Les fermes du plateau de Saclay
Patrimoines, pratiques et paysages agricoles sur le plateau de Saclay
Le plateau de Saclay est une région agricole très particulière : sa géologie exceptionnelle et les ambitions d’un roi en ont fait la terre la plus fertile de France, à 20 kilomètres de Paris. Le pouvoir central en fait sa chasse gardée, de Louis XIV à la Vème République. Au cœur du plateau, l’agriculture est toujours vivante et active depuis plus de mille ans. Les fermes historiques et les nouvelles installations maraîchères en témoignent. Cette balade explore le plateau de Saclay à travers quatre fermes. Toutes différentes dans leurs pratiques et leur histoire, elles ont en commun la fabrique d’un paysage d'exception.
Aperçu du parcours
Vallon de Saint Marc
Traversée des coteaux boisés qui délimitent le plateau (c)Martin Argyroglo
La formation d’un plateau
Le plateau de Saclay est une formation géologique composée de meulières, d’argiles et en surface de limons. Il est délimité par les vallées boisées de la Bièvre et de la Mérantaise.
Ancien marais peu propice à l’agriculture, il est drainé par les ingénieurs de Louis XIV pour le rendre cultivable et alimenter le parc de Versailles en eau. Près de 60 kilomètres de rigoles collectent les eaux des champs par des tuyaux en céramique et les déversent dans les étangs artificiels de Saclay et d’Orsigny, où l’on régulait le débit pour alimenter l’aqueduc de Buc.
Aujourd’hui, le système fonctionne toujours avec des tuyaux vieux de 350 ans. Les étangs se déversent désormais dans la Bièvre via le ru de Saint-Marc, affluent que nous traversons actuellement.
Vallon de Saint Marc
Traversée des coteaux boisés qui délimitent le plateau (c)Martin Argyroglo
La formation d’un plateau
Le plateau de Saclay est une formation géologique composée de meulières, d’argiles et en surface de limons. Il est délimité par les vallées boisées de la Bièvre et de la Mérantaise.
Ancien marais peu propice à l’agriculture, il est drainé par les ingénieurs de Louis XIV pour le rendre cultivable et alimenter le parc de Versailles en eau. Près de 60 kilomètres de rigoles collectent les eaux des champs par des tuyaux en céramique et les déversent dans les étangs artificiels de Saclay et d’Orsigny, où l’on régulait le débit pour alimenter l’aqueduc de Buc.
Aujourd’hui, le système fonctionne toujours avec des tuyaux vieux de 350 ans. Les étangs se déversent désormais dans la Bièvre via le ru de Saint-Marc, affluent que nous traversons actuellement.
Petit Viltain et marché de la ferme de Viltain
La ferme actuelle, avec à droite la fromagerie et à gauche le marché (c)Martin Argyroglo
Une ferme cistercienne et une ferme moderne/technologique
Nous arrivons sur le plateau par le petit Viltain qui désigne aujourd'hui, un ancien corps de ferme et l'exploitation actuelle. L'ancienne ferme fondée au XIIème siècle par les moines cisterciens de Saint-Germain-des-Prés est aujourd’hui, un lieu d’habitation. Vers 1840, on y découvre une “Diège”, une vierge à l’enfant datant du XIIIème siècle. Emmurée à la Révolution pour la protéger des pillages, elle est restaurée par Viollet-le-Duc puis confiée à l’église de Jouy-en-Josas, où elle trône encore.
La ferme de Viltain dans son ensemble se démarque par ses multiples activités agricoles : élevage laitier, cueillette, grandes cultures, mais aussi par ses installations. Monsieur Dupré a souhaité que le marché de la ferme reprennent les codes architecturaux des halles médiévales. Son architecte Christian Rey-Grange s'inspire de la halle de Milly-la-Forêt. Le bâtiment sera inauguré en 1992.
Ferme du grand Viltain
(c)Martin Argyroglo
Une ferme sur cour remarquable
Le grand Viltain est le lieu de gestion de l'exploitation agricole de la famille Dupré, installée depuis les années 1950. C’est un regroupement de plusieurs propriétés, organisé autour d’une cour carrée. Au centre, se trouve la maison d’habitation. Ancien relais de chasse de Louis XIV, elle abrite encore aujourd'hui une cheminée de cette époque. Mais le bâtiment que nous observons aujourd'hui, daterai de la première moitié du XVIIIe siècle. Il est flanqué de part est d'autre de bâtiments plus bas construits en brique. À gauche se trouvaient les habitations des ouvriers agricoles, une salle commune et la cuisine. À droite, il y avaient un grenier à avoine et les écuries, encore reconnaissables à leur double porte. Sur l'aile gauche, l'étable et son grenier à foin sont tour à tour devenus atelier mécanique puis bureaux de la ferme. La plupart des bâtiments ont été remaniés au début du XIXème siècle.
L’appentis attenant à la maison du gardien (fin XIXe, début XXe siècle), abrite une ancienne forge. Complémentaire à l'atelier mécanique, elle a été un temps indispensable à l'autonomie des exploitants pour pouvoir réparer les différents outils agricoles.
Entre autres bâtiments, on remarquera aussi une grange de 1882, dont la charpente en demi-cercle utilise une technique très innovante pour l’époque : le lamellé-étrier, ancêtre du lamellé-collé. Grâce à de petites sections de bois, elle permet d’économiser de la ressource et de franchir de très grandes portées sans recourir à des arbres immenses. Face au grand Viltain commence un paysage caractéristique du plateau de Saclay : horizons dégagés par les grandes cultures et lisières boisées. Mais on peut aisément dire que ce paysage n'a pas toujours été. Tantôt entourée par des vergers et des vignes, tantôt spécialisée dans l'élevage de chevaux, la ferme de Viltain continue de façonner le paysage au grés de ses pratiques agricoles.
Rigole Royale et Étang d’Orsigny
(c)Martin Argyroglo
L’eau travaillée par l’Homme
Sur votre droite, derrière une épaisse frange boisée se trouve les étangs d'Orsigny. Inaccessibles, ces terrains militaires sont gérés par le SIAVB (Le Syndicat Intercommunal pour l'Assainissement de la Vallée de la Bièvre). Une photo vous permet d’imaginer l'ambiance mystérieuse qui se dégage de ces étangs centenaires.
À la construction du château de Versailles, on imagine ce complexe système hydraulique de drains, de rigoles et d’étangs pour acheminer l’eau vers le château via l’aqueduc de Buc. Les rigoles du plateau récupèrent l’eau des champs pour la conduire dans les étangs de Saclay et d’Orsigny.
L’agriculture existait déjà, mais ces gigantesques travaux de la fin du XVIIème siècle changent le paysage en rendant possible la mise en culture de 150 hectares autour d’Orsigny.
L’étang d’Orsigny est donc artificiel : ouvrages maçonnés, vannes et regards en attestent. Le réseau de drains est à l’abandon depuis 1950 mais l’Association des Étangs et Rigoles du Plateau de Saclay se bat pour sa préservation et la réalimentation potentielle des fontaines de Versailles qui fonctionnent aujourd’hui en circuit fermé.
Ferme d’Orsigny
(c)Martin Argyroglo
Une ferme millénaire toujours active
La ferme d’Orsigny est emblématique des grandes fermes du plateau de Saclay. C’est une des plus anciennes : des traces gallo-romaines et celtes y ont été retrouvées. À l'origine hameau de plusieurs habitations, la première ferme aurait été fondée entre le XIe et XIIIe siècle par les moines de Saint-Germain-des-Prés.
Saint-Vincent de Paul et la communauté des lazaristes s’y installent en 1644 puis sont expropriés en 1789. De cette époque subsistent des éléments caractéristiques : le logis et sa tour (certainement reconstruite au XIXeme siècle) ainsi qu'un double portail. A l'origine tenus par un mur, ces portes charretières et piétonnes sont en grès ébrasé en direction de la maison d'habitation, facilitant ainsi le regard vers l’extérieur de la ferme.
Les deux parties d’Orsigny sont réunies au XIXème siècle pour former une très grande ferme à deux cours. C'est à cette époque que le colombier est détruit afin d'être remplacé par un nouveau bâtiment accueillant une distillerie à betterave. De nos jours c’est une exploitation céréalière bio de 220 hectares.
Les 4500 m2 de surface bâtie, dont les plus anciennes constructions remontent au XVIIème siècle, témoignent de l’évolution des pratiques agricoles : porcherie, grange, maisons d’habitation.... Aujourd’hui, c’est un défi pour l’agriculteur d’adapter ce patrimoine à l’agriculture contemporaine.
Nouveau chemin de Toussus à Orsigny
(c)Martin Argyroglo
Le paysage ouvert du plateau
Les paysages du plateau de Saclay ont été dessinés par les besoins de l’homme et de l’agriculture : horizon dégagé par les cultures et les pâturages, alignements d'arbres pour signifier les abords de fermes, vergers… Le remembrement post seconde guerre mondiale a probablement renforcé cette ouverture en augmentant significativement la taille des parcelles et faisant diminuer le nombre de propriétaires et d’exploitants. Il reste à Saclay quelques bosquets et lisières, notamment en fond d’horizon, là où les coteaux boisés montent sur le plateau.
Aujourd’hui, le paysage continue d’évoluer avec la plantation de haies par l’association Terre & Cité pour favoriser la biodiversité et fermer des couloirs de vent, tout en étant très attentif à préserver les caractéristiques paysagères du plateau.
Ferme du Trou-Salé
(c)Martin Argyroglo
Le domaine royal de Versailles
La ferme du Trou-Salé est habitée par son exploitant. Elle s’est constituée autour d'une ancienne porte du domaine royal de Louis XIV classée Monument Historique. Proche de Versailles, le parc de chasse à usage exclusif du Roi débordait largement de celui du château. La Monarchie s’est appropriée le plateau de Saclay pour l’eau et la chasse. Plus récemment, c’est l'État par une Opération d'Intérêt National qui y installe terrains militaires et clusters de recherche.
Les bâtiments historiques du Trou-Salé sont aujourd’hui majoritairement destinés au logement. En effet, l’évolution des pratiques et la taille des outils de production ne correspondent plus aux volumes du bâti ancien. C’est ce qui justifie en 2008 la construction du nouveau hangar en bardage bois devant lequel nous passons.
Ferme de Simon
(c)Martin Argyroglo
Le futur des fermes abandonnées
La ferme de la Croix Blanche, dite aussi ferme de Simon, est une ancienne installation agricole composée de plusieurs petits bâtiments, aujourd’hui inexploités. Elle est coincée entre l’aérodrome de Toussus-le-Noble, le haras des Côtes et la route départementale 938.
Son avenir interroge. Elle ne pourra pas devenir une ferme maraîchère du jour au lendemain. Ayant servi de décharge sauvage, elle est encore encombrée de déchets qu’il faudra évacuer, pour ensuite dépolluer le sol, pour un coût estimé à environ 1 million d’euros. Ces grands travaux ne garantissent ni une dépollution suffisamment efficace pour y faire pousser des légumes, ni que l’opération sera rentable à long terme. Ces sols pourront-ils redevenir nourriciers, ou bien devront-ils évoluer en espace naturel ?
Electriox city
(c)Martin Argyroglo
Une ferme devenue usine
L’ancienne ferme de la porte des Loges semble avoir disparu. Cependant, l’œil attentif repérera un beau mur en meulière côté rue, et dans son prolongement, un corps de ferme transformé en hangar. Il reste trois des quatre bâtiments d’origine, organisés autour d’une cour dont on peut aujourd’hui imaginer les dimensions.
Rattrapée par la ville et la zone d’activité des Loges-en-Josas, la ferme a longtemps été abandonnée avant d’être récupérée pour des activités industrielles. Elle abrite aujourd’hui une activité d’électricien. En fond de parcelle, deux bâtiments sont encore à l’abandon : une des longères qui fermait la cour, ainsi qu’un pavillon de chasse de Louis XIV, qui marque une des limites du domaine de chasse royal. Ils vont tous les deux être intégrés à un projet d’hôtel.
Ferme des Loges
(c)Martin Argyroglo
Créer une ferme aujourd’hui
Les nouveaux maraîchers de la ferme des Loges s’installent en 2022 sur cette friche communale de deux hectares. Leur volonté : implanter du maraîchage sur sol vivant au plus près de la ville. L’architecte Damien Lemaire conçoit le bâtiment de la ferme en s'appuyant sur les contraintes des maraîchers, de la commune et du site classé de la vallée de la Bièvre.
Ici le maraîchage nécessite un bâtiment d’une surface de 320m2 pour stocker, conditionner et plus tard, transformer. Le terrain est soumis à un aléa de retrait et gonflement des argiles contraignant la construction. Pour stabiliser les fondations, l’architecte a posé une dalle béton sur un vide sanitaire pour que le passage de l’air assèche l’argile et la rende moins meuble. La ferme a transformé l’entrée de ville ouest de la commune.
Accéder au au parcours
RER
Départ : RER C - Gare de Jouy-en-Josas
Arrivée : RER C - Gare de Petit-Jouy-Les-Loges