes et des Parisiens.

Le général de Gaulle © Ville de Paris/Bibliothèque historique, 4-EPR-01017-1

Le défilé de la victoire

Le lendemain, 26 août 1944, dans l’après-midi, un grand défilé est organisé. À sa tête, le général de Gaulle entouré du général Leclerc, des membres du Gouvernement provisoire, des nouvelles autorités de la capitale, des généraux, des membres du Conseil National de la Résistance, forment un cortège depuis les Champs-Elysées jusqu'à la place de la Concorde. Puis le Général se rend brièvement à l’Hôtel de ville et enfin à Notre-Dame.

Défilé des troupes de l'armée Leclerc rue de Rivoli © Ville de Paris/Bibliothèque historique, 4-EPR-01016-2

Des millions de Parisiennes et de Parisiens, sur les trottoirs, sur les balcons ou sur les toits des Champs-Elysées, laissent éclater leur joie. Les drapeaux français et alliés viennent remplacer les symboles nazis sur les façades parisiennes. Les devantures des boutiques sont décorées et peintes aux couleurs françaises : bouquets de fleurs, bannières et banderoles... L'exaltation de la Libération envahit tout l'espace urbain, la ville est rendue à ses habitantes et à ses habitants.

AGIP, 1944 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris Bannière tricolore "Journée de la Libération de Paris"© Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin

Un signataire essentiel : le général Leclerc, libérateur de la capitale

Philippe Leclerc de Hauteclocque, né en 1902 à Belloy-Saint-Léonard près d'Amiens, est un militaire de carrière, sorti de l'école de Saint-Cyr. Il tient un rôle clef dans la Libération de Paris. Après avoir combattu pendant la guerre en 1939-1940, il ne peut supporter la défaite de l’armée française et rejoint en juillet 1940 le général de Gaulle, qui le charge de rallier à la France Libre les pays d'Afrique équatoriale dépendant alors de l'empire. Il remporte des victoires en Libye contre les Italiens, alliés aux Allemands. À partir du mois d'août 1943, le général Leclerc forme et commande la 2ᵉ DB, sous le commandement américain, qui libère Paris puis Strasbourg. Il signe l’acte de capitulation du général von Choltitz commandant allemand du Grand Paris. Il mènera le combat avec la 2ᵉ DB jusqu'à la capitulation de l’Allemagne. Par la suite, il poursuit sa carrière dans l'armée française et devient chef du corps expéditionnaire en Extrême-Orient. Il meurt dans un accident d'avion le 28 novembre 1947, alors qu'il est en mission en Afrique du Nord en tant qu'inspecteur général des forces terrestres. Leclerc est Compagnon de la Libération et sera élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume, en 1952.

Le général Leclerc lors de la Libération © Ville de Paris/Bibliothèque historique, 4-EPR-01017-3

Sources :

Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc – Musée Jean Moulin : https://www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr/

Levisse-Touzé Christine, Trouplin Vladimir, Paris Compagnon de la Libération, Mairie de Paris/Comité d’Histoire de la Ville de Paris, 2010.

Affiche de René Brantonne éditée par L'Avant-Garde, Le Journal des Jeunes, 1944 © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

Le PC de Rol-Tanguy

Ici se trouvait le poste de commandement (PC) du colonel Rol, de son véritable nom Henri-Tanguy, depuis lequel il a dirigé les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) de la Région parisienne (la Résistance militaire) pendant l'insurrection de Paris en août 1944.

Afin de se protéger des bombardements aériens, l'idée de créer des abris de défense passive dans Paris émerge dès 1935. Situé 20 mètres sous la place Denfert-Rochereau, cet abri était à l'origine destiné à accueillir les services de l'administration parisienne en cas d'attaque. Rol-Tanguy y installe l'état-major des FFI de la Région parisienne du 20 au 28 août 1944.

Notes rédigées par le colonel Henri Rol-Tanguy et portant sur la Libération de Paris envoyées à Pierre Bourget © Paris Musées/Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc - Musée Jean Moulin

Le Pavillon Ledoux

Cet abri se situe sous l'un des anciens pavillons d'octroi de la barrière d'Enfer, du mur des Fermiers Généraux. Construit en 1785, il s'agissait d'un mur d'enceinte fiscale qui marquait les limites de Paris. Sur 24 km de mur, l'enceinte était dotée de 55 pavillons d'octroi conçus par l'architecte Claude-Nicolas Ledoux et constituant les entrées de Paris. Ces pavillons servaient au paiement de l'impôt sur les marchandises entrant dans Paris. Quatre d'entre eux sont encore visibles aujourd'hui (outre les pavillons de la barrière d’Enfer, on peut admirer la rotonde du parc Monceau, celle de la Villette, et les colonnes de l’avenue du Trône, près de la place de la Nation).

Le PC de Rol-Tanguy, implanté en sous-sol du pavillon ouest, est désormais ouvert au public. Depuis 2019, il est accessible gratuitement depuis le Musée de la Libération de Paris-Musée du général Leclerc-Musée Jean Moulin aménagé dans le pavillon. L'exposition permanente vous permettra de découvrir l'histoire de l'Occupation et de la Libération de Paris, au travers du parcours de Jean Moulin, du général Leclerc et des témoignages de Résistants. Des expériences numériques sont proposées pour le jeune public et les adultes. La réhabilitation du pavillon d'Enfer pour y accueillir le Musée de la Libération a été confiée à l'architecte en chef des Monuments Historiques Christophe Batard (agence Artène) et la scénographie à Marianne Klapisch (agence Klapisch-Claisse).

L'ancien pavillon d'octroi en 1922 © Edouard Desprez / DHAAP

Henri Rol-Tanguy

Henri Rol-Tanguy est né le 12 juin 1908 à Morlaix dans le Finistère. Ouvrier métallurgiste, il milite comme syndicaliste communiste. Durant la guerre, il s'engage dans la Résistance avec sa femme Cécile Le Bihan. En tant que chef des Forces Françaises de l'Intérieur de la région parisienne, il dirige les étapes de l'insurrection lors de la Libération de Paris. Après une carrière militaire, le colonel Rol-Tanguy meurt le 8 septembre 2002 à Paris. Il est Compagnon de la Libération.

Portrait du colonel Henri Rol-Tanguy. Otto et Pirou. 1944 © Paris Musées/Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Sources :

Musée de la Libération de Paris – Musée du général Leclerc – Musée Jean Moulin : https://www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr/

Levisse-Touzé Christine, Trouplin Vladimir, Paris Compagnon de la Libération, Mairie de Paris/Comité d’Histoire de la Ville de Paris, 2010.